Le résumé me promettait une intrigue explosive (sans jeu de mot) et un tueur particulièrement inventif sur le deuxième paragraphe et j'allais faire la rencontre de la mafia albanaise, qui m'avait déjà interpellée dans d'autres casse-croûtes. La couverture mystérieuse me faisait envie, je ne connaissais pas encore la plume de
Nicolas Feuz, que de raisons d'acheter
le miroir des âmes !
Comme promis, le premier chapitre vous embarque et vous avertit d'entrée : mieux vaut circuler avec un sac pour y rendre votre bile, car voyez-vous, les scènes d'hémoglobine sont… nombreuses. Et ont le sens du détail ! Voilà des premières pages qui annonçaient la couleur : le Vénitien, un tueur expérimenté dans son « art », exécute ses victimes d'une manière à vous en faire pâlir de dégoût.
L'écriture est simple et efficace, dans le sens où les phrases courtes s'enchaînent pour donner un rythme qui se veut haché, tranchant comme le verre, le tout sur la forme de chapitres désespérément courts eux aussi, découpés selon plusieurs points de vue. La supercherie fonctionnera sur une bonne moitié du roman : la dynamique et la tension ne manquent pas. Grâce à cette écriture acérée, les frictions entre la police et la Justice nous sont bien expliquées, l'occasion pour nous d'approfondir un sujet que l'on connaît peu et qui fait pourtant partie de notre système. On comprend un peu mieux pourquoi notre Justice traîne tant, avec de telles tensions permanentes. Bonne immersion aussi dans la prostitution, où l'on regrette sévèrement d'avoir mis les pieds quand des scènes glaçantes apparaissent sauvagement.
Jusqu'à… la désillusion. Qu'il s'agisse de la police, du juge et de son assistante ou des magouilles de la politique, il n'y a aucune sympathie ou empathie pour les personnages, aucune ! Ni même pour Alba, ou Flavie. Ces deux-là, vraiment, ce qui les concerne est gros comme une maison, inintéressant au possible. S'il y avait eu des étincelles, quelque chose… mais même là, rien. L'intrigue ? Je cherche durant toute la lecture où l'auteur veut en venir, pour me retrouver face à un dernier bout de roman qui ressemble à une farce, malheureusement.
J'ai adoré, ADORÉ, cette lecture jusqu'aux trois-quarts du roman, malgré le manque de sympathie pour la joyeuse troupe d'imbéciles rencontrée. Et le dernier quart a fini par me faire rouler des yeux et me demander pourquoi, POURQUOI DONC, cette intrigue avait pris une direction aussi peu crédible, aussi risible ? Toutes les révélations arrivent comme un cheveu sur la soupe et démolissent des scènes entières écrites dans l'intention de tromper le lecteur. Et l'identité du Vénitien, peut-on seulement en parler ?
Non, vraiment, non. Je suis réellement dégoûtée parce que le roman me plaisait, et la fin a tout gâché. Pourtant, l'auteur a une écriture qui mérite le coup d'oeil, ses personnages ont du potentiel certainement, mais ce dernier quart ridicule, non. Une fin pas convaincante pour un sou et qui gâche mon ressenti général sur
le miroir des âmes. Moi qui croyais atteindre un presque coup de coeur, voilà que je tombe sur un coup de poignard aiguisé.
J'ai encore
Horrora borealis dans ma Pile À Lire, je compte bien le sortir et le lire malgré cette première rencontre un peu désastreuse avec
Nicolas Feuz. Je veux lui redonner une chance, ça serait dommage de nous quitter comme ça. En dépit de cette chronique qui est bien négative, je vous invite à vous faire votre propre avis : ce qui ne plaît pas aux uns trouvera forcément son bonheur chez d'autres.
Lien :
https://saveurlitteraire.wor..