Mon conseil : Âmes sensibles s'abstenir, pour les autres, succombez à la tentation
Si vous êtes une petite nature, je vous conseille avant d'emprunter ou d'acheter ce roman de lire le premier chapitre. Si vous y survivez, c'est que vous pourrez supporter les deux ou trois autres scènes du même genre qui suivront. Si non, ben je vous encourage de vous endurcir rapidement car vous risquez alors de passer à côté d'un excellent thriller. Car oui, après le choc qu'a été pour moi en début d'année "
Horrora Borealis" (oui ! je sais, je me répète mais c'est pour ceux qui n'auraient pas encore compris qu'on ne peut pas mourir avant d'avoir lu ce roman),
Nicolas Feuz récidive et, en matière d'imagination et de scènes bien sanglantes et bien glauques, sachez qu'il en a encore sous le coude.
Le contexte de départ nous parle, hélas, à tous : un attentat à la bombe en plein coeur de Neuchâtel, un procureur devenu amnésique suite à cet événement et qui semblait être sur un dossier tout aussi explosif. En ayant recours à ce stratagème,
Nicolas Feuz entremêle alors trois enquêtes avec lesquelles le procureur Norbert Jemsen va devoir se colleter, malgré une mémoire devenue défaillante : celle de l'attentat, celle sur le Vénitien et celle sur son passé. Mais est-il vraiment en mesure de relever ce défi ? Son incapacité à recouvrer ses souvenirs est-il le seul obstacle pour découvrir la vérité, car toutes les personnes qu'ils croisent semblent lui cacher pas mal de choses ? Même ses alliées que sont sa fidèle et dévouée greffière, Flavie Keller, et Alba, la fille de joie, semblent se méfier de lui. La réussite de
Nicolas Feuz repose sur l'art de dévoiler pierre après pierre la terrible vérité dont personne (même pas les personnages) n'est conscient et qui, pourtant, se dévoile implacablement au grand jour, tout au long du roman. Et le comble, c'est que cette forme de sadisme narratif, nous, lecteurs, y prenons goût, en voyeurs consentants se demandant si l'auteur sera encore capable d'imaginer une scène de torture pire que la précédente. Vous avez dit bizarre ! Je répondrai simplement que l'être humain (et plus particulièrement quand il est lecteur de thrillers) est ainsi fait ! Plus c'est gore et plus on en demande, tout en espérant quand même, pour racheter nos fautes, que le gentil gagnera (mais pas tous les gentils quand même, parce qu'il ne faut pas trop pousser). En cela,
Nicolas Feuz répond totalement à nos attentes.
Autre élément caractéristique qui est une marque de fabrique de l'auteur : sa capacité à écorner son propre milieu professionnel. Ainsi, le procureur, avant l'attentat, n'était pas un enfant de choeur et pouvait se montrer particulièrement dur et inhumain pour atteindre ses objectifs ; les flics, quant à eux, retrouvent ici leur franc-parler et leur quota de ripoux ; et tout cela doit travailler ensemble, tout en se détestant royalement. Bonjour l'ambiance ! En gros,
Nicolas Feuz ne fait de cadeau à personne et, personnellement, j'adore cela !
Ma chouchoute à moi
Mon petit coeur a battu pour le personnage de la greffière, Flavie Keller, qu'on sent au début du roman complètement effacée et perdue (vous comprendrez rapidement pourquoi) et qui, peu à peu, va gagner en assurance, s'affirmer et, surtout, se trouver « sentimentalement » parlant. C'est, pour moi, un personnage particulièrement attachant et son « patron » sera le premier à s'en rendre compte.
Au final, si vous ne connaissez pas encore
Nicolas Feuz, bougez-vous vraiment parce que c'est, sans aucun doute, un grand du thriller contemporain. Un style d'une efficacité rare, une écriture quasi cinématographique, ce qui fait que vous ne pouvez plus lâcher ses romans une fois ouverts, des personnages forts qui contribuent tous pleinement à l'intrigue… En somme, un auteur à suivre absolument. Et, s'il faut encore un argument pour vous convaincre, sachez que je ne tarderai pas, pour ma part, à me procurer son dernier roman paru cette année, "
L'Ombre du renard", car je sens déjà le manque me gagner.
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