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sur 709 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quitter la ville et ses immeubles à perte de vue pour un lopin de terre et une cabane rudimentaire dans l'arrière-pays du Kamouraska, c'est exactement ce qu'a fait Gabrielle Filteau-Chiba et en prime, elle s'en inspire pour écrire Encabanée. Disponible à partir d'aujourd'hui en format poche aux éditions Folio, ce premier tome d'une série de trois livres esquisse avec brio un cri du coeur contre un laisser-aller écologique désastreux.

Anouk a tout lâché. de sa vie à Montréal elle n'en garde que quelques effets, le strict nécessaire. Dans la région du Kamouraska, là où elle décide de s'installer, rien n'est facile. La température chute à -40°C, il faut casser la glace de la rivière pour récupérer de l'eau, laisser le poêle à bois constamment allumé et surtout s'adapter à la solitude des longs mois d'hiver. Un nouveau départ mental qui sera bientôt ébranlé par une rencontre pour le moins inattendue.

Lorsque l'on observe le profil dignement engagé de Gabrielle Filteau-Chiba, le message d'Encabanée n'étonne guère. Il s'inscrit dans la lignée des romans québécois prônant une forme d'autarcie, souvenir des Premières Nations et hommage certain à leur ancienne vie nomade. Ils sont nombreux à l'écrire et à l'imaginer mais l'auteure montréalaise l'a expérimenté en 2013, vivant ainsi la difficulté d'un hiver éclairé aux lueurs boréales.

Derrière cette chaumière tout droit sortie d'un conte d'Andersen en moins cosy se dresse le portrait d'Anouk, personnage usé et dégouté par le modernisme ambiant, le goût amer des révolutions technologiques au détriment d'une nature préservée. Une âpreté qu'elle noie au même titre que sa solitude dans les effluves de Marie-Jeanne. Cette femme est délirante, intense, parfois fataliste mais définitivement autonome, osant se désolidariser d'une société qui ne lui sied pas.

Difficile alors de ne pas percevoir un discours féministe sous ce portrait, compliqué également de ne pas y voir l'engagement écologique à plusieurs reprises et c'est peut-être ce que l'on a envie de trouver, consciemment ou inconsciemment, dans un roman de Gabrielle Filteau-Chiba. L'envie même de se conforter dans ses propres idées à travers une rhétorique bien amenée ou se laisser surprendre par un autre reflet du monde.

Sous la plume envoutante de l'auteure québécoise, la nature se dessine à l'état brut, belle, dangereuse et indomptable comme son personnage. Il y a dans ce texte une hiérarchie des corps et des éléments où elle évolue en maître tandis que l'humain sait l'écouter et s'y soumettre comme un retour rêvé au règne de Saturne, une utopie vite essoufflée par la discorde humaine.
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Ce premier roman est un voyage au coeur des forêts glacées du Kamouraska au Canada tout autant qu'aux tréfonds de l'âme de la narratrice. Son cri de détresse appelle à quitter les villes, à s'éloigner de leur pollution, à éviter leur bruit, à s'isoler de leur population agressive et qui a fini par devenir plus animale que les bêtes qui rôdent autour de la cabane où elle s'installe. Sa solution : le féminisme rural. Vivre seule, dans les bois, instaurer des rituels, réapprendre à vivre avec la nature.

Le combat est permanent pour trouver de l'eau, s'alimenter, couper du bois, etc. mais les dessins et le ton poétique de ce texte qui oscille entre roman et journal intime révèlent tout l'amour que Gabrielle Filteau-Chiba porte à son environnement et à ses semblables qui sont finalement surtout responsables d'avoir oublié qu'ils s'insèrent dans un tout qui les dépasse. J'ai été très touchée par ce discours et en particulier par le témoignage qu'elle livre à propos de ce que veut dire être une #femme aujourd'hui.

"Encabanée" est un texte sublime qui parle d'amour, de liberté, de nature, et de sensualité et qui demande que chacun reconnaisse sa responsabilité (plus que sa culpabilité) dans les maux infligés à notre planète. Il interroge aussi les moyens d'action pour encourager les prises de conscience sur les questions de biodiversité et de bien-être animal : faut-il privilégier les actions brutales, au risque de n'entraîner qu'un changement de court terme, ou la pédagogie, au risque de ne pas capter l'attention ? La plume de l'écrivaine, tantôt douce et tantôt acérée, porte en tous cas un message clair qui, je l'espère, résonnera en chacun et chacune de nous.

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Amoureux de la nature, des grands espaces et de l'hiver Québécois, foncez !
Quel bonheur que de se retrouver au milieu de nul part, entouré par quelques mètres de neige ! Connaissant bien le Quebec et ses hivers, après quelques voyages et un amour fou pour cette province, je n'ai eu aucun mal à me projeter dans cette cabane avec Anouk. Des images par centaines sont revenues à ma mémoire. Et forcément j'ai envié Anouk pour l'environnement quel apprivoise et qui l'entoure, je l'ai envié pour sa force et son courage, pour son chemin intérieur, son introspection.
On a tous envie d'être Anouk, peut-être l'est t-on tous un peu … mais pas suffisamment !

On navigue entre détresse, autodérision et amour de la nature. C'est cash, c'est rapide, vivant et en même temps, on ralenti, on se pose et on observe la nature avec le regard singulier de l'auteur.

Ce roman est à la fois engagé et poétique pour défendre la nature sauvage du Québec, de plus en plus menacée par le capitalisme.

Quel bonheur que ce récit, on en redemande ! Et ça tombe plutôt bien puisque Encabanée est le premier tome d'un triptyque qui s'est poursuivi avec Sauvagines (2020) et Bivouac (2021).

Passionnant ! ♥️
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Toujours Gabrielle Filteau-Chiba, son premier roman, avant "Sauvagines" et "Bivouac ". C'est beau, sauvage, écrit d'une plume poétique. Il faut subsister, seule en pleine nature dans le Kamouraska, et attendre les surprises, les bonnes, et les mauvaises...
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J'ai découvert cette écrivaine par son dernier ouvrage "bivouacS" et j'ai adoré son écriture, son amour de la nature et des vivants, sa liberté de penser et ses engagement militants.
En me plongeant dans son premier roman "encabanée", petit roman qui se lit d'une traite on découvre un des personnages de "bivouacs" dans une partie de sa vie qui va lui révéler que ses choix sont ceux qu'il fallait prendre pour ses débarasser des scories du passé et du monde pollué et pourri que la capitalisme à créer au détriment de la nature et des vivants.
Magnifique écriture et surtout magnifique dialogue interne qui ressurgit sous cette plume acérée.
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Lire Encabanée, c'est prendre un grand souffle d'air glacé et revigorant, s'offrir une réinitialisation de notre mode de fonctionnement et se permettre de repenser nos valeurs !

On se laisse instantanément charmer par son franc-parler, enrobé par la beauté de la langue canadienne. Dans ce journal intime, on découvre une jeune femme fuyant un monde gouverné par l'argent, la lourdeur des conventions sociales et la frénésie des quotidiens. Tout abandonner pour une vie rudimentaire dans une cabane au fond des bois ! le silence, la fin des injonctions de la société... mais aussi accepter le défi d'être pleinement acteur de sa vie en se soumettant au rythme de la nature avec l'obligation de sortir de la léthargie abrutissante qui nous submerge (il ne faut pas avoir peur de manier la hache^^). Sans oublier le meilleur : s'émerveiller de la beauté du monde, et se découvrir des capacités insoupçonnées pour faire face à l'adversité ! Ressortir grandi, plus vivant et plus fort !

Ce petit récit, distrayant et fort bien tourné, se lit d'une traite, et se savoure intensément. Un beau plaidoyer pour l'écologie. On pioche des conseils, on se laisse prendre par l'humour de la narratrice, et par ses choix un peu fous, parfois savoureux, et riches en enseignements !

Ostie, cet acte de s'encabaner extrémiste nous semblerait presque une bonne idée ! Une piqure de rappel essentielle de ce que la société actuelle nous empêche de voir, de saisir et de ressentir, brouillés que nous sommes par la société de consommation et la vie facile, ou par le rythme intense qui nous force à courir du matin jusqu'au soir, avec des cerveaux en lambeaux.

Si ce récit nous touche autant, c'est aussi parce qu'il est inspiré de la vie de son auteur. Et si se retirer du monde dans des conditions de vie spartiates n'est pas à la portée de tout le monde, on peut également s'approprier cette histoire comme une fable et s'en inspirer pour gagner en vigilance dans notre propre vie. Un récit comme un petit coup de fouet, qui nous donne l'impulsion pour s'engager nous aussi, envers nous -même de prime abord - pour se sentir légitime dans notre propre vie - mais aussi envers la société, pour ne pas laisser ce monde tomber en déliquescence sans avoir tout donné pour le changer.

Alors pour tout cela, mais aussi pour le simple plaisir de se déconnecter, laissez-vous tenter par cet intermède québecois ! Bonne lecture !
Lien : https://auxpetitespepites.bl..
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Un court livre lu d'une traite : quasi impossible à poser.
L'héroïne décide de plaquer sa vie montréalaise pour habiter une cabane au fond des bois en plein hiver. Elle abandonne son « char », ou voiture comme on dit ici, devant chez elle sachant qu'elle ne pourra pas s'en resservir de sitôt. La neige et la glace recouvrent rapidement son véhicule.
Difficile d'être seule dans une cabane par des températures de « moins quarante degrés », Anouk tente de résister.
L'écriture poétique des premières pages évolue vers un ton plus sec et incisif lorsque la tension monte. le glossaire inséré en fin de livre aide le lecteur non québécois. J'ai beaucoup aimé l'ambiance parfaitement restituée.
Au travers de ce court roman, l'auteure nous entraîne dans une réflexion sur les choix de vie et la préservation de notre planète. Anouk grandit avec cette expérience et nous, lecteurs, partageons son apprentissage de ces nouvelles valeurs.
Un roman que je vous recommande chaudement.
Lien : https://www.despagesetdesile..
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Inspiré de faits réels « Encabanée » est un récit naturaliste, sociétal, percutant.
Encabanée, emprisonnée, volontaire et aguerrie aux vents contraires et aux signes indéfectibles. Elle est ici, dans les bois du Kamouraska qui dévoilent subrepticement l'éclatante ivresse d'une liberté sans faille aucune.
Anouk, jeune femme double de Gabrielle Filteau-Chiba, déterminée, avide d'espace, qui se terre tel un animal blessé dans une cabane à mille mille de toutes terres habitées. Dans le sombre sauvage où les bélugas naissent, promesse pavlovienne et rassurante. Anouk affronte les épreuves, interpelle la renaissance en advenir. L'écologie en porte-voix, elle est un peu la rivale de Diogène. Obnubilée par le spartiate, l'essentialisme, Anouk est l'as de coeur de l'exemplarité. Anti-mondialiste, guerrière engagée, quelques livres pour tenir et sa « Marie-Jeanne » pour alliée. Indépendante, volontaire, sous sa carapace, l'écueil des souffrances. Elle est femme avant tout avec ses fragilités, meurtrissures sur ses doigts gelés par le froid vif.
« Incarner la femme au foyer au sein d'une forêt glaciale demeure, pour moi, l'acte le plus féministe que je puisse commettre, car c'est suivre mon instinct de femelle et me dessiner dans la neige et l'encre les étapes de mon affranchissement. »
Anouk s'instaure des rituels. Affronter les affres, la sauvagerie d'un lieu où l'homme n'a aucune prise, le Rocher de Sisyphe en quelque sorte. Se méfier d'elle même, des prises sur le monde, braises encore chaudes. Régler ses jours en autarcie, au cordeau. Une seule erreur serait fatale, piège abyssal dans les nuits glacées. Les coyotes rôdent. le temps est le maître. Elle est vulnérable et pourtant si tenace. Que va-t-il se passer ? Rejoindre la terre ferme des rencontres hasardeuses. Un hiver dans une cabane exutoire du Bas-Saint-Laurent, chapelle frigorifiée, gerçures sur les mains, le corps recroquevillé. Elle, la révoltée, l'engagée, le Québec devenu sa bataille à la vie à la mort.
« Encabanée » est une prise de conscience. La trame de neige et de rudesse est l'enchantement des résistances. « Encabanée » est l'échappée dans l'immensité et l'initiation à la vie. Magistral. En lice pour le prix Hors Concours des Éditions indépendantes. Publié par les majeures Éditions le Mot et le reste.

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une petite pause boréale, réfrigérante et hors du temps !
Il en faut dans la vie, des pauses récréatives, pour les lecteurs comme pour les auteurs !
C'est ce que j'ai fait, c'est ce que l'auteure a fait !
Laisser sa vie à Montréal pour un temps de repos, dans le froid glacial de Kamouraska, se heurter à la vie invivable sans chauffage, sans nourriture ou presque, renouer avec ses racines en coupant du bois, se blesser et trouver dans la nature de quoi se soigner, Anouk l'a fait.

Se nourrir de poésies, de romans entassés et jamais lus dans des soirées sans fin, boire du thé et fumer, ouvrir sa porte à un inconnu peut etre dangereux, Anouk l'a fait.

Faire l'amour avec lui rien qu'une nuit car fugitif il est et il fuit !

Partager son opinion, et vouloir sauver la planète
commettre des attentats non mortels mais dérangeants, alerter les hommes des dégâts irréparables, Riopelle l'a fait !
Un beau livre, fort et calme à la fois. A partager
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. Quitter le confort montréalais pour « s'encabaner » dans une cabane rudimentaire et rustique au Kamouraska, région du Bas-Saint Laurent où naissent les bélugas.
.
. Dans ce journal de bord, qui m'a fait penser à Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson ou encore à Walden de Thoreau, Anouk (l'alter ego de l'auteure) éloignée de tout, tente de survivre seule dans cet hiver glacial. Nous suivons son cheminement et son adaptation: surveiller le poêle à bois au point de devenir insomniaque pour ne pas mourir de froid, se connecter fort à la nature, écouter les coyotes, faire des listes…
.
. Un huis-clos où au milieu des bois elle essaie de se détacher de sa vie d'avant et de renouer avec ses valeurs. Un roman en deux parties, vie dans les bois et message politique.
.
. Comment vous dire à quel point j'ai dévoré ce court texte de 120 pages, ce texte « nature writing » qui me parle tant, cette expérience que je fantasme de vivre. Cet activisme écologique, cette langue québécoise poétique, cette écriture réaliste ainsi que toutes les descriptions m'ont transportée.
.
. Une quête de sens au creux de soi, un roman d'apprentissage pour adulte.
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