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Cécile Coulon (Autre)
EAN : 9791027803606
122 pages
Le Castor Astral (07/03/2024)
4.27/5   15 notes
Résumé :
Pendant huit ans, l'autrice a vécu seule dans une cabane au cœur de la forêt québécoise. Dans ces poèmes, répartis en quatre saisons, elle raconte son apprentissage des dangers de la nature et son adaptation progressive.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique

Je n'ai pas lu " Encabanée", roman de l'auteure canadienne qui a été beaucoup chroniqué sur Babelio. Ce recueil de poèmes, après lecture, en est un écho. En effet, les textes ont été écrits durant la période où Gabrielle Filteau-Chiba s'est retirée dans une cabane, au fond de la forêt.

de nombreux sentiments liés à l'isolement et à la rebellion contre la destruction de l'éco-système s'expriment ici: peur, colère, amour de la nature. Une quête intime s'écrit, se livre à travers les mots. Les quatre saisons s'écoulent, laissant libre cours aux sensations, aux ressentis parfois contradictoires :

" j'ai le coeur à l'envers
malgré l'eau de source les écorces
ma belle cachette

j'aimerais détendre le cou
les mâchoires
je n'y arrive pas"

Les poèmes offrent une écriture brute, spontanée, les mots ou expressions québécoises renforçant cette impression. J'ai été sensible à ce jet pur et inspiré. Notamment dans l'évocation de la grossesse, émouvante:

" devenir maison ronde
berceau renversé
chevrons

je serai ma fille
ton refuge calfeutré
de mirage en verre trempé
une mer calme"

Les derniers textes sont des actes de résistance, face à la destruction des forêts, à qui elle s'adresse:

" résistez
vous autres
au vent qui fesse
aux sécheresses
aux débroussailleuses
aux feux aux neiges au froid record"

J'ai aimé passer une année avec l'auteur dans la nature sauvage et partager ses doutes, ses angoisses, ses espoirs, jaillissants des vers. Je recommande ce livre!
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« La beauté sauvera le monde. » (Dostoïevski)

Si vous ne connaissez pas encore cette auteure québécoise, qui a écrit Encabanée (2018), Sauvagines (2019) et Bivouac (2021), ce recueil est un excellent moyen de la découvrir. Mais ce recueil, donnant les " clés " pour comprendre ses oeuvres antérieures, clôt à merveille ces 3 livres, qui peuvent être vus comme un triptyque.

L'auteur avait quitté l'agitation de la ville pour s'isoler dans une cabane délabrée près d'une rivière, perdue au milieu de la forêt de Kamouraska. Comme elle le raconte dans son premier roman, Encabannée, elle reste éveillée la nuit, pendant les heures les plus froides où les températures descendent à -20°C, -40°C, pour alimenter le poêle. C'est au cours de ces nuits qu'elle commence à écrire sur des bouts de papier les poèmes qui composent ce recueil. Ces poèmes sont classés par saison plutôt que par année et couvrent les huit années pendant lesquelles elle a vécu dans cette cabane.

« j'essaie de faire ma forte en même temps j'ai peur à l'infini » - cartouches

L'automne est la période d'acclimatation, marquée par la crainte des bruits inconnus et du braconnage.

« tu fais diablement froid Kamouraska survivre est un art sous-estime » - Kamouraska

En hiver, elle réapprend des techniques ancestrales telles que la fabrication du feu et la médecine douce, et devenue une louve solitaire, elle s'est endurcie et ne tremble plus.

« je lui ai avoué que j'étais certaine comme la lune pleine » - habitée

Le printemps représente l'espoir (les stalactites suspendues comme des barreaux autour de sa cabane fondent, la libérant de sa prison) et les prémices de la maternité.

« il faut être junkie d'espoir pour refaire forêt et ne pas perdre le moral » - force

Enfin, l'été marque la naissance de sa fille et son militantisme pour mère nature.

Les barbelés de cette forêt sont les déchets métalliques qu'elle ramasse dans la forêt, mais c'est aussi le symbole de la palissade dont elle a voulu entourer son habitat pour "sanctuariser" cette nature, sans oublier le côté plus végétal porteur d'espoir. Si au fil des années, la forêt est dégradée et rétrécie, créant une véritable atmosphère anxiogène autour de sa cabane, elle repousse sous forme de ronces et d'épines, comme pour se protéger des agressions.

Grande lectrice de romans, je lis peu de poésie en comparaison, mais j'ai rarement été aussi conquise, touchée et sensibilisée par un recueil. Un grand coup de coeur ! Je vous invite à vous précipiter dans votre librairie locale pour mettre la main sur ce livre !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
les coyotes du soir
chantent de plus belle
pour la première fois ils me séduisent

j'ai envie d'être entourée d'eux

j'en viendrai
là c'est clair
à aimer la pénombre
à préférer au jour
mes nuits de veille

raconter le ruisseau gelé
la soif du lac abreuvoir
ce quelque part où enfin
étancher toutes les bêtes en moi
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j'arrache à la boue
pieux câbles et clous
me sacrant des échardes
j'ai peur en malade
sous le vent je la sens
je l'entends venir
la forme filante
le fin filou
Qui s'dérobe
et me nargue
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n'oublie jamais d'ouvrir les clés
il faut une fente qui aspire
les tracas les tristesses
et laisse entrer la joie.
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ma belle
bande riveraines
j'ai le mal de terre
attention à mon cœur
zone inondable
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l'avenir appartient à celles qui se lèvent tôt
à celles qui tiennent
qui tiennent fort
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Videos de Gabrielle Filteau-Chiba (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gabrielle Filteau-Chiba
Lecture par l'autrice & rencontre animée par Simon Payen
Pendant huit ans, Gabrielle Filteau-Chiba a vécu au coeur de la forêt québécoise. Seule dans une cabane, elle a dû apprendre à vivre dans ce nouvel environnement. Répartis en quatre saisons, ses poèmes témoignent de cette quête de sens. Ils décrivent son apprentissage des dangers de la nature et son adaptation progressive. Dominée par la beauté de la flore et de ses occupants, sa poésie met également en garde contre les nombreuses menaces qui continuent de planer sur ces territoires sauvages.
« J'en viendrai là c'est clair à aimer la pénombre à préférer au jour mes nuits de veille raconter le ruisseau gelé la soif du lac abreuvoir ce quelque part où enfin étancher toutes les bêtes en moi » Gabrielle Filteau-Chiba, La forêt barbelée.
À lire – Gabrielle Filteau-Chiba, La forêt barbelée, Castor Astral, 2024.
Son par François Turpin Lumière par Patrick Clitus Direction technique par Guillaume Parra Captation par Camille Arnaud
+ Lire la suite
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