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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Folie : un terme qui, avant d'être accepté dans toute la fragilité qu'il évoque, effraie, angoisse et isole celui qui en est qualifié. Pourtant, que de visages multiples se cachent derrière ce mot, autant que de pathologies distinctes aux variables symptômes et manifestations.


Lily vient de mourir dans l'établissement où elle était internée. Son fils Charlie est sollicité pour venir la reconnaître et effectuer les formalités suite au décès.
Il reçoit aussi les possessions de sa mère et parmi elles, une valise en osier qu'il n'a jamais oubliée. Une valise en jonc tressé qui recèle bien des richesses. Un écrin pour une mémoire infinie, des joies et des peines, des tourments, le gardien de trésors, de photographies, un antre pour abriter le souvenir…

A partir de ce qu'il y découvre – mais rien n'est réellement découverte pour lui puisqu'il connaît chaque cliché, chaque silhouette immortalisée, il connaît le signification de cette couronne de fleurs séchées, comme il sait la valeurs de ce recueil de poèmes – il débute le récit de l'histoire familiale, autour du personnage central de Lily et sur quatre générations...


Petite fille qui a vu le jour dans un champ, aussitôt bercée par le pépiement des oiseaux, et enveloppée de la senteur des fougères et autre chèvrefeuille, petite fille fantasque, curieuse, à l'imaginaire débordant et féerique mais petite fille différente, fragile toujours en équilibre qu'un souffle peut faire dériver.

Jeune fille volontaire, cultivée, si jolie qu'elle fait tourner tous les regards sauf celui de l'homme qui a épousé sa mère et qui l'ignore, la repousse, la cache même dans un grenier pour la faire disparaître et la vérité de sa maladie avec elle.

Une réalité à la vie qui s'effiloche parfois, sans que l'esprit n'en garde trace, une âme qui vole dans les nuages, elle n'en est pas moins une mère pleine d'attentions, un peu imprévisible mais qui fera de la petite enfance de son fils, un ruissellement de moments extraordinaires, un éloignement des conventions et une vie libre mais pour laquelle la fuite est souvent la seule solution pour reprendre pied.
Une vie baignée de musique, cette même musique sans laquelle, sa propre vie ne serait pas. Une vie de funambule, toujours en équilibre entre la clarté et la confusion, peuplée d'êtres qui la harcèlent...

Une jeune femme qui s'invente sans le regard d'un père tendre, décédé sans même savoir qu'elle serait, une jeune femme qui enfante sans homme à ses côtés, tout attentive à ce petit Charlie qu'elle guide dans une vie hors de la banalité.

De la disparition des êtres chers et de leur absence à affronter, solitude qui brise un peu plus de sa lucidité, de l'Histoire qui broie ceux que Lily chérit, ses défenses amoindries par tant d'adversité obligeront à son placement et à l'éloignement de son fils encore enfant…


Même en vous disant tout cela, je ne vous ai rien raconté de ce roman, tant les ramifications de l'intrigue sont nombreuses et inattendues. Elles mettent en lumière les différents membres de ces familles qui fusionnent écrivant l'histoire des existences et éclairant la lanterne de la destinée.
Timothy Findley est un grand écrivain, trop peu lu, qui possède l'art de conter. Il distille dans ce récit des thèmes qui lui sont chers : le regard du fils sur celle qui l'a mis au monde, le regard d'un fils lucide sur une mère qui l'est moins, les ravages de la première guerre mondiale, les vies anéanties, les mutilations atroces avec lesquelles il faut continuer à vivre, les troubles mentaux engendrés par les combats dans les tranchées et aussi le regard d'une société sur les êtres atteints de troubles neurologiques qu'il est préférable de cacher au reste du monde à défaut de disposer de traitement pour les aider.
Paradoxalement, dans les récits de Timothy Findley, les "fous" sont très souvent bien plus attachants que ceux qui les condamnent et porteurs d'une bien plus grande humanité, tout amoureux de la nature et de ses créatures qu'ils sont. Ils vivent en marge mais comme on aimerait partager leur vision du monde et de la vie.


En refermant ce livre, je partage la condition d'orphelin de Charlie. Esseulée de la présence de cette femme digne, lumineuse et si généreuse, de celle pour qui une rose ou un oiseau enchante une journée bien davantage que la possession des choses matérielles et la stabilité d'une vie, de celle qui sait lire dans le chuchotement du quotidien, le bruissement des herbes et la caresse d'une libellule...
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J'ai été émue par le destin de Ede et de Lily qui ont évolué dans un milieu chaleureux et à l'esprit ouvert puis deviennent prisonnnières d'un monde rigide. Un monde auquel Ede va devoir s'adapter tout en tentant d'assouplir le tempérament de Frederick avant de finalement se résigner. Il y a d'ailleurs beaucoup beaucoup de finesse dans la psychologie des personnages. Frederick par exemple reste terriblement humain, tout cruel et inflexible qu'il est.

Dans les moments où Lily "s'échappe" et se met en danger, on souffre avec elle mais à d'autres moments, elle a une douce originalité, un coté délicieusement fantasque. J'ai aimé la suivre dans son enfance, la voir fixer son intérêt sur des petites choses insignifiantes au regard des autres.

Ce roman a une belle galerie de personnages secondaires. Pour certains, j'aurais aimé que l'auteur les développe un peu plus, et j'ai regretté pour d'autres de les perdre de vue. Mais ceci est peut être dû aux relations assez limitées que Lily entretient avec les autres ; Liam qui va garder son mystère, Miss Browning qui est une personne très humaine et sensée (notamment en ne protestant pas contre l'enfermement de Lily lors des soirées), Bateson le jardinier, qui n'est pas effrayé par elle et rentre dans son univers.
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Charlie Kilwoth décide de remonter son passé afin de mieux connaître ses origines. On plonge alors en 1880 pour découvrir les circonstances particulières de la naissance de la mère de Charlie, Lily. Lily n'est pas une enfant comme les autres, elle est épileptique et souffre de schizophrénie. À cette époque, il fallait cacher cet état honteux. À travers la vie de Lily, on fera la connaissance de plusieurs personnages qui viendront marquer la vie de cette famille hantée par la folie de Lily.

Véritable coup de coeur que cette saga familiale! Je me suis dès le départ sentie happée par cette histoire poignante. le récit est fluide, coule sans fausse note et est empreint d'une grande sensibilité. Timothy Findley décrit ses personnages de telle façon que j'avais l'impression de connaître cette famille à laquelle je me suis beaucoup attachée. J'ai adoré être plongée dans cette époque et découvrir la mentalité des gens face à la différence.
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Lily c'était une valise en osier remplie de trésors, de carnets, de photographies non datées, d'une Reine ambrée, de dessins de Lizzie en train de danser, d'un nécessaire d'évasion, de tablettes de chocolat ;
C'était aussi la responsable de trois colonies de fourmis : Thèbes, Amazonia, et Lily-land ; une poétesse disparue, une porte qu'elle n'osait ouvrir, ou qu'elle claquait.
Elle savait faire tant de choses. Un jour elle vola au-dessus des pianos. Avec Lizzie. Une paire d'anges, de passage dans l'atmosphère.

Lily avait un secret, était un secret qu'elle ignorait, un secret de famille, un secret génétique, un secret qui s'écoule dans les veines, une malédiction qui ronge, qui fait grincer les dents, le plafond du grenier, de peur, de honte, de douleur.

Lily vivait dans un autre monde, possédait plusieurs mondes, celui des enfants-poupées, le monde de sous le lit, le monde des silences dont personne ne possédait la clé.

Elle avait pourtant trouvé le chemin de la vie dans la nuit, le chemin qui menait de la nuit à la vie. Et puis elle est née, accueillie par des chants, des parfums, couverte d'une couronne de fleurs. A l'écart. Seule. Déjà.

Lily ne savait pas grand chose du monde tel que la plupart d'entre nous le perçoit. Lily savait tout du monde que la plupart d'entre nous ignore. Un jour Lily chuchota à l'oreille de son fils : Rien ne change jamais, même si tout se transforme. Ne dis rien. Écoute, Charlie. le monde entier chante. Cette chanson, ces chansons, sont semblables à celles dont je t'ai parlé au sujet des fourmis. C'est moi, c'est nous. Toutes ces chansons se transmettent d'une créature à l'autre – des chansons nées de 10 000 années à nicher ensemble, à ne former qu'un – nous. 


Lily est comme un de ces objets exposés dans les vitrines des musées. Figés au coeur d'un éternel présent, un présent qui contient cependant l'éternité de toutes choses.

Lily aura passé la plus grande partie de sa vie à la fuir.
Et puis... :
« le soleil au-dessus de la colline a oublié de mourir
Les lys ont refleuri, et la libellule
Est revenue rêver sur la rivière. »
Lien : http://www.listesratures.fr
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J'aime énormément cet auteur et ce livre ne m'a pas déçue emportée par cette fresque canadienne et familiale . J'adore
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Cette critique est peut-être un inédit sur Babelio : posée 20 ans après la lecture du livre. Comme pour un met d'exception, d'avoir dévoré ce roman, il ne m'en reste rien ou presque : seulement le souvenir qu'il a laissé et il est exceptionnellement tenace !
Si cette critique est une incitation à la lecture, je vais me l'appliquer à moi-même et le relire.... Ce sera l'occasion de poser une second avis après cette seconde lecture...
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