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Citations sur Pêcheur de perles (19)

Une chose est sûre: la culture au singulier n’est plus en odeur de sainteté nulle part.
Jusque dans les universités on dénonce son élitisme. Descendue de son piédestal, elle n’est aujourd’hui admise que comme pratique sociale, sans plus ni moins de légitimité ou d’intérêt que n’importe quel loisir….
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La culture, c’était mieux avant le tout-culturel.
La République, c’était mieux avant les territoires perdus.
Le bac, c’était mieux quand ce n’était pas une blague.
L’élitisme pour tous, c’était mieux que l’antiélitisme.
Le vivre-ensemble, c’était mieux quand le mot n’existait pas
La lutte des classes, c’était mieux que la fracture française.
La presse scrupuleuse qui rapportait modestement les vérités factuelles, c’était mieux que la presse vigilante qui censure impitoyablement tous les faits non conformes à son grand récit antiraciste.
« Il est interdit d’interdire » avait bien des défauts, mais c’était quand même mieux que la cancel culture.
Le monde réel, c’était mieux que l’écran total.
Ennuyeux, c’était moins pénible que chiant.
Ma mère, c’était mieux que maman.
L’auteur des Bijoux de la Castafiore, c’était mieux que le papa de Tintin.
La gauche, c’était mieux avant qu’elle ne remplace la défense de la laïcité par la lutte contre les discriminations.
La laïcité, c’était mieux avant qu’elle ne s’assigne pour mission prioritaire l’effacement de la marque chrétienne en FranceLa conversation dans les cafés, c’était mieux avant la musique d’ambiance.
Les paysages, c’était mieux avant les éoliennes.
L’écologie, c’était mieux avant qu’elle ne sacrifie la beauté du monde au sauvetage de la planète.
Les yeux voyaient mieux quand il y avait des poètes.
Le silence, c’était mieux avant qu’il ne soit traité en ennemi et chassé de partout.
L’anglais, c’était mieux avant le bad buzz, les punchlines, Google Maps, le job dating, la start-up nation, les flyers, les gamers, les leaders et les followers du globish.
Le français, c’était mieux avant « celles et ceux », « chacune et chacun », « toutes et tous ».
Soutenir son équipe de cœur, c’était mieux que la supporter.
L’égalité, c’était mieux avant l’écriture inclusive.
La syntaxe, c’était mieux avant « On doit travailler en profondeur sur comment on peut développer le vivre-ensemble », « Je me suis interrogé sur pourquoi j’ai écrit Retour à Reims » ou « Il y a un débat qu’on a à l’intérieur du monde éducatif sur quelle est la meilleure manière d’enseigner les valeurs de la République ».
L’intimité, c’était mieux avant qu’elle ne se déverse sur Facebook ou sur Instagram.
Les rues, c’était mieux avant le téléphone portable ; les autobus et les salles de classe aussi.
L’humour, c’était mieux avant les marathons du rire.
L’appel du 18 Juin, c’était mieux avant sa contrefaçon par l’intelligence artificielle.
Le passé, c’était mieux quand il était étudié et non mis en examen.
Le présent, c’était mieux quand il ne parlait pas tout seul.
Le contradictoire et la présomption d’innocence, c’était mieux que « On vous croit ».
Le progrès, c’était mieux avant qu’il ne se transforme en processus automatique.
Le mal du pays, c’était mieux avant l’exil à domicile.
Paris, c’était mieux avant la condamnation de ses habitants aux chantiers à perpétuité, sans aménagement de peine.

prétention de n’exister que dans la tête de ses détracteurs.
La délicatesse, c’était mieux avant l’instauration du trigger warning pour ménager les susceptibilités communautaires.
Être concentré, c’était mieux qu’être focus.
Réfléchir autrement, c’était mieux que changer de logiciel.
Les villes, les théâtres, les musées, les lieux de culte, c’était mieux avant la macdonaldisation générale : « Venez comme vous êtes. »
Le surmoi, c’était mieux avant Greta Thunber Agatha Christie, c’était mieux avant sa réécriture arc-en-ciel.
Picasso, c’était mieux avant son inculpation pour misogynie par les élèves des écoles d’art.
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Notre époque post-romantique semble avoir intégré et programmé l’obsolescence. On n’aime plus pour toujours. Et on prend d’entrée de jeu, son parti. On est revenu de tout avant d’être allé nulle part. On fait ses premiers pas dans l’existence avec le sourire en coin de celui à qui on ne la fait pas. Le scepticisme n’est plus terminal mais inaugural.

Dans le sillage du refus amoureux d’entendre raison, la longévité a remplacer l’éternité et lia santé du corps s’est imposée au détriment du salut de l’âme.

Le souhait de vivre vieux et même très vieux s’accompagne de la crainte de mourir trop tard. Cette angoisse est si présente qu’elle en vient à concurrencer et même à supplanter l’angoisse de la mort.

Lorsqu’un pays, une civilisation, une société, en vient à légaliser l’euthanasie, il perd à mes yeux tout droit au respect. Il devient, dès lors, non seulement légitime mais souhaitable de le détruire ; afin qu’autre chose, un autre pays, une autre société, une autre civilisation, ait une chance d’advenir.
Michel Houellebecq

Ce qui compte, affirmait Jürgen Habermas, ce n’est pas qu’un sujet collectif puisse s’affirmer vis à vis de l’extérieur, mais qu’un ordre libéral soit garanti à l’intérieur.

Au Moyen-Age, l’unité de l’Europe reposa sur le religion commune. Dans les temps modernes , quand le Dieu médiéval se transforma en Deus absconditus, la religion céda la place à la culture qui devint la réalisation des valeurs suprêmes par lesquelles l’humanité européenne se comprenait, se définissait, s’identifiait. La connaissance et la défense de la religion cessèrent alors d’être le but suprême des études.

Une chose est sûre : la culture au singulier n’est plus en odeur de sainteté nulle part. Jusque dans les université, on dénonce son élitisme. Descendue de son piédestal, elle n’est plus aujourd’hui admise à l’existence que comme pratique sociale, térêt que n’importe lequel loisir.. Ce tournant sociologique est entériné par l’esprit d’égalité. La démocratie, parvenue à son stade ultime, ne supporte aucune forme de transcendance. Après la sortie de la religion, voici venu le temps de la sortie de la culture. Le “chacun ses goûts“ a eu raison des valeurs suprêmes. Plus question d’estimer davantage les oeuvres artistiques que les produits du divertissement. Plus question même de les séparer : l’heure est à la “dé-hiérarchisation“.
Les anciens soixante-huitards rendaient grâce aux penseurs d’Europe Centrale de les avoir réconciliés avec la démocratie libérale.. Ils ne s’attendaient pas à ce que l’un d’entre eux, le plus prestigieux peut-être, portât le deuil d’une Europe mise à mort non par le mal totalitaire mais par l’hubris démocratique. ( Kundera )


« Quand le citoyen écologiste prétend poser la question la plus dérangeante en demandant : “Quel monde allons-nous laisser à nos enfants ?“, il évite de poser la question réellement dérangeante : “à quels enfants allons-nous laisser notre monde ?“ «  (Jorge Semprun)

En se posant comme sujet, l’être humain avait certes conquis et consolidé son autonomie depuis l’aube de temps modernes. Il ne recevait plus d’ordres d’en haut. Ramenant l’autorité du ciel sur la terre, il obéissait aux lois qu’il avait lui-même édictées. Il était son propre prescripteur mais il n’était pas son propre créateur. Il ne choisissait pas le masculin et le féminin.IL avait beau accumuler tous les droits, il héritait encore de son être, sa liberté restait hypothéquée par sa naissance. La scandale s’achève. Sortant définitivement de l’aliénation, l’humanité rejette cette mainmise immémoriale. Sur le modèle des trans, chacun est invité à se réapproprier son origine et à s’affranchir, ce faisant, de la condition humaine.
“Rien en moi ne me précède“, telle est l’ultime maxime de la liberté.
“L’homme moderne a fini par en vouloir à tout ce qui est donné, même sa propre existence, à en vouloir au fait même qu’il n’est pas son propre créateur ni celui de l’univers“ (Hannah Arendt)
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Agréable, gentil, charmant, prévenant, avenant, attirant, distrayant, ravissant, émouvant, troublant, déroutant, bouleversant, renversant, saisissant, trépidant, palpitant, captivant, réjouissant, rafraîchissant, réconfortant, stimulant, fascinant, profond, admirable, splendide, sublime, subtil, somptueux, mystérieux, chaleureux, attentionné, adorable, c’était mieux que « sympa ». Sous ses dehors bonhommes, sympa, c’est Attila : après son passage, les différences ne repoussent plus.
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Dans son essai « De la révolution », Hannah Arendt cite cette remarque surprenante de Saint-Just : « On vit alors que le peuple n’agissait pour l’élévation de personne mais pour l’abaissement de tous. » C’est très exactement ce que fait l’École culpabilisée, au nom du peuple, par Bourdieu et ses innombrables épigones : elle n’agit pour l’élévation de personne, mais, consciencieusement, réforme après réforme, pour l’abaissement de tous. Et son succès est spectaculaire.
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Être, c’est être remplaçable, nous disent à l’unisson le patronat cynique et la gauche compassionnelle. Je ne cesse de m’étonner de cette convergence et qu’on puisse ignorer aussi superbement les réalités culturelles quand on n’a que le mot « diversité » à la bouche. Mon inquiétude lancinante et ma franche sidération me vaudront-elles d’être, à mon tour, enterré vivant ? C’est le souhait explicite des journalistes qui s’assignent pour mission l’omission quotidienne des faits non conformes à leur grand récit antifasciste et qui dresse périodiquement des listes d’infréquentables.
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Au lieu de se poser, comme les Anciens, la question du meilleur régime, au lieu de partir en quête du Souverain Bien, la philosophie politique s’est concentrée sur la recherche de la moins mauvaise société possible : celle qui éviterait aux hommes l’enfer de la guerre civile. Ravagée par la conjonction sanguinaire de l’amour immodéré de la gloire et de l’amour fanatique de Dieu, l’Europe a dit, pour la première fois de son histoire : plus jamais ça. Et elle a tablé pour se reconstruire sur l’amour de soi, c’est-a-dire l’aspiration humaine la plus terre à terre : l’instinct de conservation. Comme l’a montré Hobbes, la peur de la mort violente unit les hommes que tout oppose. Ce n’est pas la paix des braves, c’est la paix – plus solide, pensait-on – des bourgeois.
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Soljenitsyne est l’archiviste scrupuleux d’un monde en noir et blanc. Il aurait pu se contenter de dénoncer dans un implacable réquisitoire les noires actions perpétrées par les concepteurs et les administrateurs du système concentrationnaire soviétique. Alors même qu’il est le survivant innocent d’un crime monstrueux, il a su résister à cette tentation irrésistible et il a mis au jour la logique manichéenne qui a enfanté le goulag. Le mal radical nait de l’externalisation et de la localisation du mal : telle est, pour Soljenitsyne, la leçon du XXe siècle.
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Sous le règne des technologies de la communication, la « cancel conduite » vous efface sans ménagement à tous les coins de rue. Là où on espérait voir la disponibilité succéder à l’affairement, le solipsisme est devenu la norme. Là où on attendait le cool, la brutalité prend les commandes. « Sous les pavés, la plage », rêvait-on en 1968. « Sur les pavés, la rage ou la radiation d’autrui », est-on amené à constater tristement quelques décennies plus tard. La politesse n’exige plus rien, nulle part la bienséance n’ordonne, sans cesse on suit son propre génie ; et, loin d’être génial, le résultat est à faire peur.
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À peine conquis le droit d’être dissemblables et de vivre à la première personne, les nouvelles féministes choisissent de se fondre dans la forme compacte du nous : me too, moi aussi. Il n’y a plus d’individus, il n’y a que des échantillons. Les différences sont sacrifiées, le cœur battant, à la satisfaction de s’agglutiner et de faire masse. La singularité des expériences est remplacée par la globalité de la domination et la chambre à soi par l’immense appartement communautaire de la sororité. Le privé est politique et le politique se trouve lui-même réduit à une fable manichéenne. Cette fable ne se laisse pas troubler par les démentis du réel. Aucune objection ne l’atteint.
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