"L'enfant bohème est devenu roi", l'amour sans l' entrave des marieurs et des arrangements à l'ancienne a repris ses droits individuels.
Aujourd'hui dure-t-il plus qu'hier et bien moins que demain?
C'est une approche littéraire que nous offre
Alain Finkielkraut (auteur de plusieurs essais,professeur de l'école Polytechnique et animateur de l'émission Répliques sur France Culture) dans son tout récent ouvrage:
Et si l'amour durait.
C'est un partage de réflexions sur le renoncement,le ressentiment,le désamour, l'au delà du romantisme que nous propose l'auteur à travers quatre ouvrages ou oeuvre, de quatre auteurs, présents ou passés.
Alain Finkielkraut étudie "l'énigme du renoncement" de
la Princesse de Clèves, en accord avec les propos de
Philippe Sollers,
Madame de la Fayette a inventé "la violence singulière du sado-masochisme exquis" dans une galanterie qui loin d'être courtoise, alliée à l'ambition devient "séduction,simulation,stratagème".
Il évoque "l'enfer du ressentiment", relaté par
Ingmar Bergmann dans
Les meilleures intentions (en plongeant dans son propre roman familial), cette fusion de l'aimé et l'amour du prochain et le cercle vicieux qui s'instaure autour de l'impossible pardon de la faute.
Il écoute "la complainte du désamour" de David Kepesh, professeur de littérature comparée, le personnage principal dissolu de
Philip Roth,dans
Professeur de désir, incapable de "vivre dans un étui" ainsi que le dirait Tchékov.
Il regarde "par delà le romantisme" à travers l'oeuvre de
Kundera. "Pas de demi-mesure"."Pas d'arrangements"."L'amour est total ou n'est pas"
Kundera a "démystifié l'amour romantique, mais actualisé le mythe antique du couple que rien ne peut séparer", ainsi Tomas et Tereza dans L'insoutenable légèreté d'être meurent ensemble dans un accident.
Une étude intéressante. Paradoxe,rapport de forces, jalousie,trahison,irrespect,fusion sont mortifères.
L'amour est enfant de Bohème, que chante Carmen, passionnel, est meurtrier. Celui du Roi sans divertissement de
Giono est suicidaire.
Où
Alain Finkielkraut a-t-il caché son point d'interrogation?
Dans l'imparfait?