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Citations sur Pêcheur de perles (22)

Jankélévitch a raison : l'amour relève de l'emprise et cette emprise est une bénédiction. Aimer, c'est être dépendant, dominé, subjugué, assujetti. Aimer, c'est passer après. Aimer, c'est faire l'expérience inouie d'une aliénation meilleure que la liberté. Alors que rien ne le laissait prévoir, le pour-soi se renverse miraculeusement en pour- autrui. Sortir de l'emprise pour établir une relation contractuelle, démocratique, rigoureusement égalitaire, comme l'exige la nouvelle doxa, c'est sortir de l'amour.
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Ni amicaux ni, bien sûr, désinvoltes, les biographes sont, à quelques rares exceptions près, les mandataires méticuleux de la morale du ressentiment. Il leur incombe de réparer l'affront de l'éminence et de rabattre le caquet des esprits prétendument supérieurs. La mission qui leur est assignée consiste à faire déchoir les auteurs incomparables en les enfonçant dans la médiocrité commune voire, si possible dans l'abjection. Derrière l'oeuvre, la vie. Et sous la surface chatoyante ou monotone de la vie, l'égoïsme, la mesquinerie, la mysogynie, la part d'ombre, les lourds secrets, la Faute.
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Walter Benjamin collectionnait amoureusement les citations. Dans la magnifique étude qu'elle lui a consacrée, Hannah Arendt compare ce penseur inclassable à un pêcheur de perles qui va au fond des mers "pour en arracher le riche et l'étrange".
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Agréable, gentil, charmant, prévenant, avenant, attirant, distrayant, ravissant, émouvant, troublant, déroutant, bouleversant, renversant, saisissant, trépidant, palpitant, captivant, réjouissant, rafraîchissant, réconfortant, stimulant, fascinant, profond, admirable, splendide, sublime, subtil, somptueux, mystérieux, chaleureux, attentionné, adorable, c’était mieux que « sympa ». Sous ses dehors bonhommes, sympa, c’est Attila : après son passage, les différences ne repoussent plus.
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Soljenitsyne est l’archiviste scrupuleux d’un monde en noir et blanc. Il aurait pu se contenter de dénoncer dans un implacable réquisitoire les noires actions perpétrées par les concepteurs et les administrateurs du système concentrationnaire soviétique. Alors même qu’il est le survivant innocent d’un crime monstrueux, il a su résister à cette tentation irrésistible et il a mis au jour la logique manichéenne qui a enfanté le goulag. Le mal radical nait de l’externalisation et de la localisation du mal : telle est, pour Soljenitsyne, la leçon du XXe siècle.
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À peine conquis le droit d’être dissemblables et de vivre à la première personne, les nouvelles féministes choisissent de se fondre dans la forme compacte du nous : me too, moi aussi. Il n’y a plus d’individus, il n’y a que des échantillons. Les différences sont sacrifiées, le cœur battant, à la satisfaction de s’agglutiner et de faire masse. La singularité des expériences est remplacée par la globalité de la domination et la chambre à soi par l’immense appartement communautaire de la sororité. Le privé est politique et le politique se trouve lui-même réduit à une fable manichéenne. Cette fable ne se laisse pas troubler par les démentis du réel. Aucune objection ne l’atteint.
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Être, c’est être remplaçable, nous disent à l’unisson le patronat cynique et la gauche compassionnelle. Je ne cesse de m’étonner de cette convergence et qu’on puisse ignorer aussi superbement les réalités culturelles quand on n’a que le mot « diversité » à la bouche. Mon inquiétude lancinante et ma franche sidération me vaudront-elles d’être, à mon tour, enterré vivant ? C’est le souhait explicite des journalistes qui s’assignent pour mission l’omission quotidienne des faits non conformes à leur grand récit antifasciste et qui dresse périodiquement des listes d’infréquentables.
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Peut-on affirmer encore que les émeutes qui embrasent périodiquement la France sont une réponse aux crimes de la police et à l’abandon de la promesse républicaine dans les cités sensibles ? Je lis ici ou là : « Forcément, les gens se rebellent. » Mais cette explication par le désespoir qu’engendrent l’exclusion et l’exploitation tient-elle la route ? Pourquoi les émeutiers de juin 2023 ont-ils systématiquement ciblé les réalisations de la promesse ? Pourquoi, s’ils sont, comme on a dit, « accablés de problèmes », ont-ils exprimé leur colère en mettant le feu aux solutions ? La haine qui s’est alors donnée libre cours, les bibliothèques incendiées, les écoles dévastées, les mairies mises à sac, les razzias, les pillages – tout cela ne témoigne-t-il pas d’une extériorité et d’une hostilité radicales à ce que nous sommes ?
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Sous le nom de devoir de mémoire, le mal absolu, on l’a vu dans les chapitres précédents, occupe le champ entier du souvenir. Mais force est de le constater : cette mémoire impérieuse qui oublie tout ce qui n’est pas crime rate aussi le crime lui-même. Elle en parle sans cesse elle ne sait pas de quoi elle parle. Elle ignore superbement la réalité qui l’obsède. Elle est aveugle à cela même dont elle ne veut pas détourner les yeux. Elle réfléchit à la signification du pétainisme, elle en pourchasse les vestiges, elle en démasque les nouvelles figures, elle s’inquiète de ses multiples avatars, et elle se révèle incapable de faire la différence entre Pétain et De Gaulle. Elle attribue au premier les principes invoqués par le second dès le 18 juin 1940. Elle flaire une odeur de moisi dans la permanence dont se réclame De Gaulle tout comme dans l’émotion éprouvée par Marc Bloch au souvenir du sacre de Reims et au récit de la fête de la Fédération. Quand elle dresse un réquisitoire contre le régime de Vichy, c’est, sans s’en rendre compte, la geste de la France libre qu’elle poursuit de sa vindicte post-nationale.
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L’homme moderne pensait, avec Diderot, que « le temps voit tout ». Il ne comptait plus sur Dieu mais sur la postérité pour reconnaître les siens. Je me demande si cette espérance nous est encore permise. Peut-on croire que la fièvre est passagère et que la clairvoyance retrouvera un jour ses droits ? L’illusion communiste s’est fracassée sur les horreurs du socialisme réel, mais y aura-t-il jamais une épreuve de vérité pour l’idéologique woke ? Le présent redeviendra-t-il modeste ? Notre monde sortira-t-il du dogmatisme et du narcissisme qui l’aveugle ? Se réveille-t-on d’un éveil ?
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