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Citations sur Tenir jusqu'à l'aube (88)

Elle était lasse, fatiguée de cette créature qu'elle avait créée de toutes pièces : la bonne mère. C'était sans doute dans ces moments-là que l'envie de fuir était la plus forte. Quand elle réalisait qu'elle ne supportait plus cet unique rôle où on la cantonnait désormais, dans un film dont elle avait manqué le début, et qu'elle traversait en figurante. C'était alors que les fugues s'imposaient, comme une respiration, un entêtement.
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Son smartphone vibre. Elle fouille dans son sac, vite. C'est Thierry, le directeur artistique d'une agence qui la fait encore travailler de temps en temps. Elle prend l'appel. " T'as besoin de bosser, oui ou non? Le client n'a toujours rien reçu ! On va devoir décaler la sortie!"
Il enchaîne, " Tu sais comment ça se passe chez la concurrence? T'es correctement payée il me semble! T'es pas la seule à avoir un môme ! La Terre s'arrête pas de tourner tout de même ! Je veux la couv du Jérôme Châtelain ce soir, et le guide sur l'art du sushi pour lundi. Sinon je mets quelqu'un d'autre sur le coup. Il faut impérativement que tu puisses assister à la réunion de janvier, prends une baby-sitter, fais comme tout le monde, organise-toi!"
Elle devrait rentrer tout de suite. Mettre le petit devant un dessin animé jusqu'à l'heure du dîner. Mais il n'y a plus rien au frigo, il faudra repasser par la supérette. Prendre des pommes de terre et du fromage, du lait aussi. Des yaourts. Éviter le rayon sucreries. Et faire diversion à la caisse. Que l'enfant ne fasse pas de crise comme la dernière fois. Qu'il ne brandisse pas un paquet de cochonneries en hurlant. Qu'il ne se roule pas par terre. Qu'elle ne ressorte pas du magasin en nage, rouge, confuse, sous les sifflets imaginaires des clients. Encore un enfant roi, encore une mère célibataire qui ne gère rien, une pauvre conne.

PP. 54-55
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S'organiser, voilà le nerf de la guerre. Il lui semblait que les autres jonglaient avec les horaires, les créneaux et que, par des tours de passe-passe mystérieux, les emplois du temps des familles s’harmonisaient, se complétaient, qu'ils avaient compris quelque chose qui lui avait complètement échappé jusqu’ici.
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La porte d'entrée qu'elle referme avec mille précautions derrière elle.
Dans le hall, l'éclairage automatique se déclenche.
Il y a encore tant de monde dehors.
Un grand vent frais.
Marcher, juste, marcher. À peine le tour du pâté de maisons.
(...)
C'est bon pour ce soir.
Désormais elle tient ce trésor, elle pourra recommencer.
(P.13)
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Avant d'avoir un enfant, on ne sait absolument pas ce qui nous attend. Est-ce un crime que de constater qu'on n'y arrive pas ?
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- Tu veux une brioche au chocolat pour le goûter ?
- Oh oui, oh oui!
Le petit entame sa brioche pendant qu'elle s'active à la cuisine. Deux minutes d'inattention. C'est ce qui lui suffit pour se barbouiller le visage de feutre ou vider sa briquette de lait par terre. Là, il s'est contenté d'enfoncer deux figurines en plastique dans le petit pain, qui en émergent maculées de chocolat gras.
- Stop, passe-moi ça, c'est dégoûtant!
Elle arrache les jouets des mains du petit. Il hurle.
- On dit pas "dégoûtant ", on dit pas "dégoûtant "!
- Je dis ce que je veux! C'est moi l'adulte!
Elle passe les figurines sous l'eau puis se souvient qu'il y a des piles à l'intérieur. Oui, il y a certainement des piles dans ces putains de figurines puique quand elle appuie sur leur tête, leur ventre s'illumine.
Le temps de sécher les jouets avec un torchon, le petit s'est écrasé le reste du pain au chocolat sur les yeux. Ça pique, alors ça pleure.
Elle court chercher un gant de toilette, l'humidifie sous le robinet d'eau tiède, revient vers l'enfant, vite, vite, en extraire le maximum, nettoyer les cils, les paupières.

À son tour de hurler:
- Pourquoi, putain, pourquoi putain, tu te mets du chocolat dans les yeux? Tu trouves ça marrant?
L'enfant la fixe, ahuri, puis fond en larmes.
- Tu peux pleurer!
L'enfant se jette dans ses bras, elle le repousse.
Il hurle:
- Papa, Papa, je veux Papa!
- Calme-toi!
- Il est où mon papa?

PP. 149-150
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Elle regarda par la fenêtre, le long boulevard, les commerces, elle allait regretter ce quartier animé. Là où ils partaient, il n'y avait que des immeubles, des immeubles, et rien alentour. Il fallait prendre un bus pour rejoindre le centre. Fini les escapades, finis les moments volés à la nuit. En somme, il ne lui restait plus que quelques jours avant le déclassement final. Elle se ressaisit, elle allait regretter le quartier, oui, mais pas les voisins. Le déménagement avait lieu samedi. Mais avant, il fallait qu'elle sorte une dernière fois.
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Un matin alors qu’ils avaient passé la nuit côte à côte, elle était partie seule, sur les bords de la Saône. Il faisait beau, et elle était pareille à cette rivière, profonde, escarpée, prête à se jeter dans le premier fleuve venu. Ce matin-là, quelle joie. Quelle joie de penser à lui, à eux, à l’avenir qui s’ouvrait enfin.
Elle a cru que la joie était un signe, elle avait la forme de l’évidence.
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Elle etait lasse, fatiguee de cette créature qu'elle avait créée de toutes pièces : la bonne mère.
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Pendant le repas, l'enfant les interrompait tout le temps.
- C'est fou, il ne supporte pas qu'on se parle, dit le grand-père.
- C'est qu'il n'a pas l'habitude, il est toujours seul avec moi !
- Alors c'est de ma faute, je suis de trop, dit le grand-père. Maintenant tu te tais, fit-il en s'adressant à l'enfant,ce sont les grands qui discutent, toi, tu demandes pour prendre la parole.
-Non, dit l'enfant.
- Si, c'est comme ça, dit le grand-père.
- Calme-toi, il n'y a aucune raison de s'énerver, tout va bien.
- Mais bien sûr, on n s'énerve jamais, on leur laisse tout passer et voilà le résultat.
- Ne crie pas, tu vas lui faire peur.
- On n'aurait jamais laissé faire avec votre mère.
- Eh bien justement, je n'ai pas l'intention de l'élever comme vous nous avez élevés.
- ça promet.

( p 91)
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