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Chez Flaten, la figure de la mère se veut monstrueuse. La mère frôle la folie et se trouve en proie aux idées noires. La mort est omniprésente, du suicide à venir à l'avortement manqué en passant par les deuils familiaux traditionnels et ceux plus symboliques destinés aux proches disparus on ne sait où.

Le père de Flaten est un fugitif inconnu dont l'absence physique et la présence génétique consume la vie de la mère et de la fille à petits feux. La frontière entre littérature et psychanalyse est poreuse dans ces deux ouvrages. Les auteurs privilégient l'information brute aux tournures stylistiques. Point de chaleur à travers les lignes. La plume se fige dans une démarche mécanique toutefois ponctuée de tentatives d'humour afin d'alléger la lourdeur du propos. Mais ces traits d'humour n'en sont que plus cyniques et peinent à décrocher un sourire au lecteur. En prenant le parti pris de s'adresser à sa mère à la deuxième personne du singulier tout au long du roman, Isabelle Flaten circonscrit le récit à une narration close et redondante.
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Mon deuxième livre d'Isabelle Flaten. Après Adelphe, que j'vais beaucoup aimé et qui m'avait emportée, dans le flots des mots et de la narration.
Ici dans ce court roman, la folie de ma mère, changement de style, mais le flot reste et est toujours hypnotique. Nous sommes donc dans un récit autobiographique d'une mère racontée par sa fille, de 3 ans jusqu'à la fin [de sa mère] (et non, il n'est décemment pas possible d'écrire depuis la tendre enfance jusqu'à la vie de femme, tellement l'enfance relatée ici n' rien de tendre).
Une mère insaisissable, instable, inconnue même tellement ses propos et son comportement peuvent être imprévisibles, un père mort jeune, mais qui ne servair qu'à taper. Une enfance ballottée selon les comportements de sa mère, ses envies, ses phases, les hommes qu'elle rencontre. Une enfance et une adolescence parfois protégées par une grand-mère, puis de nouveau déstabilisée par le retour de cette mère et de ces excès.
Comment peut-on se construire au contact d'une telle mère ? Comment peut-on devenir femme, puis mère ? Isabelle Flaten traite parfaitement ce thème, de l'impact d'une mère bipolaire qui s'enfonce petit à petit, de l'ambivalence de l'amour d'une fille pour sa mère, de l'incompréhension mais de la recherche sans cesse d'une acceptation, de la difficulté (toxicité ?) d'une telle relation. Ca se lit d'une traite, permet de rentrer en empathie, sans jugement, sans apitoiement. L'ecriture toujours aussi belle.
Mais ce livre résonne en moi de façon différente. Parce qu'Isabelle, je l'ai connue. Toute petite, c'était ma voisine, la maman de mes amies. Et de lire ce livre, de naviguer si profondément dans cette intimité, devoilée par le récit, j'ai souvent eu l'impression de ne pas avoir le droit d'être ici, de rentrer par effraction. Je devais me forcer à me sortir de la tête le visage d'Isabelle, de ses filles, de leur intérieur. Ayant peur de ne pas être à ma place.
Mais par contre, je peux assurément penser et dire que j'aime son écriture, sa façon de raconter, et que je lirais ses autres livres.
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J'ai lu ce court roman parce que le thème m'intriguait. le récit n'est pas forcément facile à suivre, la narration étant une adresse à la mère dans un monologue qui cherche dans les souvenirs à recomposer son histoire.
Sans doute parce qu'il y a eu peu de contacts réels et de communication entre la mère et la fille, la narratrice s'est construite, en quête d'identité, dans les livres et en cherchant à comprendre cette femme qui lui a donné le jour.
J'ai assez rapidement pensé à "Rien ne s'oppose à la nuit" où Delphine de Vigan raconte sa mère psychologiquement instable et son enfance dans une famille profondément dysfonctionnelle.
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Ce roman d'inspiration autobiographique raconte d'abord une enfance pour le moins traumatisante marquée par des figures paternelle et maternelle négatives et nuisibles mais il dresse aussi un portrait riche et fouillé d'une mère atteinte par une maladie mentale qui n'est jamais nommée mais que l'on identifie assez tôt dans le récit.

Tout commence par la petite enfance.
Le père, chercheur au CEA est un homme irascible et violent, craint par la petite fille-narratrice, il meurt rapidement d'un cancer de l'oesophage. La mère, professeur de français, est excessive, peu présente et peu sécurisante pour ses deux petites filles dont elle se débarrasse souvent en les confiant, pour des périodes plus ou moins longues, à divers membres de sa famille. Cette mère déstabilisante est aussi une femme engagée politiquement à gauche, vraie soixante-huitarde, ultra féministe, qui accueille chez elle des femmes en détresse alors qu'elle délaisse ses propres filles. Les hommes aussi défilent mais la mère ne s'attache à aucun.

Le portrait de cette femme, mère aux mille facettes, est vraiment très réussi. La souffrance de la petite fille puis adolescente livrée à une telle mère, aussi « folle » qu'indigne, ne peut laisser le lecteur indifférent. de nombreux souvenirs racontés avec retenue permettent de comprendre ce que la narratrice a enduré et la façon dont elle a tenté de surmonter les terribles failles maternelles. Dans ce livre émouvant et sincère, la narratrice s'adresse justement à cette mère hors normes dont on suit l'évolution comportementale jusqu'à sa mort.

A la fin du livre, la narratrice s'efface totalement au profit du personnage certes écrasant de la mère vieillissante et de plus en plus « folle ».

Cette mère reste un mystère car la maladie n'explique pas tout : pourquoi une femme si féministe s'est-elle mariée à un macho qui frappait ses filles ? Comment a-t-elle pu enseigner longtemps alors qu'elle était atteinte d'une maladie psychiatrique ? Beaucoup d'autres questions restent aussi en suspens : comment la fille si mauvaise élève réussit le concours d'instit ? Pourquoi la fille parle de sa complicité avec la mère à la fin du livre alors que tout le récit montre leur incommunicabilité et l'indifférence souvent coupable de la mère à son égard ? Pourquoi n'est-il jamais question de la soeur ? En effet, on ne sait pas le rôle que cette jeune soeur a tenu dans ce trio féminin dominée par une mère « folle » (comme dans le livre de Delphine de Vigan « rien ne s'oppose à la nuit » dont l'inspiration est très proche). Dans un livre autobiographique, j'imagine qu'un auteur ne peut tout dire ni tout expliquer au lecteur sans compter que dans toute vie il existe des zones d'ombre, plus encore quand il est question de maladie psychique.

Ce roman explore donc une relation mère-fille intense et difficile mais aussi les ravages de la maladie mentale sur un individu et ses proches. Sur ces sujets, de nombreux passages poignants marquent le lecteur.

Ce roman aborde aussi la question du père, du vrai père mais je ne peux en dire plus sans déflorer l'intrigue.

Au travers des familles paternelle et maternelle, le lecteur accède à toute une galerie de portraits intéressants (les deux grand-mères, les tantes et oncles) et d'autres thèmes sont esquissés comme le poids de la religion, la vie de couple…

Enfin, ce roman a aussi un coté nostalgique pour tous ceux et celles qui ont grandi à la fin des années 60 et au début des années 70 car de nombreuses références sont faites à cette période (les émissions de variétés des Carpentier, le film Cria Cuervos, la BD Lili...)

Pour conclure, je conseille la lecture de ce livre autobiographique sombre mais non dépourvu d'humour. C'est un récit riche, sincère et poignant écrit dans un beau style sobre.
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D'une enquête posthume sur une mère, conduite par sa fille, extraire une formidable chronique douce-amère, drôle jusque dans son tragique assumé, des secrets de famille qui ne sont pas toujours ceux que l'on croit.


Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/06/05/note-de-lecture-la-folie-de-ma-mere-isabelle-flaten/

Si ce « La folie de ma mère », publié en janvier 2021 au Nouvel Attila, se place d'abord sous les auspices du décryptage de la famille et du monde à hauteur intégrale d'enfant (comme un « Ce que savait Maisie » dont la protagoniste principale serait d'emblée équipée d'un monologue intérieur ravageur et d'un sens de la formule assassin et hilarant), l'adresse de la fille à la mère – en tutoiement accusateur, incrédule, désabusé ou même tendre – se déplace rapidement vers des terrains beaucoup plus minés, instables et incertains, où les secrets de famille et les reproches évidents sont parfois infiniment plus complexes que ce que le diagnostic maniaco-dépressif qui hante en apparence le récit pouvait lui-même laisser supposer.

Ma collègue et amie Marianne vous avait déjà dit sur ce même blog tout le bien qu'elle pensait de « Adelphe » (2019) et des recueils de nouvelles qui l'avaient précédé, tels « Se taire ou pas » (2015) ou « Chagrins d'argent » (2016). Ce onzième texte publié nous prouve à nouveau à quel point Isabelle Flaten maîtrise l'art délicat du traitement juste, acéré et pourtant drôle et tendre, des imperfections tragiques de la vie. Tissé de quêtes naturelles et moins naturelles à l'intérieur d'une vaste enquête partiellement posthume, tracé d'un chemin nécessitant parfois une machette dans le dense taillis des non-dits familiaux et des évidences qui ne l'étaient pas pour tout le monde, « La folie de ma mère » nous offre un de ces textes rares dans lesquels le dévoilement ne porte pas sur son objet apparent, la mère, mais bien plutôt ce qui constitue la détective-fille en tant que telle – avec une verve et un brio qui permettent de franchir les obstacles psychologiques et psychiatriques réels disséminés sur le parcours, comme en se jouant, finalement.

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Le portrait d'une mère bipolaire par une de ses filles. le texte s'adresse à la mère comme un recueil de souvenirs. le livre aurait dû être plus épais avec le propre récit de la mère sur sa vie mais une histoire de droit a empêché cette double vision. L'enfance ballotée de Paris à Strasbourg, selon l'humeur et les mutations de la mère, professeure de collège, le père est mort soudainement mais notre petite narratrice n'a pas eu de chagrin, elle recevait des torgnoles en guise d'amour. Il sera remplacé par de nombreux hommes. Les filles sont souvent confiées aux grands-parents pendant les vacances, chacun les siens, la narratrice chez les grands-parents maternels, la petite soeur chez les paternels.

Elles grandissent en apprenant à connaître les zones dangereuses de leur mère, son côté excessif, ses colères incontrôlables. Une passion commune existe entre la mère et la narratrice : les livres. Un refuge pour la petite fille.

L'adolescence est également compliquée car entre la mère libertaire et l'époque, tout pousse à l'amour libre que raconte la narratrice avec un brin d'humour.

La relation d'adulte est plus compliquée. La maladie de la mère évolue et cette dernière ne prend pas toujours ses traitements, se retrouve hospitalisée, déménage encore plus souvent et sa fille aimerait la fuir mais essaie de la sauver, tout en construisant sa propre vie.

Les histoires d'amour se finissent toujours mal, même celles entre une fille et sa mère. Cette dernière a réussi sa mort, une première fois, puis la finale, laissant derrière elle les secrets de naissance de sa fille, les secrets de famille, ce qui déclenche une profonde dépression chez notre narratrice.

Qu'il est sobre et pudique ce récit ! Rempli d'amour aussi. Il est difficile de vivre avec une personne souffrant de bipolarité ayant sa propre réalité, surtout pour un enfant qui lui, cherche la vérité et ne comprend pas toujours les réactions de la personne susceptible de veiller sur lui. Je pense que la relation d'adulte est bien plus difficile car les places s'inversent dans la famille et c'est la fille qui est responsable de sa mère (pas la peine de compter sur la famille dans ces cas-là, d'ailleurs la soeur n'occupe aucune place). Les médecins qui se font manipuler, les menaces de suicide, les tentatives de suicide, les internements, la fuite, la paranoïa et la folie qui envahissent tout jusqu'à la mort.

Vous n'aurez que la version de la fille et elle est bien suffisante. L'amour et l'impuissance, le drame d'un enfant.


Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Chez Flaten, la figure de la mère se veut monstrueuse. La mère frôle la folie et se trouve en proie aux idées noires. La mort est omniprésente, du suicide à venir à l'avortement manqué en passant par les deuils familiaux traditionnels et ceux plus symboliques destinés aux proches disparus on ne sait où.
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« Une dame me propose un yaourt. Elle a l'air gentille. Je plonge la petite cuillère dans le pot. La dame m'arrête : on dit merci maman. J'ai trois ans et découvre que j'ai une mère. » C'est ainsi que s'ouvre le roman d'Isabelle Flaten consacré à la relation mère-fille. Un livre aux forts accents autobiographiques où la narratrice s'adresse directement à sa génitrice. L'auteure nous propose trois moments de cette relation : l'enfance, la maladie de la mère et l'enquête sur les origines. La narratrice connaît une enfance chaotique, elle est élevée par une mère célibataire et libertaire. L'autorité est fluctuante, l'enfant n'a pas vraiment de cadre. Dès le départ, l'incompréhension, le dialogue impossible régissent leur histoire.

Cette difficulté ne fait que s'accentuer quand la bipolarité de la mère s'aggrave. Les mensonges, les délires parasitent totalement la communication. Les souvenirs de la mère sont sujets à caution, ils ne sont pas fiables ce qui pose problème à la narratrice qui cherche à en savoir plus sur son père. Elle a de vagues souvenirs d'un homme peu aimant mais était-ce vraiment son père ? le secret, enfoui dans les méandres de l'esprit de la mère, devient impossible à élucider pour la fille.

Malgré la maladie, la brutalité de certaines situations, le rejet, la paranoïa, la narratrice n'abandonne jamais sa mère, elle tente de la sauver d'elle-même. « La folie de ma mère » est un hommage magnifique et très touchant à cette mère, à leur relation tourmentée et complexe. Il faut souligner l'intensité de ce texte qui est rendue par une écriture épurée, à l'os, sans fioritures inutiles. Isabelle Flaten analyse avec beaucoup de lucidité et de pudeur cette vie aux côtés d'une mère excessive et malade. A noter que le grand point commun entre la mère et la fille est l'amour de la littérature, de la lecture : « J'ai un refuge depuis toute petite, une forteresse, j'habite dans les livres. Tu t'en réjouis et encourage ma passion sans restriction. »

J'ai découvert avec un grand plaisir la plume d'Isabelle Flaten avec « La folie de ma mère », un roman intense et saisissant.
Lien : https://plaisirsacultiver.com/
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Un livre que j'ai eu hâte de finir tant il est pesant et lassant. le premier tiers m'a amusé : le portrait au vitriol de la mère, professeure et soixante huitarde, est assez instructif. Sociologiquement ce bout de récit est intéressant. Les deux autres tiers, où la vie va de mal en pis pour cette femme perdue dans ses émotions (elle passe du chaud au froid en un rien de temps) et sa fille qui les subit sont pesants. L'écriture bien que facile (phrase courte, rythme vif etc) est fatigante. Ce livre n'aura pas suscité mon empathie. J'y ai plutôt vu un livre qui tente de réparer l'autrice ou le résultat d'une psychanalyse, sans beaucoup d'intérêt pour le lecteur. J'espère que le but escompté a été atteint, au moins cela.
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Dans un récit qui s'adresse à sa mère morte, l'auteur raconte au temps présent leur impossible et chaotique relation, au fur et à mesure que cette femme excessive et bipolaire s'enfonce de plus en plus nettement dans la folie.


L'anormalité de cette relation mère-fille est posée dès le désarçonnant incipit. « Une dame me propose un yaourt. Elle a l'air gentille. Je plonge la petite cuillère dans le pot. La dame m'arrête : on dit merci maman. » L'auteur a trois ans, ne connaît du mari de sa mère que ses torgnoles, puis sa disparition prématurée. Lui reste les extravagances et les contradictions d'une mère qui la néglige, absorbée qu'elle est par son mode de vie féministe et libertaire, marqué par l'instabilité et par l'exaltation de l'utopie. Tantôt trimballée comme un paquet au fil d'incessants va-et-vient entre Paris et Strasbourg, tantôt remisée chez des parents, l'enfant grandit en marge d'un tourbillon où elle ne trouve pas sa place, au rythme d'une relation maternelle inadaptée, cyclothymique et terriblement dénuée d'écoute, qui fait des ravages sur sa jeune personnalité.


Démarrée à hauteur d'enfant, la narration épouse l'évolution du regard de l'adolescente, puis de la femme qui, à l'âge adulte, aura encore à prendre toute la mesure des mensonges qui auront jusqu'alors présidé à son existence. Dans ses efforts désespérés pour comprendre cette mère de plus en plus insaisissable, dont, par-dessus tout, elle continue à rechercher l'amour, elle ne pourra que se heurter à son impuissance à rejoindre cette femme dont les troubles psychiques et dépressifs ne cessent de croître, l'entraînant inexorablement sur la terrible pente de la folie. Ne resteront bientôt plus à la narratrice que les mots de ce récit, adressé à une ombre définitivement hors d'atteinte, pour exprimer enfin toute sa souffrance, ses interrogations, et son amour manqué.


Le résultat est un livre d'une grande beauté, qui, sans rancune ni pathos, explore dans un élan de compassion douloureuse le gouffre qui n'a finalement avalé que l'une de ces deux femmes maladroitement accrochées l'une à l'autre. Sauvée par les livres et l'écriture, c'est par ce biais que l'auteur trouve ici le moyen d'enfin jeter un pont entre elles deux, dans une bouleversante déclaration d'amour.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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