Je remercie La Bête Noire et Babelio pour m'avoir permis de découvrir L'Échange de
Rebecca Fleet.
Échanger sa maison ? N'est-ce pas là une idée séduisante pour passer quelques jours agréables loin du train-train quotidien et, peut-être, apporter un second souffle à son couple ? C'est en tout cas ce que pensait Caroline avant de se rendre compte que cette maison en banlieue londonienne dans laquelle elle doit passer une semaine avec son mari n'est pas aussi accueillante qu'elle l'aurait espéré. Pire, en plus de son côté épuré à la limite du sinistre, cette maison semble comme vouloir lui mettre sous les yeux des indices de sa vie ou, du moins, d'une période précise de sa vie qu'elle s'efforce pourtant d'oublier…
D'une plume alerte et vive,
Rebecca Fleet nous entraîne dans la vie de cette femme, de son mari et partage, par petites touches, les pensées de la personne qui habite momentanément chez eux. L'alternance des points de vue se révèle parfaitement maîtrisée au point de vous pousser à lire le roman sans voir le temps passer et ceci, malgré quelques longueurs. Mais ce qui vous tiendra vraiment en haleine, ce sont les sauts dans le temps qui vous apporteront, au compte-gouttes, des informations sur le passé de Caroline et de son mari, un couple dans la tourmente.
Caroline est une femme qui a provoqué chez moi des sentiments assez contradictoires. Engluée dans un mariage qui ne la rend plus heureuse, elle finit par succomber aux sirènes de l'adultère. Mais à la vue du comportement de son mari, un toxicomane, difficile de ne pas comprendre ses envies d'ailleurs même si personnellement, je ne pense pas que fuir une relation qui part en déliquescence en s'engageant dans une relation adultérine soit la meilleure solution. Si cette liaison ne m'a pas dérangée outre mesure en raison du contexte, Caroline m'a perturbée par son manque d'empathie pour son mari, mais pas que… Elle m'a semblé ainsi très autocentrée même si au fil des révélations, on arrive à mieux la comprendre et on se rend compte que les apparences sont parfois trompeuses. Cette femme meurtrie fait donc de son mieux pour avancer dans la vie malgré les circonstances que je vous laisserai évidemment découvrir par vous-mêmes.
La construction psychologique de Caroline, qui semble parfois perdue dans ses sentiments, est très bien menée, mais rien d'étonnant si l'on considère que le gros point fort de ce roman est le travail réalisé sur la psychologie des personnages. L'autrice a pris le temps de nous faire découvrir petit à petit ses protagonistes comme nous le ferions avec quelqu'un dans la vraie vie. Elle nous mène parfois sur de fausses pistes, nous amène à revoir nos jugements en nous montrant que les choses peuvent se révéler plus complexes qu'au premier abord. Elle sème le doute sur les sentiments de chacun et sur les motivations qui ont poussé une personne à prendre possession de l'appartement de Caroline et à la tourmenter. Est-ce vraiment cet amant dont elle n'a plus eu de nouvelles depuis deux ans ? le cas échéant, que veut-il ? Et si ce n'est pas lui, qui peut bien vouloir s'immiscer d'une manière aussi dérangeante dans sa vie et surtout, pour quelles raisons ?
Si j'ai apprécié le suspense distillé tout au long du livre, c'est donc bien l'atmosphère angoissante et la tension qui se dégagent du roman qui ont su attiser ma curiosité et happer mon attention. On finit par partager cette inquiétude qui conduit progressivement Caroline sur le bord du précipice. Comme elle, on se pose donc des questions, on élabore des hypothèses et on sent la tension monter jusqu'à la révélation finale !
À cet égard, je dois dire que l'auteure a su me surprendre, car je ne m'attendais pas à ce que l'histoire prenne cette tournure malgré les petits indices placés par-ci, par-là. En revanche, une fois la première révélation passée, tout se met très vite en place, peut-être un peu trop d'ailleurs puisque je n'aurais pas été contre un twist final un peu plus surprenant. La fin m'a, en outre, laissée mitigée, pas dans son essence, mais dans les sentiments qu'elle a provoqués en moi. Je n'ai pas pu m'empêcher de la trouver assez optimiste dans la mesure où elle nous montre que la vie peut toujours nous offrir un nouveau départ, mais d'un autre côté, je l'ai trouvée profondément injuste… Elle ne devrait donc pas vous laisser de marbre et, peut-être, comme ce fut mon cas, vous pousser à vous lancer dans quelques débats intérieurs sur la notion de justice, de pardon et de rédemption.
Enfin, j'ai apprécié ce roman, car de manière générale, je suis très sensible aux récits dans lesquels la dimension psychologique des personnages revêt une importance majeure. Je reconnais néanmoins certaines longueurs voire quelques redondances qui pourraient gêner les amateurs de thrillers menés tambour battant. L'autrice prend vraiment le temps de jouer avec nos nerfs afin de nous laisser former nos propres hypothèses quant à cet étrange échange de maison…
En conclusion, derrière l'histoire banale d'un couple qui part à la dérive et qui essaie de se reconstruire,
Rebecca Fleet a su rebondir pour nous proposer un récit à la tension psychologique omniprésente et au suspense bien dosé. Petit à petit, couche par couche, le passé et le présent se mêlent et s'entremêlent pour nous laisser face à des protagonistes avec leurs failles et leurs tentatives, parfois maladroites, de se libérer de leurs démons et d'avancer. L'Échange, c'est donc une histoire d'amour et de haine, de non-dits, de secrets, mais aussi de reconstruction de soi et de sa capacité à s'affranchir des chaînes du passé afin d'apprendre à vivre dans le présent.
Et vous, envie de découvrir
L'échange ? Retrouv
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