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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je m'appelais Emmett Till...

Lorsqu'on est noir, dans le Mississippi des années 50, on fait en sorte de se fondre dans le décor. de ne surtout pas bouger une oreille, ne surtout pas se démarquer ni en paroles ni en actes.
La survie est à ce prix.
Emmett l'aura payé très cher.

Emmett, pur produit de Chicago, se rendant dans le Sud pour y passer des vacances auprès de son oncle Moses, c'est un peu rendez-vous en terre inconnue.
Un rendez-vous manqué au regard du final qui défraya la chronique au point de faire date dans l'histoire américaine.
Il se dit même que l'affaire Till serait la pierre angulaire de la lutte pour les droits civiques des noirs aux États-Unis.

Un meurtre barbare ponctué par un pseudo procès torché à la va-vite et au verdict rendu après seulement 67 minutes de délibération, c'était plié d'avance.
Les blancs et leurs prérogatives de vie et de mort sur les noirs avaient encore de beaux jours devant eux.

Bien moins connu que l'affaire Rosa Parks, Emmett Till fait ici l'objet d'une BD.
Porté par un graphisme, aux couleurs paradoxalement apaisantes, qui va à l'essentiel, ce récit marque les esprits de par son inhumanité profonde et son injustice fétide.
Il retrace les derniers jours d'un gamin qui n'avait pas demandé grand-chose si ce n'est de profiter quelques temps de sa famille et de ses amis.
De parfaites caricatures d'humain en auront décidé autrement.

À lire pour découvrir.
À lire pour ne pas oublier.
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Un journaliste blanc va à la rencontre d'un bluesman, un noir. Mais pas n'importe quel musicien noir, cet homme a connu Emmett Till et était avec lui quelques heures avant sa mort. Il a aussi assisté, impuissant, à la folie meurtrière et sadique de Bryant et Milam les deux responsables du meurtre de ce jeune garçon de 14 ans car il aurait soit-disant dragué la femme du premier.

L'histoire de cette bande dessinée n'est pas l'histoire d'Emmett Till. Elle est le point de départ de la discussion et l'auteur se garde bien de donner des réponses toutes faites et bien tranchées. Les flash back entre passé et présent mettent bien en valeur la frustration de la communauté noire condamnée à ne pas savoir ce qui s'est réellement passé - bien que le meurtre ait été avoué par les 2 accusés dans un magazine. Et surtout, on comprend le sentiment d'injustice de cette communauté qui, de part sa couleur de peau est condamnée à être lésée, à ne pas faire de vague. On connaît Emmett Till grâce à la couverture médiatique qui a été faite en 1955 et grâce à la chanson de Bob Dylan. Mais en réalité : combien d'Emmett Till y-a-t-il eu dans ce sud ségrégationniste ? Combien de gamins tabassés à mort et pas retrouvés ou alors dans un très piteux état ?

Cette histoire a émue l'Amérique au point que 50ans après des manifestants avaient fait le rapprochement entre lui et Trayvon Martin qui s'était fait assassiné lui aussi alors qu'il n'était pas armé.
Depuis que ces deux hommes ont été acquittés dans un procès qui n'avait de procès que le nom, les choses ont-elles vraiment évolué pour les Noirs aux Etats-Unis ? Si l'on regarde les émeutes à Philadelphie, les statistiques et le dossier en fin d'ouvrage, on se dit qu'il y a encore du travail.
Oui, les Américains ont élu un président noir.
Oui, ils ont les mêmes droits que les blancs et bénéficient aujourd'hui des lois sur la discrimination positive qui leur permet d'accéder aux universités, par exemple.
Et, oui, il y a aujourd'hui une bourgeoisie noire qui s'est développée grâce à ces lois.
Mais il en suffit de peu pour allumer la mèche, preuve, s'il en fallait une que les vieux démons de l'Amérique blanche ne sont peut-être pas si loin que ça...

Une bande dessinée à lire et à mettre entre les mains d'un plus grand nombre.
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20 août 1955. Emmett Till, 14 ans, descend du train en gare de Money, dans le fin fond du Mississippi. Ce gamin noir de Chicago vient passer ses vacances chez son oncle. Faisant fi des mises en garde, Emmett le fanfaron décide d'entrer dans une épicerie interdite aux nègres. On ne saura jamais ce qu'il s'est réellement passé à l'intérieur mais la femme blanche derrière la caisse accusera Emmett de lui avoir « manqué de respect ». Un affront suffisamment grave pour que son mari et le demi-frère de ce dernier décident de faire payer à l'impudent son comportement inadmissible. le 31 août, le corps d'Emmett est sorti de la rivière, atrocement mutilé. Arrêtés, les deux hommes reconnaissent l'enlèvement du garçon mais nient le meurtre. Au bout de trois jours de procès et 67 minutes de délibération, les jurés, tous blancs, prononcent leur acquittement malgré de nombreux témoignages à charge. Ils ressortent de la salle d'audience sous les vivas de la foule, posant pour les photographes aux bras de leurs épouses, cigares et larges sourires aux lèvres.


Un album plein de rage et d'indignation. Les faits se suffisent à eux-mêmes, il n'est pas nécessaire d'en rajouter, Arnaud Floc'h l'a bien compris. La sobriété renforce l'aspect tragique de cette innommable barbarie. le scénario est habilement construit, multipliant les allers-retours entre 1955 et 2015. On sent la chaleur du mois d'août dans le sud profond, l'humidité poisseuse du bayou, mais aussi la résignation d'une population afro-américaine sous le joug d'une ségrégation séculaire semblant impossible à remettre en cause. On sent la cruauté des bourreaux, la peur panique d'Emmett, sa souffrance, son martyre. Un enfant d'à peine 14 ans… L'émotion monte au fil des pages, la gorge se serre et la colère ne cesse de gronder. On referme l'ouvrage groggy, secoué par tant d'horreur et d'injustice. le dossier pédagogique final, avec remise dans le contexte historique, témoignages et photos d'époque, apporte un éclairage encore plus édifiant à ce fait divers abject.


Une BD d'utilité publique, surtout par les temps qui courent, pour rappeler à ceux qui en douteraient encore que l'inhumanité et la bêtise n'ont aucune limite. La mort d'Emmett aurait inspiré Rosa Parks lorsqu'elle refusa de céder sa place à un blanc dans un bus, en décembre de la même année. le calvaire vécu par ce pauvre garçon et l'acquittement de ses assassins constituent pour certains historiens la pierre angulaire de la lutte pour les droits civiques des noirs aux États-Unis. Un élément déclencheur qui aura eu le mérite de dresser l'ensemble d'une communauté face à l'arbitraire, même si cette revanche posthume n'effacera jamais les supplices endurés.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Le lynchage d'un garçon afro-américain de 14 ans du seul fait de sa couleur par deux sudistes est un crime abominable. Ils ne se sont pas contenter de le tuer mais ont pris soin de leur arracher les yeux préalablement. le pire dans cette affaire est qu'ils ont été acquittés en vitesse (67 minutes) par un jury composé uniquement de blanc avant de donner une interview payante dans un grand magazine pour finalement avouer leur crime en toute impunité. Or, aux USA, on ne peut être rejugé pour le même crime.

On comprend mieux les accès de violence d'une partie de la population américaine à certains faits divers qui peuvent vite dégénérer par exemple les événements de Ferguson. Ce récit assez méconnu se situe dans les années 50 et a été à l'origine du mouvement pour les libertés civiles de ses populations. En faire une bd est plutôt une bonne chose pour le devoir de mémoire même si certaines institutions voudraient qu'on oublie vite pour passer à autre chose.

Cependant, des faits presque similaires se reproduisent assez souvent. Ce jour, en allumant la radio ou en regardant les informations à la TV, on apprend que c'est une famille juive qui a été torturé chez eux par des individus cagoulés du seul fait de leur appartenance à une religion. J'espère qu'un jour toute cette haine liée à la non acceptation de la différence disparaîtra.

Alors, oui, cette lecture est utile et presque incontournable. Il est dommage que la bd ne soit pas allé plus loin dans le déroulé de cette histoire qui n'a pas manqué de rebondissement par la suite. Il faut savoir que la mère du jeune garçon avait fait ouvrir le cercueil afin que des photographes puissent voir comment son fils avait été atrocement mutilé au niveau du visage. Ceci provoqua une immense réaction du public.

Pour autant, les auteurs se sont focalisé sur les 5 derniers jours de la vie de ce jeune garçon qui passait des vacances chez son oncle. La ségrégation ambiante dans les états du Sud est omniprésente et cela nous révolte. le graphisme est réaliste ce qui colle bien pour ajouter à la touche d'authenticité. Ceux qui ont un coeur pourront trouver ce récit bouleversant.

Conclusion : il ne faut plus mourir ou souffrir à cause de la couleur de sa peau et de ses croyances religieuses. C'est pourtant une évidence mais cela a du mal à passer. Cette bd reste malheureusement d'actualité.
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La vie d'Emmett Till est aussi courte que cette bande-dessinée qui retrace son destin tragique.

Honnêtement, je ne connaissais pas l'histoire de ce garçon. Elle est effroyable et révoltante. D'autant plus qu'elle a encore un écho aujourd'hui dans le contexte social tumultueux des États-Unis...
L'auteur a très bien su raconter ce meurtre sans trop romancer. Les dessins sont réalistes et retranscrivent sans fioriture le contexte ségrégationniste des années 50 dans le sud des États-Unis.
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On l'a roué de coups, on lui a arraché les yeux avant de le noyer en lui attachant un poids au cou avec du fil barbelé.
C'était en 1955, c'est à dire hier.
Emmet Till avait 14 ans. Il venait de Chicago, rendre visite à son oncle à Money, dans le Mississippi.
Ah oui, il était noir.

Que s'est-il passé dans l'épicerie de Mme Bryant où il s'est rendu (seul ? En groupe ?) pour acheter des bonbons ? Emmet a t-il sifflé Carolyn Bryant ? A t-il tenté" de lui prendre la main ?

On ne le saura jamais.

Ce qui est sûr, c'est que le mari de Carolyn, Roy Bryant et son demi-frère, Milam, ont enlevé, torturé et assassiné le gamin.
Ce qui est sûr, c'est que les 2 hommes, inculpés d'enlèvement ont été acquittés par le jury.
Ce qui est sûr, c'est qu'ils ont ensuite avoué tranquillement le meurtre, ne pouvant être jugés deux fois, pour la même affaire.
Ce qui est sûr, c'est que ces deux fumiers sont morts dans leur lit.
Ah oui, ils étaient blancs.

En 2014, à Ferguson dans l'Etat du Missouri, un policier a tué un jeune homme, noir, de 18 ans non armé et non dangereux selon l'ensemble des témoins. Acquitté.

Arnaud Floc'h fait oeuvre utile en rappelant ces faits dans cet ouvrage parrainé par Amnesty International, mais acheter cette BD n'est pas seulement une bonne action. le dessin, simple et expressif de Floc'h trouve la bonne distance pour raconter cette histoire horrible et termine sur une note d'espoir appréciable.

A la fin du livre, quelques pages reviennent sur ces événements, avec une chronologie marquant quelques dates repères.

Floc'h donne aussi quelques chiffres, à mon sens moins pertinents faute d'analyse plus poussée : "Au Texas, ..41,6 % des personnes exécutées sont noires", "Les Noirs représentent environ 12,7 % de la population américaine : ils sont 42 % dans le couloir de la mort", "En 2011, il y avait plus de Noirs en prison qu'il n'y avait d'esclaves en 1850"...
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Un journaliste musical vient interviewer un vieux bluesman noir. Mais ce n'est pas sa musique qui intéresse le jeune homme blanc. C'est Emmet Till que l'homme a connu.
Quelques décennies plus tôt, en août 1955, Emmett Till, 14 ans, quitte Chicago pour Money dans le Mississippi. Il doit passer des vacances chez son grand-oncle Moïse et ne sait pas qu'il n'a plus que quelques jours à vivre. le jeune garçon n'a manifestement pas les codes qui prévalent dans le Sud où les Noirs doivent faire profil bas. Près d'un siècle après la guerre de Sécession et la fin de l'esclavage, la rancune des Confédérés est intacte.
Avec l'insolence de son âge et les habitudes du Nord où ses semblables sont un peu mieux traités, Emmett lorgne les femmes et courtise la jolie Carolyn Bryant, l'épicière dont le magasin est interdit aux Afro-Américains.
Mal lui en a pris. Roy, le mari, ne supporte pas qu'un sous-homme ait enfreint les règles tacites. Avec son demi-frère, il lynche le jeune garçon. On repêchera son corps quelque temps après.
Un procès est organisé. Les deux hommes reconnaissent avoir enlevé Emmett mais n'avouent pas le meurtre. Les jurés, tous blancs, les acquittent. Quelques mois plus tard, il vendent leur témoignage à « Look magazine » dans lequel ils avouent avoir bien tué l'adolescent. Rien ne se passera.
Difficile pour un auteur de faire le récit d'une histoire dont on connaît la fin. Arnaud Floc'h introduit finement le personnage du journaliste qui prouve que, malgré le « Civil Rights Act » de 1964 et le « Voting rights Act » de 1965, les Noirs sont toujours victimes de discrimination. Ils sont surreprésentés en prison et dans le couloir de la mort et leur situation financière s'est dégradée sous la présidence d'Obama. Ils sont aussi les premières victimes des violences policières dont les responsables sont souvent impunis.
Avec une rage froide, il décrit le calvaire d'Emmett et le traitement des Noirs dans les années 1950. Une façon de le sortir de l'oubli.
En décembre 1955, Rosa Parks refuse de céder sa place à un blanc dans un bus qui sillonne . Elle est arrêtée. C'est le début d'une mobilisation sans précédent portée par Martin Luther King.
« Emmett Till » est une BD qui pourrait être un bon support pédagogique pour aborder le racisme dans un cadre scolaire.

Lien : http://papivore.net/litterat..
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Cette histoire, c'est celle d'une injustice sans nom. Un crime raciste monstrueux, pourtant passé sous silence, quelques mois avant l'histoire de Rosa Parks. J'ai beaucoup aimé l'angle adopté par la BD. Elle nous informe sur ce qui se passait, dans une Amérique pas si éloignée de nous… Elle fait un pont entre le passé et le présent (et l'actualité de ces dernières années ne peut que résonner…). Les illustrations m'ont moins emballée, mais c'est très personnel. J'aime beaucoup lire des BD instructives et porteuses d'un message fort.⠀
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Spoilers.

J'avoue que je ne connaissais pas ce sombre épisode de l'histoire américaine. L'assassinat d'Emmett Till en 1955 alors qu'il se rend au Mississippi dans le sud profond, là où la haine des Blancs contre les Noirs est au plus fort.
La BD réussit à créer une tension palpable dès les premières pages, le sentiment d'une hostilité prête à exploser, d'une violence cherchant la moindre excuse pour s'exprimer. le danger est imminent. Et cet Emmett Till, qui débarque de Chicago du haut de ses quatorze ans, malgré les vives remontrances de son oncle, semble un peu hâbleur et inconscient de l'environnement où il se trouve. Il ne croit pas vraiment à ça, il joue avec, au détriment de sa vie. Très vite, la femme qui tient l'épicerie crée un scandale de toutes pièces et va dresser son mari et son acolyte dans un règlement de comptes ultraviolent et sordide.

Cet épisode est narré par un témoin de la scène, 60 ans plus tard, à un Blanc qui se révélera être le fils d'un des meurtriers. La réconciliation entre ces victimes collatérales, en quelque sorte, apporte un message de paix et d'espoir.

Un petit bémol cependant concernant cette gestion entre les deux temporalités qui sont mêlées par la voix-off du musicien : pendant un bon moment dans le livre, il n'était pas très clair que c'était le musicien, 60 ans plus tard, qui parlait, et quel rôle il avait eu dans l'histoire.
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Une BD nécessaire pour rappeler un épisode dramatique de l'histoire des noirs aux USA.
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