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Citations sur Le potentiel érotique de ma femme (126)

Il était trop tôt pour revoir la famille et les amis (ils avaient feint un voyage aux Etats-Unis pour ne pas avoir à expliquer leur enfermement social)… Ils décidèrent de repeindre tout l'appartement en blanc et laissèrent, plus ou moins volontairement, la peinture déborder. Ils devinrent blancs pendant quelques jours. Des amants blancs sur fond blanc.
Leur amour était un art moderne.
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La poussière avait veillé sur le lieu, avant de s’ennuyer au point de se reproduire.

Son existence respirait la frénésie ; avec toutes les périodes d’euphorie pure et d’extrême dépression que cela pouvait impliquer. Il ne se souvenait pas d’un seul moment de sa vie où il n’avait rien collectionné, où il n’avait pas été à la recherche de quelque chose. Pourtant, à chaque nouvelle collection, Hector pensait toujours qu’elle serait la dernière. Mais systématiquement, il découvrait dans son assouvissement les sources d’un nouvel inassouvissement.

Certains enfants légèrement délaissés par leurs parents se mettent à collectionner pour se rassurer. L’abandon est un temps de guerre ; on a si peur de manquer qu’on accumule.

Faire croire qu’on est heureux est quasiment plus difficile que de l’être réellement.

Pourquoi les retraités adorent-ils autant les horloges bruyantes ? Est-ce une façon de savourer les derniers croûtons, de sentir passer les ultimes et lents moments d’un cœur qui bat ? On pouvait tout chronométrer chez les parents d’Hector ; jusqu’au temps qu’il leur restait à vivre.

Face à l’innocence, on est face à la vie qu’on ne vit pas.

Il était condamné à être leur cliché. Dans leur regard, il percevait le reflet de celui qu’il avait été la veille. Indéfiniment, ce rapport était un enfermement.

Hector est au creux de la vague, vague qui elle-même est au creux de l’océan, océan qui lui-même est au creux de l’Univers, il y a de quoi se sentir petit.

« Il faut s’avouer malade pour commencer à guérir »

Et sans trop savoir pourquoi, Hector repensa à un dicton croate qui disait qu’on rencontrait souvent les femmes de sa vie devant des livres. A priori, il y avait là un livre.

Quand deux personnes se mentent sur le même sujet, il y a peu de chances de se démasquer.

Hector joua l’habitué des choses de ce genre en tirant partiellement le rideau ; bien sûr, il rêvait d’être dans le noir le plus complet. Il avait peur que leurs corps ne soient pas à la hauteur de leur rencontre. Il restait devant cette fenêtre, un instant, un instant qui devenait assez long, un instant qui n’était plus vraiment un instant mais l’esquisse d’une éternité. Derrière lui, il y avait le corps d’une femme qui n’était plus caché par rien. Hector avait entendu le bruit des vêtements féminins évanouis sur le sol, ce bruit de rien qui justifie les oreilles des hommes.

Elle avait préféré conserver cette découverte fondamentale : pour rencontrer l’amour, il faut chercher la solitude.

Heureusement que tous les bonheurs dérapent, il suffit juste d’attendre.

Les pulsions modernes étaient souvent des révélateurs de passés frustrants

À l’entrée de l’agence était encadré un article de journal qui exposait ce sondage réalisé auprès d’un échantillon représentatif de mille hommes. a) Préférez-vous coucher avec la plus belle femme du monde sans que personne ne le sache ? b) Préférez-vous que tout le monde croie que vous avez couché avec cette femme sans que l’acte se soit réellement produit ? Le résultat confirme d’une manière excessive que, dans notre société, tout n’est qu’affaire de considération des autres. En effet, 82 % des hommes interrogés ont opté pour la seconde réponse.

Tous ceux qui vivent un intense bonheur éprouvent la peur de ne plus parvenir à revivre un tel instant. L’étrangeté du moment élu le troublait tout autant. On aimait parfois d’une manière extravagante dans le douillet du quotidien, c’était peut-être aussi simple que ça. Il ne fallait pas chercher à comprendre, on gâchait trop souvent les bonheurs à les analyser.

En rencontrant Brigitte, il avait cru toucher à la merveille de l’unicité, à la femme des femmes unique dans chacun de ses gestes, unique dans sa façon unique de se mordiller les lèvres, de passer ses mains dans ses cheveux du matin, avec sa grâce et son élégance, femme des femmes, unique en écartant les cuisses. Et pourtant, rien à faire, toujours la même saloperie, lancinante et absurde, toujours cette vie de ver de terre à mener dans une terre réduite.

Pour se sentir bien, il avait trouvé la solution : ne pas chercher à guérir ! Il était comme ça, un point c’est tout. Il aimait les lavages de vitres de sa femme comme d’autres aiment aller aux putes en promenant le chien.

La mort a ses défauts, elle encombre la vie des bien-portants en laissant sur leurs bras ceux qui ne meurent pas.

Il se tassait dans son âge et considérait, pour la première fois, qu’il n’avait pas d’enfants. Quand il mourrait, qui viendrait errer autour de sa tombe ? Qui viendrait jeter des fleurs ? Personne ; sans progéniture, les tombes restent des tombes, et ne connaissent jamais le douillet des pétales. Il semblait à Hector qu’il avait toujours cherché une bonne raison de faire un enfant, et qu’il venait de la trouver là, dans l’évidence de sa future solitude.

Dans le mensonge et dans la vérité, les femmes sont fascinantes.

Bien des hommes rêveraient d’être cocus, juste pour pouvoir tromper à leur tour, enfin sans culpabilité. À l’évidence, il adaptait ses subites théories à son état de futur érémitique. Il n’y avait aucun doute sur une telle échéance car on disait les femmes bien plus entières que les hommes. Elle le quitterait, donc. Et il ne serait alors plus rien qu’un homme quitté.

La vieillesse réduit l’espace vital des couples. On finissait l’un sur l’autre, comme si on se préparait pour la concession.

Hector contempla cette mèche avec une si grande émotion... D’une manière ultra-fugitive, il ne put s’empêcher de penser à la collection de Marcel. Il s’agissait d’un réflexe de sa vie antérieure qu’il ne maîtrisait pas complètement ; même s’il ne collectionnait plus rien, il continuait de penser très souvent aux collections.

Après avoir collectionné, entre autres, les piques apéritif, les badges de campagne électorale, les peintures de bateaux à quai, les pieds de lapin, les cloches en savon, les bruits à cinq heures du matin, les dictons croates, les boules de rampe d’escalier, les premières pages de roman, les étiquettes de melon, les œufs d’oiseaux, les moments avec toi, les cordes de pendu, Hector est tombé amoureux et s’est marié. Alors, il s’est mis à collectionner sa femme.
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Il faut toujours se méfier des Suédois qui ne sont pas blonds.
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Hector constata que le jour où il se retrouvait face à tous les gens qu’il connaissait, son apparence était un creux de la vague. Il y avait là le signe incontestable d’une vie sociale ratée. Pourtant, cette chute de moral collectif fut éphémère. Quand on organise un anniversaire surprise, on est obligé de surjouer la bonne humeur (il faut être invité pour avoir le droit de tirer la gueule). Ils se sentaient tous responsables d’infliger une telle humiliation à Hector. Alors, ils se laissaient aller à des sourires mielleux.
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les pères sont les aventuriers des temps modernes.
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sans progéniture, les tombes restent des tombes, et ne connaissent jamais le douillet des pétales.
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HECTOR avait entendu le bruit des vêtements féminins evanouis sur le sol, ce bruit de rien qui justifie les oreilles des hommes.
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Hector avait une tête de héros. On le sentait prêt à passer à l'acte, à braver tous les dangers de notre grosse humanité, à embraser les foules féminines, à organiser des vacances en famille, à discuter dans les ascenseurs avec des voisins, et, en cas de grande forme, à comprendre un film de David Lynch.
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Pour l’instant, il fallait sauver la face, faire croire aux autres qu’il n’y avait rien de grave, que les chutes étaient fréquentes dans nos sociétés glissantes. Elle se forcerait même à rire. Les femmes arrivent toujours à maintenir le cap dans la dérive chronique des hommes. À présent qu’elle avait écarté les interrogations des autres, elle se retrouvait face à la sienne. Immense, majeure interrogation, interrogation sans le moindre écho dans l’histoire des interrogations.
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Hector est au creux de la vague, vague qui elle même est au creux de l’océan, océan qui lui-même est au creux de l’Univers, il y a de quoi se sentir petit.
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