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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Nous sommes en 2058. le Réseau – qui a remplacé Internet depuis des décennies – sait pratiquement tout, sur tout le monde ! La société (mondiale) actuelle se divise en plusieurs catégories, les deux principales demeurant les « rienacalistes » (qui n'ont rien à cacher) et les « nonymes » (qui protègent leur identité en évoluant sous un pseudonyme) Les citoyens les plus âgés sont majoritairement des membres de la première catégorie, les générations nées après 2027 faisant plutôt partie de la seconde … Toutefois chacun est (encore) libre de son choix !

Camille Lavigne (la narratrice) est une « nonyme » : personne ne la connait donc sous son vrai nom (son pseudo est Dyna Rogne…) Son ami Maxime Bellanger – lui – est un « rienaca » qui étale toute sa vie sur le Réseau … Généralement, les uns et les autres évitent de se fréquenter. (Un « rienaca » est une version modérée du « rienacaliste » qui est pour la « mise à nu » totale des individus …) de même que le « nonyme » est une version modérée du « noniste » qui – lui – ne fréquente même plus ses parents … Un choix qui se fait souvent lorsqu'une personne atteint sa majorité … Et puis il y a (plus rarement !) les « vifistes » comme la « mystérieuse » Irina Loubovsky (dont le pseudonyme est Anna …) Ces derniers mènent une existence exclusivement virtuelle … Malgré cela, tout un chacun peut parfaitement décider de se rendre dans un café, aller au restaurant ou faire la fête en boite de nuit, comme dans le « bon vieux temps » …

Les gens sont pucés, le Réseau entièrement transparent … Chacun a son « métadicateur » (sorte d'appréciation individuelle, décernée par les autres au fur et à mesure des années, selon son comportement …) À l'origine, le but principal était d'éradiquer la criminalité. Jusqu'à l'apparition des « Obsuranets », des cyber-terroristes bien décidés à détruire ce système qu'ils jugent toxique …

En y réfléchissant, ça donne vraiment des frissons ! D'aucuns vous diront que nous n'en sommes pas très loin, la Chine semble déjà y adhérer …

Une intrigue édifiante, particulièrement bien construite. Un récit passionnant, à mi-chemin entre réflexion philosophique, anticipation, thriller et polar. Un roman plutôt lucide sur les dangers de notre société – devenue aujourd'hui par trop intrusive – et ses nombreuses dérives (passablement inquiétantes !) qui en résultent … Dérives provoquées par une utilisation – pratiquement systématique – des outils informatiques à notre disposition. Une « intelligence artificielle » parfois bien utile mais qui porte de plus en plus atteinte à la vie privée et au libre arbitre.

C'est clair : un gros coup de coeur en ce qui me concerne ! Je l'ai « dévoré » en une soirée et une matinée !
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[Roman reçu à l'occasion de la masse critique]

La Transparence selon Irina : voici un livre dont le titre ne m'avait pas attirée de prime abord, mais dont le résumé en quatrième de couverture m'avait intriguée : à la fin de ma lecture, je dois dire que ça faisait un moment que je n'avais pas lu d'histoire aussi captivante, avec un questionnement de fond très actuel, à savoir l'omniprésence des réseaux dans notre vie quotidienne et le développement de l'intelligence artificielle.

Le style de Benjamin Fogel est agréable et le rythme rapide, propre au thriller réussi. J'ai apprécié l'idée d'un monde prônant la transparence des données de chacun sur le Réseau (c'est-à-dire que tout le monde peut désormais y avoir accès publiquement, de l'acte de naissance à la musique que l'on écoute en ce moment). Bien qu'elle soit très angoissante, elle encourage, en ligne de fond, le lecteur à réfléchir sur les usages actuels des réseaux sociaux et des services numériques. Les néologismes m'ont également amusée : les "rienacas" pour ceux qui abondent dans le sens de l'ère de la transparence et qui n'ont rien à cacher, les "nonymes" pour ceux qui, au contraire, veulent séparer leur vie réelle de leur vie virtuelle, et qui choisissent de prendre un pseudo dans la réalité ; les "obscuranets", qui eux s'opposent au Réseau et à la vie (trop) numérique de ce monde qui n'est plus si éloigné du nôtre.

Enfin, la relation étrange entre l'héroïne, Camille alias Dyna, et Irina, une essayiste très influente sur le Réseau, apporte quelque chose de plus à ce livre d'anticipation sociale. J'ai beaucoup aimé la fin du roman, bien qu'une question reste en suspense, même si elle n'est pas essentielle. Je recommande dans tous les cas vivement la lecture de cet ouvrage.
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Paris, 2058.

Le monde a joué à pile ou face, et désormais, la vie se déroule sur le Réseau, émanation de l'internet actuel dont se sont emparé (et l'idée déjà est intéressante quand t'y réfléchis) les gouvernements de la plupart des pays du monde (le tiers monde reste à la masse, c'est intéressant aussi quand t'y réfléchis) avec un seul mot d'ordre, supposé mettre fins aux maux de la société telle qu'on la connait: la transparence.

Transparence...

Déjà, on comprend qu'en terme d'anticipation, on est plus dans une extrapolation du réel que dans la vision d'un univers parallèle, ce qui donne au demeurant tout son piquant à l'objet.

En bref, l'idée c'est que désormais, toutes les informations portant sur chaque individu (état civil, emploi, compte bancaire, santé, activités, mode de consommation etc...) sont publiées, et accessibles sur le Réseau.

Chacun doit, a minima, actualiser ses données de bases et sa photo de profil, une fois par an.

Le principe du revenu universel a été instauré, de sorte que les inégalités liées à l'argent ont disparu. Est-ce pour autant la fin des inégalités? Pas vraiment.

Les enjeux portent désormais sur l'influence, le pouvoir sur le Réseau: engendrer des pouces en l'air, de la reconnaissance, de l'admiration.

Le concept psycho-sociologique de désirabilité sociale fait norme.

Camille Lavigne s'active sur le Réseau pour conforter le statut et la position de l'essayiste Irina Loubovksi, gardienne autoproclamée du penser-bien qui n'hésite pas, si un plan présente des accrocs, à démolir qui voudrait la contredire.

Irina, c'est pas quelqu'un de sympa. Mais elle détient une forme de pouvoir fascinant. Camille sent bien que parfois, tout va beaucoup trop loin, mais Camille désire plus que tout la reconnaissance d'Irina, seule susceptible de lui permettre d'atteindre les sommets du Réseau.

Alors Camille ferme les yeux et, pour retrouver son souffle, se fond dans l'anonymat sous la fausse identité de Dyna Rogne.

Car cette société qui n'a plus rien à cacher tolère une part de mystère: on les appelle les nonymes, il se retrouvent dans la "vraie vie" (enfin du moins ce qu'on appelle la vraie vie aujourd'hui) et masquent alors leur identité réelle pour redécouvrir les joies de l'apprentissage de l'autre.

Camille trouve un équilibre, un peu instable, entre ses deux identités, jusqu'au jour où Camille se fait agresser, à l'ancienne: dans les toilettes d'un bar, événement qui va l'amener à s'interroger sur son identité au delà du Réseau, au delà des nonymes et revenir la question que se pose l'humanité depuis qu'elle est humanité: peut-on jamais connaitre son prochain?

Je vous vois venir, mais je vous arrête tout de suite, La transparence selon Irina n'est pas une dystopie, et c'est d'ailleurs ce qui fait la force du roman.

Parce que ce monde de 2058, s'il a changé du tout au tout dans sa manière de fonctionner, d'appréhender les hommes, la nature..., n'a rien d'une dictature ou d'un univers plus oppressant que le nôtre.

Si le monde décrit par Benjamin Fogel inquiète, c'est uniquement parce qu'il est le miroir de la société actuelle.

Tout le talent de l'auteur réside précisément dans la manière dont il a envisagé un avenir totalement différent, mais qui n'est ni meilleur, ni moins bon que le présent.

Ce que les humains ont perdu en liberté avec la transparence, ils l'ont retrouvé sous une autre forme, une peu comme dans les lampes à lave la cire varie en forme, en taille, en nombre, mais jamais en quantité.

Benjamin Fogel décrit avec une infinie précision le basculement des zones de conflit, des enjeux de pouvoir.

Il créé ainsi un univers ultra crédible dont le réalisme permet de se concentrer sur ce qui est finalement le véritable enjeu du roman: l'être humain, sa nature profonde, sa quête d'identité et son rapport à l'autre.

Publié chez Rivages noir, La transparence selon Irina n'est pas vraiment un polar, mais il est définitivement à lire pour la pertinence de son propos, sa vision optimiste, finalement (oui, je le dis) de l'avenir de l'humanité et la multitude de questions (intelligentes en plus) qu'il engendre.

(Fun fact: le personnage principal de Camille est caractérisé par son androgynie. J'ai cherché, mais je n'ai pas trouvé d'erreur de la part de l'auteur qui réussit donc la prouesse de ne jamais genrer son personnage principal en 272 pages. Perso j'ai essayé sur ce petit article, et j'ai déjà trouvé ça hyper pénible, alors bravo Benjamin!)


Lien : https://chatpitres.blogspot...
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Imaginez un monde où existence réelle et existence virtuelle se confondraient, un monde où tout ce que vous faites, ce que vous pensez, les données inhérentes à votre santé, votre sexualité, votre alimentation, votre compte bancaire, votre casier judiciaire seraient publics… C'est ce que Benjamin Fogel imagine dans « La transparence selon Irina ». Nous sommes en 2058, Internet s'est effondré et a été remplacé par le « Réseau ». Lors de ce crash, de nouveaux modes de fonctionnement ont été mis en place. La transparence est l'un d'entre eux. La vie privée n'existe plus, l'anonymat est caduc. Chacun possède désormais un métadicateur, un indice qui valorise ou sanctionne votre comportement en société. Votre vie est désormais dirigée par le « Réseau » qui vous invite à rencontrer des gens pouvant vous correspondre, vous encourage à poster en ligne vos activités, vos opinions politiques, vos avis divers et variés sur tout et n'importe quoi. Vous vivez dans un logement connecté et optimisé (10 m2), vous touchez un revenu universel (égalité salariale globale), vous n'avez plus de collègues puisque vous télétravaillez.

Comme dans toute société recalibrée, le système mis en place rencontre des résistances. Quelques individus refusent de se plier à ces nouvelles normes et luttent pour préserver une frontière entre IRL (in real life) et IVL (in virtual life). Ces Nonymes (anonymes) veulent disparaître des radars et protéger leur vie privée. Pour cela, ils utilisent des pseudonymes dans la vraie vie. A contrario, les Rienacalistes (rien à cacher), « royalistes de la transparence » bataillent pour interdire l'anonymat et standardiser IRL et IVL. Une autre catégorie officie sur ce gigantesque jeu d'échecs, les Vifistes, personnes qui croient dur comme fer à leur vie virtuelle et sont très soucieux d'exister sur le Réseau (toute ressemblance avec des personnes existantes serait purement fortuite…). C'est dans ce monde « idyllique » que navigue Camille Lavigne, une nonyme qui utilise un pseudo sur le Réseau. Chaque jour, elle débat en ligne avec Irina Loubovsky, encyclopédie vivante qui exprime ses opinions, rédige des essais et commente chaque post. Cette société lisse, même si basée sur la surveillance, a aussi créé des Obscuranets, « organisation qui s'oppose au Réseau et à la prolifération du monde virtuel ». Ces cyberterroristes ont le dessein de libérer le peuple de ce contrôle et entrent progressivement dans « La transparence selon Irina » pour organiser des actions musclées qui viennent faire tanguer une tranquillité toute relative.

Benjamin Fogel prend son temps dans ce premier opus d'une trilogie pour installer cette société futuriste, ses règles, son fonctionnement et ses personnages. Camille Lavigne et Irina en sont les points d'orgue. Il développe petit à petit la nature d'Irina qui a fait du Réseau sa force de frappe. Elle a un avis sur tout et n'hésite pas à le faire savoir. Brillante, polémique, elle dézingue à loisir des argumentations parfois très construites. Elle bénéficie d'une influence conséquente, prend un plaisir fou à détruire les réputations, et utilise même le Réseau pour se venger. Elle inspire la peur autant que l'admiration et à ce titre engendre des émules qui voudraient bien être aussi « populaires » et intelligentes qu'elle. Comme Camille par exemple. Pourtant, personne ne sait réellement qui elle est vraiment, quels sont ses buts ou ses aspirations. Énigmatique, elle demeure… jusqu'à penser qu'elle fait peut-être partie des Obscuranets… Une autre petite dissonance dans le merveilleux monde de « La transparence selon Irina »…

Ce ne sera pas la seule, mais cela, je vous laisse le découvrir. La tension monte crescendo dans la douce transparence où tout le monde ne semble pas être du même avis sur les objectifs futurs. L'écrivain ne s'interdit rien, ni d'utiliser les codes du thriller, ni de toucher au roman noir, encore moins de faire appel à nos capacités de raisonnement philosophique (si toutefois il nous en reste…) Les personnages prennent de l'épaisseur, les problématiques se densifient, les rébellions s'amplifient et les secrets révélés au compte-gouttes pulvérisent la notion même d'ennui. Il est impossible de placer Benjamin Fogel dans un genre littéraire, il papillonne allègrement dans les diverses cases où l'on voudrait le ranger.

Voilà pour l'univers de « La transparence selon Irina » qui vous donnera peut-être envie de découvrir ce premier tome… Place aux thématiques abordées ! On se demande bien pourquoi Benjamin Fogel a choisi un tel sujet : la vie virtuelle qui supplante la vie réelle … le besoin de s'afficher, la nécessité d'exister sur les réseaux, l'obligation de créer du buzz pour briller. Laissez-moi réfléchir… peut-être parce que cela existe déjà ? Sagace observateur de notre époque, il fait simplement le constat de la direction prise par notre société en poussant un peu les curseurs. Interrogeons-nous deux secondes sur ce que nous faisons actuellement sur les réseaux et prenons un exemple au hasard : le monde du livre et de sa promotion. (coïncidence totale !) Si vous suivez des chroniqueurs, des « influenceurs » et autres nouveaux métiers en -eurs, vous avez certainement remarqué comme il est de bon ton de créer des polémiques pour faire le buzz et de dézinguer des romans pour tirer la couverture à soi. En matière de chroniques littéraires, mieux vaut désormais une belle photo, si possible avec l'auteur et son bouquin, dix lignes de résumé, cinq d'un « avis » truffé de fautes. Mais attention, la police du Bescherelle ou d'Instagram veille pour vous renvoyer dans vos buts. Quatre cent cinquante-six messages d'opinions diverses et variées sur « un chroniqueur littéraire doit-il maîtriser la grammaire et l'orthographe ? » On a oublié le roman, mais on a créé le buzz. Opération réussie. Comment briller en société, niveau 1 atteint !

Autre thématique abordée brillamment dans « La transparence selon Irina » : la notion de vie privée qui perd du terrain. Certains auteurs se sont déjà frottés à l'exercice de démontrer à quel point cette exposition permanente de « Ma vie, mon oeuvre » attaque notre intimité, et à terme notre santé mentale à cause de tous les commentaires auxquels nous devons faire face. En 2024, on montre déjà ses enfants, son conjoint, les plats que l'on mange, les endroits que l'on visite, les vacances. On navigue entre Instagram, ex-Twitter, Tik Tok, les sites de news, les groupes What's app. Nous passons notre temps à donner des informations confidentielles sans même nous en rendre compte… Sauf que… les vampires des réseaux, fouineurs pathologiques, eux les collectent et viennent lentement s'immiscer dans nos vies pour pouvoir mieux les contrôler et les diriger. Il y a de quoi s'interroger sur notre capacité d'analyse (s'il en reste !).

Une petite dernière pour la route afin d'exciter vos papilles : la notation. Comme expliqué plus haut, chaque individu bénéficie d'un métadicateur censé révéler si vous êtes ou non un bon citoyen. La note comprend à la fois ce que vous faites sur le réseau, et l'ensemble des différentes notations que les autres usagés vous ont données. Ainsi, si nous analysons notre société actuelle, nous notons déjà notre Uber, le restaurant dans lequel nous avons mangé, le service client dans différents magasins (où nous répondons à des « enquêtes qualités » sans imaginer les répercussions qu'elles auront sur les salariés en question), où nous nous armons de notre plus belle plume pour écrire des commentaires sur Google, chaque fois que nous sommes insatisfaits, force est de constater qu'il n'y a qu'un pas entre noter et être noté. Dans « La transparence selon Irina », il existe un système de débit et un crédit comportemental, social, intellectuel qui se rapproche très dangereusement de nous…

Alors, Benjamin Fogel est-il manichéen ? Paranoïaque ? Boomer ? (je vous arrête tout de suite, il est né en 1981, va falloir trouver un autre argument !) ou visionnaire ? le moins que je puisse dire, c'est qu'il est créatif, ingénieux, et que son imagination est sacrément fertile ! J'ai une admiration sans bornes pour les auteurs qui créent un univers de toutes pièces, en inventant une terminologie qui leur est propre, des problématiques puisées dans notre monde actuel pour mieux les dilater. Cela change de ces romans où l'on se regarde le nombril, écrits par des auteurs germanopratins qui nous barbent avec leurs problèmes existentiels et font preuve de zéro imagination.

Riche en rebondissements, en réflexions sociales et politiques, de liens entre aujourd'hui et demain, et d'émotions, « La transparence selon Irina » est unroman noir d'anticipation romanesque et intelligent qui donne sacrément envie de lire les deux suivants « Le silence selon Manon » et « L'absence selon Camille ». Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce premier tome tant il est dense et foisonnant, mais je risque de perdre quelques points de mon métadicateur pour cause de chronique trop longue… Je vous laisse prendre l'initiative de vous ruer chez votre libraire.
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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En principe, les romans d'anticipation ou de SF sont absents de ce site.
En théorie, j'ai tendance à préférer des romans plus dans notre réalité ou dans notre passé.
En pratique, Benjamin Fogel nous propose ici un roman d'anticipation, mâtiné de thriller et totalement d'actualité.
Quoique niveau anticipation, l'auteur ne situe pas son roman bien loin, à peine 40 ans.
Big Brother est finalement là et la référence à George Orwell est clairement présente dans ce texte puisque non seulement le thème est la transparence totale de toutes les informations concernant chaque personne par le biais du Réseau, mais une utilisation d'une novlangue y est de plus présente.
Il existe des dizaines de termes pour qualifier le positionnement des gens par rapport au Réseau : les rienacas, les rienacalistes, les nonymes, les nonistes, les vifistes, les airlai, les fouineurs ; une litanie de novlangue. Mais il n'en existe aucun pour les gens qui, comme moi, s'en foutent.
Si vous ne connaissez pas 1984 d'Orwell, je vous encourage à le lire, mais juste après La transparence selon Irina 😊
Une sorte d'hyper réseau social qui aurait englouti toutes vos applis actuelles : Facebook, Twitter, Insta, WhatsApp, etc… Pucés dès votre naissance, rien de ce qui vous concerne n'est secret pour personne et chacun ne vit qu'au travers de ce Réseau.
Avouez que si l'action se déroule dans 40 ans, aujourd'hui on n'en est pas très loin, surtout quand vous passez beaucoup (trop) de temps sur les réseaux sociaux où vous partagez les photos de vos bambins, les dates et lieux de vos vacances, vos derniers résultats médicaux. Ça ne vous rappelle rien ?
Elle se souvient de cette époque où les gens s'exposaient sur les réseaux sociaux, non pas dans une logique de transparence, mais au contraire avec le désir d'offrir une vision fantasmée de leur vie.
Irina est une des stars de ce Réseau, suivie par des milliers de personnes, de fans. Elle a un avis sur tout et ne supporte aucune contradiction.
Son « bras droit », fidèle et dévouée, c'est Camille qui oscille entre défenseuse de la transparence et adepte du « nonyme », se créant pseudos et autre vie pour écumer les bars sans être affichée sur son profil. Proche des Obscuranets, un groupe d'activiste refusant de se plier au Réseau, ses convictions commencent à vaciller lorsque son ami Chris, policier chargé de les traquer est assassiné. Tiraillée entre son amour pour Irina et son désir de liberté Camille va devoir faire des choix.
Benjamin Fogel tire donc la sonnette d'alarme sur ces réseaux qui ne nous veulent pas que du bien, leurs dangers pour des personnes fragiles, leurs méfaits car peuplés de personnes agressives qui s'en servent de défouloir, mais aussi dangereux car pouvez-vous être sûr de qui est de l'autre côté de l'écran ?
Pour Irina, les systèmes informatiques sont une projection de la psyché humaine et le Réseau a émergé pour justifier l'inavouable, à savoir que nous ne supportons plus de vivre ensemble. Nous aurions, selon elle, créé un cadre où nous pourrions continuer de vivre ensemble, tout en restant à l'écart des autres.

La transparence selon Irina est plus qu'un roman, c'est une réflexion approfondie sur nos comportements actuels et ce qu'il va (risque de) se passer dans les années à venir que cela soit au niveau humain ou même politique. Un roman à lire et à conseiller, même s'il n'est pas sûr que nous puissions arrêter la machine.

Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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2060. Bienvenue dans un monde où le Réseau a remplacé l'Internet qu'on connaît actuellement. Irina Loubovsky arpente le Réseau à la recherche de débats où elle pourra imposer son savoir et son influence. Sur ce Réseau, Camille Lavigne est fascinée par cette femme aussi mystérieuse que brillante. Bien que Camille ait toujours souhaité la rencontrer, Irina se dérobe. Pour ne pas mélanger la vie sur le Réseau et la vie réelle ? Ou pour une toute autre raison ? A cette époque, les humains sont répartis entre deux groupes, les rienacas qui ne cachent rien de leurs vies, réelle et virtuelle, et le nonymes, qui eux, au contraire tentent de séparer les choses. Ne rien dévoiler du réel dans ce monde virtuel. Camille est de ceux-là. Elle est aussi Dyna Rogne dans le monde réel. Deux êtres, deux existences distinctes. Elle reste anonyme. Au milieu des nonymes et des rienacas, un groupe de dissidents, les Obscuranets, qui tentent de déstabiliser le Réseau pour rétablir un semblant de vie normale. Que cherchent-ils réellement ? Et pour lutter contre les agissements de ce groupuscule, la BAO, une nouvelle unité créée pour se défendre contre les attaques des Obscuranets. Camille évolue dans ce monde que certains ont du mal à reconnaître. Son obsession pour Irina semble la couper d'une réalité qui elle aussi se délite et se distend. Alors lorsque le compagnon de son amie Juliette, Chris Karmer, flic à la BAO est retrouvé mort, Camille réfléchit à la suite à donner à cette relation virtuelle avec Irina. Jusqu'où va-t-elle pouvoir aller ? Que ressent-elle vraiment ? Cette vie virtuelle et sa vie réelle peuvent-elles coexister sans dommages pour elle ou ses proches ? Camille, un nom épicène, volontairement choisi pour troubler ses compagnons et amant.e.s mais aussi le lecteur. Finalement le genre n'a pas beaucoup d'importance. le plus important est ailleurs. Une réflexion sur le Réseau, la connexion, les illusions, la dissimulation et la dépersonnalisation des êtres. Peut-on réellement se fier à tout le monde même si on est un rienaca ? Peut-on rester nonyme jusqu'au bout ? Qui trahira l'autre ? Qui découvrira l'identité de l'autre le premier ? Irina, Camille, Chris, Lukas. Ils ont tous quelque chose à cacher. A vous le découvrir.
Lien : https://cafenoiretpolarsgour..
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Pour justifier chaque restriction de liberté nos dirigeants respectifs jurent le faire au nom du bien collectif, de notre sécurité, avancent des arguments politiquement corrects et exposent un lot de bonnes intentions dont, on le sait bien, l'enfer est pavé. Notre société avance ainsi cahin-caha vers une dictature qui ne dit pas son nom, d'autant plus supportable pour le péquin qu'elle paraît douce : tout est fait pour vous faciliter la vie : un petit clic et paf, qu'importe que vous soyez fliqué par des sociétés privées plus riches que la plupart des états ! Dans « La transparence selon Irina » Benjamin Fogel accélère légèrement le processus. Si légèrement que j'hésite à parler de dystopie. Si foncièrement que c'en est une, à coup sûr. Nous sommes en 2058, notre société a continué son bonhomme de chemin dans la direction qu'on lui connaît. La plupart des gens sont en télétravail (je le précise, le livre a été écrit avant le confinement), l'écologie est une préoccupation première (prendre l'avion est mal vu...), on a fait le ménage dans les réseaux sociaux et ne subsiste plus qu'un réseau unique, l'argent liquide n'existe plus, une petite puce implantée dans l'avant-bras sert (entre autre chose) de moyen de paiement. Tout passe par le réseau et participe à déterminer votre métadicateur, votre note. La plupart des relations sociales se passent IVL (In Virtual Life) en être exclu peut-être douloureux et le niveau de votre métadicateur se révèle crucial (qui donc va avoir envie d'engager une relation avec une personne au métadicateur pourri ? D'autant que cela risque de faire baisser le votre…). Vous pouvez aussi avoir une vie sociale IRL (In Real Life), mais un métadicateur trop bas peut vous valoir de vous faire refuser l'accès à certains lieux et vous n'échapperez de toute façon pas au contrôle puisque vous paierez avec votre puce qui transmettra au réseau exposant ainsi à la vue de tous vos achats et votre géolocalisation… Une vie de rêve… le plus surprenant est que dans cette société de contrôle l'ambiguïté parvient à garder une place de choix : personnage androgyne au prénom épicène, valse des pseudos IRL et IVL… Et puis, qui est Irina, cette insaisissable intellectuelle dont s'est entiché Camille ?
Mon humble avis est que Benjamin Fogel a réussi une dystopie passionnante, un roman haletant.
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Un roman passionnant, qui éclaire par le biais du thriller d'anticipation des concepts et des situations déjà en germe dans notre société actuelle. le roman mêle parfaitement le côté romanesque (on s'attache vraiment aux personnages, qui ont des psychologies très fouillées) et le côté "anticipation", avec une réflexion ultra-pertinente sur nos modes de vie actuels et le futur potentiel vers lequel nous tendons. Benjamin Fogel a un regard très pointu sur la société, mais il est aussi capable de captiver le lecteur en jonglant avec plusieurs genres pourtant très différents : l'histoire d'amour, la réflexion politique, l'enquête policière et le thriller psychologique... À lire absolument, pour penser en profondeur notre présent et notre avenir.
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J'ai lu ce livre parce qu'on m'en avait dit le plus grand bien alors que je ne suis pas coutumière de ce genre, et je n'ai pas été déçue du voyage ! le monde que décrit Benjamin Fogel fait froid dans le dos tant il semble nous attendre au bout du chemin (même si j'avoue que je n'aurais rien contre un "régulateur de vie" à la maison !) et j'ai adoré avoir l'impression de sillonner Paris aux côtés de Camille, boire des coups avec ses amis, craindre avec elle (ou lui, comme vous préférez) ses ennemis. Bref, une expérience aussi glaçante et palpitante que les meilleurs thrillers... Mais je n'aurais pas mis la 5e étoile si je n'avais pas été, au bout du compte, bouleversée par l'histoire et le destin des personnages. Car La Transparence selon Irina est un roman de genre qui, à l'instar de Blade Runner, interroge surtout les sentiments humains. Foncez !
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