Elle faisait ça, Elisha, parfois. Des petits coups de poignard avec les mots. C'était toujours quand elle était triste.
"Il comprit qu'on ne vit pas seulement d'air, d'eau, de chaleur, de lumière, de nourriture et de conscience du temps.
Alors de quoi se plaignait-il encore? De quoi vit-on en plus de tout cela?
On vit des autres.
C'était sa conclusion.
On vit des autres."
Un compliment, dit par un salopard, fait aussi plaisir qu'une bonne crème servie dans un cendrier sale.
"Ce jour-là, Tobie comprit, en regardant Maïa, que quand on pleure quelqu'un, on pleure aussi ce qu'il ne nous a pas donné. Maïa pleurait la mère qu'elle n'avait pas eue. Désormais, c'était certain, une mère idéale ne traverserait pas sa vie (p.182)".
La largeur de la toile du vêtement était à la mesure de l’âge. Les petits enfants vivaient tous nus, puis on leur mettait autour de la taille une petite bande de lin, on les appelait alors Brin de Lin, et chaque année, on retissait quelques nouvelles rangées. On disait d’une jeune fille « elle a peu de lin », et d’un vieillard, « il porte sur lui un champ de lin blanc ». À quinze ans, le vêtement couvrait depuis les cuisses jusqu’à la poitrine. À la fin de la vie, une dernière rangée de tissu transformait la robe en linceul.
La deuxième vie commence là où l'on comprend qu''il n'y en a qu'une
Quand la lune n'est pas là, les étoiles dansent.
A cent pieds sous lui, au milieu d'une énorme branhe cabossée, s'étendait un vaste lac. Un lac suspendu au milieu de l'arbre. Une merveille. Une branche avait dû s'arracher et laisser un grand trou dans l'écorce où luisait maintenant un lac d'eau claire Des taillis de haute mousse venaient jusque sur la rive et Tobie voyait même des plages d'écorce blanche, des criques délicieuses où il aurait pu planter sa tente. Le ruisseau qu'il avait suivi se jetait dans ce lac. Il formait une chute d'eau vertigineuse qui faisait mousser l'eau transparente du lac. Joli destin pour son jus de chaussette.
"La maison était boiteuse et minuscule, mais il n'y a pas de plus grande joie que d'entendre le sifflement de la tempête à l'abri d'une maison que l'on a construite de ses mains"
Sa mère, qui lui avait appris à lire à l’âge de trois ans, lui disait que les mots sont des combattants de l’ombre. Si on choisit de devenir leurs amis, ils nous aident toute la vie. Sinon, ils se mettent en travers de notre chemin. Maïa lui expliquait que c’était à cause de cela qu’on disait « connaître » un mot ou un langage, comme « connaître quelqu’un