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sur 218 notes
Caroline Fourest s'intéresse au « politiquement correct » qui débarque gentiment de ce côté-ci de l'Atlantique, venu des États-Unis après un passage par le Canada. de plus en plus, les réseaux sociaux s'indignent à la première suspicion d'appropriation culturelle. Faut-il être trans pour parler des trans, ne peut-on plus que parler que de sa propre couleur de peau, faut il un test ADN ou s'aider d'un nuancier pour mesurer sa légitimité ? Et pour les religions ? le mélange des genres n'a-t-il par toujours fait partie des démarches artistiques ? Puis-je me faire des dreadlocks si je suis norvégien ?

Et d'où viennent ces réflexes identitaires et qui cachent-ils ?

Caroline Fourest revendique le droit à s'exprimer, à créer librement, en différenciant l'hommage (ou l'inspiration) du pillage culturel. Elle refuse de voir sa parole confisquée par des mouvements identitaires et appelle au respect des diversités
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On ne serait pas capable d'évoquer un sujet, de prendre fait et cause pour des combats qui nous tiennent à coeur, simplement parce que nous ne faisons pas partie de la communauté concernée.
Du reste, c'est bien le souci. Chacun se replie sur son groupe et détruit l'universalité des causes justes. Sous prétexte d'» appropriation culturelle », une actrice hétérosexuelle ne peut incarner une femme homosexuelle, un enfant américain ne peut se déguiser en enfant japonais pour sa fête d'anniversaire,
Ce n'est qu'un extrait des multiples exemples que cite, détaille et analyse l'autrice de cet essai qui fait froid dans le dos. Car ça va loin, trop loin de mon point de vue. Des professeurs d'universités américaines sont priés de s'excuser d'être blancs au nom du repentir de l'esclavage, des élèves sont dispensés de cours s'ils jugent que le sujet peut être blessant pour leurs origines.
Bref, c'est édifiant. J'ai beaucoup apprécié le propos de l'autrice qui démonte ces positions en complète contradiction avec la liberté d'expression.
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Génération offensée
Caroline Fourest
essai, Grasset, 02/2020, 162p


Caroline Fourest est née à Aix-en-Provence, d'une famille bourgeoise. Elle a fait des études d'histoire et de sociologie à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. C'est une figure médiatique depuis les années 2000. Elle est journaliste, essayiste et réalisatrice. C'est une polémiste redoutable mais controversée. Les photos montrent une jeune femme à l'oeil vif, très vif, et au regard espiègle.
Dans l'essai qui nous intéresse, C. Fourest dit clairement d'où elle parle. La question, D'où tu parles, camarade ? était posée en 68 à tout orateur qui exposait ses thèses, selon la logique marxiste, selon sa construction sociale. C. Fourest parle en tant qu'homosexuelle qui lutte pour le droit d'aimer qui on veut sans se soucier des genres, universaliste, partisane d'une gauche républicaine, une ancienne collaboratrice de Charlie Hebdo qui continue leur combat pour la liberté d'expression. J'ajouterais qu'elle est, comme Michel Foucault, une artificière qui veut qu'on puisse avancer, qui veut faire tomber des murs.
Caroline Fourest parle des jeunes des Etats-Unis, mais ce qui se passe Outre-Atlantique peut se passer en Europe -elle l'a du reste expérimenté en Belgique- et en France. C'est donc une mise en garde que nous lance l'auteure qui nous rappelle qu'on doit toujours être vigilant, et même à l'affût, en ce qui concerne l'égalité et nos libertés. Nous qui vivons la crise sanitaire sommes à l'affût.
D'un côté, il y a les racisés, les personnes de couleur, les minorités, et de l'autre il y a les Blancs, ceux qui détiennent les privilèges, et en tant que tels, n'ont plus le droit de parler et doivent même dans certaines universités décliner leur identité le jour de la rentrée perdant ainsi toute autorité. Certains se déclarent même honteux d'être Blancs. Ils se prêtent à cette mascarade par peur de perdre leur emploi. En Belgique, certains universitaires sont tellement timorés qu'ils se laissent insulter par leurs étudiants et bâillonner. A la Sorbonne, des étudiants racisés, au nom de l'antiracisme, interdisent la représentation des Suppliantes pourtant programmée quand se pose la question des migrants. Mais des étudiants noirs se sentent agressés parce que les acteurs ont noirci leurs visages pour distinguer les Egyptiens des Grecs, ou même ont porté des masques noirs ou blancs, comme on le faisait dans l'Antiquité. Ils ont crié au Blackface au lieu de réfléchir à ce que disait la pièce. Nouveaux inquisiteurs, ils censurent la culture. Et ils sont de gauche, d'une gauche identitaire et victimaire, eux qui se comportent en tyrans revanchards, de cette gauche qui creuse l'ornière séparatiste, et qui fait le lit d'une droite extrême. Ils comportent dans leurs rangs de jeunes Blancs radicalisés qui veulent faire oublier leurs privilèges. Est-ce que ce n'est pas sottement tendre le bâton pour se faire battre ?
Aux Etats-Unis, les professeurs doivent prévenir que leur cours contiendra quelques sujets offensants, par exemple le suicide d'Antigone, ainsi les étudiants qui pourraient se sentir fragilisés peuvent s'abstenir de l'enseignement et se réfugier dans des safe spaces. A la cantine, on sert un plat vietnamien, qui ne l'est même pas vraiment. Haro sur l'appropriation culturelle. Et comble du ridicule, on découvre que les ex-colonisés l'ont emprunté aux colonisateurs. Au Canada, certains jeunes ne veulent plus faire de yoga, qui pourtant permet d'atteindre la clarté mentale, au prétexte qu'il appartient , alors qu'il est de vocation universelle, à une culture minoritaire. Plus grave, le féminisme, au nom de l'intersectionnalité, déclare que l'acte de pénétration sexuelle n'est un viol que s'il est perpétré par un Blanc. Il n'est pas bon qu'une Musulmane accuse un Musulman. de même l'excision est acceptée comme norme sociale d'une communauté. Indignez-vous, prôna Stéphane Hessel, comme s'il fallait l'attendre pour s'indigner, pour reprendre l'idée sartrienne d'engagement personnel et encourager l'esprit de résistance. Aujourd'hui les jeunes qui n'ont encore rien vécu d'atrocement grave, ne supportent plus rien. Les gants sont jetés et l'on ne combat pas, on dénonce, et on se replie sur son identité entre microminorités, spécialisant les différences.
Caroline Fourest croit au dialogue, au débat. Il faut tirer ces jeunes, qui veulent apprendre, de leur ignorance. Par exemple il faut leur parler du port du voile pour qu'ils sachent et parlent ensuite en connaissance de cause. Il faut confronter les idées. Il faut comprendre les points de vue, accepter la contradiction. L'essayiste revendique un enseignement progressiste. Il faut sortir de l'exacerbation des identités, et d'une ultra-sensibilité, comme si l'on devait vivre dans des mini-mondes bisounours, qui est une impasse, éviter le repli sur soi que préconisent les conservateurs de droite, lutter pour que règne l'égalité entre tous, et que vivent la culture qui élève l'homme et la liberté qui le fait vivre dignement.
On peut reprocher à son essai de n'être pas structuré assez fermement, ce qui entraîne les redites, de trop reprendre le slogan la lutte des races, de ne pas chiffrer ces microminorités qui hurlent à l'offense, de ne pas assez parler des mesures effectives, légales et sociétales, pour mettre en oeuvre une égalité de fait, pour sauvegarder la liberté d'expression.
Cela dit, toute alerte est toujours bienvenue. Qu'on ne se laisse pas intimider et qu'on pare à la survenue de groupes qui s'enfermant dans leur groupe d'origine, étrangleraient la liberté d'expression, de création, empêcheraient le métissage qui enrichit l'art et l'être, rendraient moins pertinents les droits humains et moins forte la solidaire humanité face aux défis du monde.
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Dans cet essai de 160 pages, Caroline Fourest parle d'appropriation culturelle, d'identité et d'universalisme.
Très documenté, il alerte le lecteur sur un phénomène né aux États-Unis et qui commence à prendre pied en France : l'antiracisme identitaire qui "exige un traitement particulier au nom de l'identité" et que l'auteur oppose au racisme universaliste qui "réclame l'égalité de traitement au nom de l'universel".
Les exemples sont parfois ubuesques et donnent à réfléchir !
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Cet essai de Caroline Fourest m'a passionnée.
Longtemps avec son allure de première de classe qui a toujours raison et le revendique avec force sur les plateaux télé elle m'agaçait. J'étais donc assez dubitative en commençant la lecture de Génération offensée. Une fois passées les parties en jargon de spécialiste, nombreuses au début de cet essai, j'ai été bousculée par son propos. Les très nombreux exemples développés par Caroline Fourest en matière d'appropriation culturelle, de victimisation et de dérive de l'antiracisme m'ont sidérée. La plupart viennent des USA mais des faits similaires apparaissent chez nous.
Cet essai a le grand mérite de faire réfléchir. La revitalisation de mouvements identitaires inquiète alors que l'on aurait pu croire que la mondialisation et l'éducation allaient aplanir les différences. Mais c'est certainement une vue de petit blanc!
J'aimerais bien lire une controverse à ces thèses dans lesquelles je pense qu'il y a beaucoup de vrai.
Intéressant à mettre en parallèle avec l'actualité de ces derniers jours, la mort de George Floyd et les émeutes aux USA.
#Générationoffensée #NetGalleyFrance
Lien : https://ffloladilettante.wor..
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Ce livre m'a parlé parce qu'il touche à des questions que je me pose régulièrement. Quand les réseaux sociaux fustigent certains artistes parce qu'ils parlent de domaines qui ne les concerneraient pas directement (faut-il être noir pour parler du racisme ? Homosexuel pour camper un personnage qui l'est ?), la question du mélange des cultures devient un sujet de débat.
Certes, tous ceux qui craignent l'appropriation culturelle ne pourront pas être d'accord avec Caroline Fourest, qui est nettement de parti pris, et ne s'en cache pas. Son parti pris est pourtant celui de l'universalisme, et elle le défend en présentant toutes les dérives possibles de la ghettoïsation de la culture.
Entre la crainte de l'invisibilisation, celle de se faire déposséder de leur histoire et les combats militants, de nombreux mouvements poussent leur lutte jusqu'au paroxysme. Comment peut-on contraindre des célébrités à présenter des excuses publiques parce qu'elles portent des tenues ou des coiffures issues de certaines civilisations, faire renvoyer des universitaires parce qu'ils évoquent des sujets d'ouverture au monde, interdire le yoga parce que c'est un pillage de culture indienne ? C'est pourtant ce qui est déjà en train de se passer. Dans son livre, Caroline Fourest témoigne d'une censure poussée à l'extrême et qui, justement, fait le jeu des extrêmes. Quand, au lieu de chercher à relier les peuples et les différences de chacun, on ne les autorise que par certains représentants, le risque est grand de les voir encore plus rejetés.
Le livre n'a que peu de nuances. Clairement, son autrice ne comprend pas cette volonté de réduire la représentativité d'une culture à ceux qui en sont les héritiers. Elle est pourtant d'accord pour dire qu'il faut respecter cette culture, que certains excès sont malvenus... mais qu'il faut surtout l'ouvrir, au plus grand nombre, pour ne pas limiter la circulation des pensées.
C'est un ouvrage à charge, certes. Mais c'est surtout un ouvrage édifiant, qui nous ouvre les yeux sur les dérives de ce qui est déjà en train de se passer, à travers de nombreux exemples concrets et souvent affolants.
Un livre à lire pour réfléchir...
Lien : https://made-in-mel.blogspot..
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Ça fait du bien de retrouver sa famille de pensée au travers de ce petit volume qui se lit très rapidement. Oui, on peut toujours se penser de gauche tout en refusant la surenchère victimaire en cours actuellement. Non, on n'a pas complètement perdu le fil, il y a encore des gens qui raccordent l'anti-racisme à l'universalisme. Mais pour combien de temps ?
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Dans cet essai, Caroline Fourest décrit un mouvement qui a déjà conquis les Etats-Unis et semble également percer en France. Une tendance qui s'exprime à travers des concepts tels que « l'appropriation culturelle », les « safe spaces » ou les « sensitive readers ».

L'auteure développe, au travers d'exemples, les arguments qui lui font craindre un retour de l'assignation identitaire.

« Génération offensée » est un ouvrage qui aide à comprendre la nécessité de la prise de parole des victimes des dominations en tout genre mais surtout l'importance d'oeuvrer pour que le statut de victime soit transitoire et que la prise de parole aboutisse à autre chose. Et, pourquoi pas à ce droit à l'indifférence qui, contrairement au droit à la différence, ne renvoie pas à une norme mais à la possibilité d'être pleinement soi, sans être réduit à sa couleur de peau , son origine sociale ou ses préférences sexuelles.

A lire parmi des étudiants.
Lien : https://lucioleetfeufollet.c..
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Dans un énième essai de la frange intellectuelle des "on-ne-peut-plus-rien-dire", Caroline Fourest présente son analyse d'une génération qu'elle décrit comme "offensée". Un catalogue de polémiques plus ou moins intéressantes, dramatisées à grands renforts de phrases ponctuées par des points de suspension qui précèdent généralement un point d'exclamation effaré. Elle y décrit, avec la passion et la dévotion militante qu'on ne peut lui nier, le conflit entre sa vision antiracisme universaliste et l'antiracisme identitaire, les obsessions politiquement correctes importées des États-Unis, et la fameuse culture "woke".

Malgré une quantité d'exemples concrets et d'analyses sincères sur les capacités d'une certaine jeunesse à pouvoir s'exprimer librement sans craindre les foudres de la police de la pensée, cet essai donne rapidement l'impression de tourner en rond. Sont critiqués « les activistes professionnels (qui) semblent se jeter sur des causes sans intérêt, en gonflant la moindre polémique ». Mais cet essai, comme de nombreux de son genre, ressemble pourtant à une compilation stérile des tweets qui ont le plus choqués leurs auteurs. Si l'on peut regretter le manque de sérieux politique d'une frange de la jeunesse, peut-on lui mettre tout sur le dos sur la base d'opinions partagées sur les réseaux, espace où se mélangent leur humour, leur identité, leur désir d'appartenir à des groupes sociaux… ? Une grande partie de cet essai ressemble à une liste Buzzfeed des 30 tweets qui ont marqué la semaine.

La crainte formulée dans cet essai n'est pas sans fondement, mais l'analyse se perds dans des raccourcis parfois grotesques qui ont l'air d'avoir été creusés afin de servir le propos politique de gauche républicaine. Quel dommage de ne pas avoir réellement ouvert une porte de réflexion sur cette fameuse "cancel culture" : les nombreux exemples cités évoquent la terreur exercée par ces internautes qui se plaignent de tout, des dread-locks innapropriées au bahn-mi de mauvaise qualité d'une cantine. Cette "cancel culture", qui fait sans doute frissonner mais qui n'a quasiment jamais vraiment "annulé" qui que ce soit (Bill Cosby, célèbre acteur accusés de viols, vient de sortir de prison, par exemple), est parfois le seul cri d'espoir d'une part de personnes qui ne sait plus où s'exprimer.
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Un livre où je découvre avec effarement la posture d'offensé et le délit d'appropriation culturelle.
Ainsi donc on ne devrait choisir un sujet d'expression ou de création que s'il nous concerne à titre personnel… autant confisquer aux acteurs le fondement même de leur métier : se mettre dans la peau de l'autre !
Un document intéressant et important,
sérieusement argumenté et pourtant facile d'accès,
où l'auteure déconstruit ces dynamiques de censure
et rappelle le droit de dire et de contredire,
et l'importance de tous les métissages : amoureux, culturels, religieux, artistiques…
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