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Citations sur Sorti de rien (8)

- années 1920 -
Depuis qu'il va à l'école, il est régulièrement assailli par l'angoisse du rejet. Ça a commencé dès la petite classe ici même, dans le périmètre sacro-saint de l'école : un matin, au beau milieu d'une phrase en français, il a lâché, sans même s'en rendre compte, trois ou quatre mots de breton. Le maître a fondu sur lui puis l'a affublé d'un sautoir auquel pendait une queue de vache.
« A toi le symbole ! »
Pas besoin de se creuser la tête pour comprendre de quelle infamie le symbole est la marque : la vie à ras de la terre et des pierres qui fut celle de ses aïeux. Puis le maître lui apprend qu'il ne pourra s'en défaire qu'en dénonçant un camarade qui, comme lui, aura laissé échapper un mot de la « langue des arriérés ».
(p. 95)
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Dès ma prime enfance, j'ai su que la Bretagne était divisée en deux couleurs ennemies. Non le "gwen ha du" - blanc et noir - du drapeau breton, mais deux couleurs aussi essentielles qu'irréconciliables : les Rouges et les Blancs.
J'ai sucé ça avec le lait : interdit de fricoter avec les enfants de Blancs, le "parti des curés". Même chose pour les enfants de Blancs, pas le droit de frayer avec les filles et les fils de Rouges, ceux qui allait à "l'école du diable", l'école laïque ; ceux aussi dont les parents, aux jours d'élection, votaient "ouvrier" - personne ne disait "à gauche", dans nos milieux.
Cette farouche guerre des couleurs n'empêchait pas que les enfants de Rouges soient baptisés aussi bien que les Blancs. Ni qu'ils suivent le catéchisme et qu'à grands coups de passages à confesse ils soient admis à faire leur communion et leur confirmation : "On ne veut pas qu'ils soient embêtés plus tard quand ils se marieront", se justifiait mon père, comme la plupart des chefs de famille rouges. Ma mère enchaînait immédiatement avec l'argument massue, celui que seules les femmes étaient autorisées à proférer puisque, rouges ou blanches, elles avaient hérité avec leur sexe d'une connexion secrète avec les forces de l'au-delà : "Et puis comme ça, quand on est mort, on a le droit de passer à l'église."
Car, Rouges ou Blancs, la grande affaire de la vie, c'était la mort. Ou plutôt "l'Autre Côté", ce qu'il y avait après, le Paradis ou l'Enfer.
(p. 47-48)
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Ça n'a jamais été la passion, avec Simone [ma mère]. Malgré tout, il l'a aimée, je crois. A sa façon, tout en écart. Cinq minutes de confidences, des heures de silence. Elle n'entendit que le silence. (p. 160)
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"Vous qui venez de nulle part, qui êtes sortie de rien..."
J'ai su tout de suite qu'il fallait que je me taise. Ne rien dire, ne pas protester. L'animateur a donc continué de dérouler son discours. J'ai eu l'impression qu'il l'avait appris par cœur.
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parlant de son père :
Grâceà la maladie car il est des grâces dans la maladie,
il avait définitivement vaincu son écart.
L'espace de quelques secondes, nousavons partagé , lui et moi,
uneconfiance proche de l'enfance, absolue, rayonnante.
De celles qui font avancer, quoi qu'il arrive.
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A tous les "sortis de rien" de Bretagne, et d'ailleurs
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...ayant enfin remis en ordre les letrres de mon prénom, IRENE, etplus jamais RIENE, je peux enfin confondre ma mémoire et celle de mon père. Et par -delà, celle de toute notre lignée.
J'ai pu le critiquer, mais je n'ai pas souvenir de m'être disputée avec lui.Et chaque fois qu'on s'est retrouvés, il n'y eut pas beaucoup de mots mais la même joie.
L'espace de quelques secondes, nous avons partagé, lui et moi, une confiance proche de l'enfance, absolue, rayonnante. De celles qui font avancer, quoiqu'il arrive. De celles qui triomphent du rien.
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p142
Des temps radieux, je pense, cet avant-guerre. Je le lui ai dit. [à mon père] Il a aussitôt corrigé : "Des temps d'inconscience. Même au service militaire, je n'ai rien vu venir." Puis il a répété, un brin mélancolique :"La jeunesse".
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