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Critique de migdal


A l'instar d'Isabelle Autissier, Sylvain Tesson, Eric Orsenna, Patrice Franceschi est « écrivain de marine » comme le furent Jean Raspail, Simon Leys ou Pierre Schoendoerffer et, à ce titre, est Capitaine de Frégate de la réserve citoyenne engagé à promouvoir la dimension maritime de la France.

C'est ainsi qu'en 2018 il se retrouve à Saint Pierre et Miquelon et embarque à bord du Fulmar, un chalutier converti en patrouilleur. Onze hommes constituent l'équipage qui se dirige vers Nuuk, capitale du Groenland, pour rejoindre le Rasmussen, un batiment danois, pour un exercice au nom de code Argus soutenu par les avions des alliés. Nuuk où Astrid, une jeune VSNE représente notre pays, et se porte volontaire pour embarquer.

Cette mission, à proximité du cercle polaire arctique, au nord du Labrador, affirme la présence française et danoise dans une région qui s'ouvre au trafic maritime et pourrait être pour les chinois une nouvelle route de la soie. le Groenland, aujourd'hui province du Royaume de Danemark, pourrait accéder à l'indépendance et les richesses de son sous sol aimantent américains, canadiens, chinois et russes …

L'exercice Argus permet de simuler divers scénarios (incendie, voie d'eau, secours à des randonneurs, etc.) et met en évidence les forces et les faiblesses des équipages et de leurs navires (le Rasmussen dispose d'un imposant canon, mais est privé de radar de tir). Il permet aussi d'enrichir la cartographie d'une zone où les icebergs évoluent et présentent un risque majeur pour les bateaux. Argus ayant lieu en septembre, l'exercice est rafraichissant, voire glacial, est souvent noyé dans la brume ou les précipitations, et le Fulmar est secoué et son équipage essoré !

Patrice Franceschi pratique les « trois temps ». « … j'essaye de ne jamais séparer passé, présent et avenir pour me donner le sentiment de vivre plusieurs vies en même temps - et l'illusion, sans doute, d'être plus libre encore. (…) Ça veut dire que si j'écris le livre de cette mission, je parlerai de l'équipage au présent - dans ce qu'on va vivre ensemble -, de moi au passé - par rapport à un certain nombre d'événements que j'ai vécus - et de nous tous pour notre futur commun». «Je veux aussi associer les livres que j'aime à notre aventure commune ; je compte en parler beaucoup. Pour moi, la littérature et la vie c'est la même chose... ».

Le lecteur navigue donc en compagnie de Conrad et Lawrence d'Arabie, de Cendars et Saint-Exupéry, dans une époque où « l'effacement de l'histoire apparait comme possibilité du futur », mais où des sentinelles comme Patrice Franceschi veillent sur les remparts.

J'ai apprécié ce récit d'expédition sur le Fulmar, aux cotés d'un équipage totalement investi dans sa mission mais curieux de savoir ce qu'un « écrivain de marine » allait en écrire.

PS : l'hommage de l'auteur aux combattantes kurdes :
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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