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sur 73 notes
HISTOIRE - La nature humaine, bonne ou mauvaise ? de quelle école êtes-vous : optimiste, pessimiste ? En faisant preuve d'un peu de réalisme, il semble que la balance penche assez légèrement du côté obscur. Il suffit de penser aux comportements de beaucoup, moi y compris, pendant les mouvements de grève dans les transports en commun pour ne pas se faire énormément d'illusions.


Qu'on mette cent cinquante personnes aujourd'hui sur un radeau en pleine mer et il est quasiment certain que nous ne retrouverions pas plus de quinze survivants dans douze jours. de même, leurs témoignages seraient proches de ce qui se passa sur le radeau de la Méduse en juillet 1817 ! (On tient peut-être un nouveau concept de téléréalité…)


Notre estomac est mis à rude épreuve par les publications récentes de deux livres et pas nécessairement parce qu'il y est question d'anthropophagie. Un recueil, d'abord, de témoignages de quelques survivants du drame, La Méduse – Les dessous d'un naufrage, publié chez Omnibus et présenté par le navigateur et écrivain Dominique le Brun. Une fiction, ensuite, publiée chez Flammarion, traduite par le journaliste et biographe Olivier Mannoni, À ce point de folie, de l'auteur et dramaturge autrichien, Franzobel.

Fiction, comme j'aimerais que ça soit effectivement le cas !

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17 juin 1816, plus de 400 personnes, matelots, soldats, membres du commandement, familles bourgeoises, les voilà embarqués sur la Meduse en direction du Sénégal. le désir de richesse et de supériorité dans ce nouveau pays, un renouveau pour certains, l'ambiance est à la fête sur le bateau. Cette fête s'achèvera par un naufrage, malchance? Incompétence du capitaine? Une chose est sûre, tous les passagers ne pourront pas être sauvés, il n'y a pas assez de canots de sauvetages. Comment choisir qui aura la chance de partir en canots? Comment laisser les autres derrière sans se sentir coupable? On n'a qu'à construire un radeau voyons! Un radeau qui accueillera plus de 100 personnes abandonnées à leur triste sort. Des rescapés, il n'en restera pas beaucoup, mais ils seront tous changé, comme si une part de leur humanité s'était envolé.

J'ai eu l'occasion de lire A ce point de folie grâce à une masse critique organisée par Babelio, peut-être que ce début d'année scolaire chargée n'était pas le bon moment pour le lire, mais je n'ai été que moyennement emballée par cette histoire.
On pourrait diviser ce roman en trois parties, des parties qui sont pour moi bien distinctes puisque je n'ai pas ressenti la même chose pour chacune d'elle. La première partie peut être un peu déroutante puisqu'il s'agit de l'après naufrage: le sauvetage et ce qu'il advient ensuite de quelques personnages. On est donc tout de suite dans le vif du sujet et on sait forcément que le voyage se terminera par un naufrage dont peu de gens seront sauvés. J'ai malheureusement trouvé cette partie un peu ennuyante, je n'arrivais pas à me plonger dans le livre, il y avait beaucoup de personnages et au début il était difficile de tous les retenir (leur nom et leur fonction).
La deuxième partie a été plus intéressante, c'est là que j'ai commencé à être emportée par l'histoire. Dans cette partie, on est sur le bateau pendant la traversée avant le naufrage, on suit les décisions des commandants, les péripéties de certains personnages comme le médecin de bord, un jeune garçon qui s'est rapidement fait ennemi du garçon de cuisine, un homme étrange avec un perroquet du nom de William Shakespeare, une famille nombreuse et atypique... Bref beaucoup de personnages auxquels on va essayer de s'attacher pendant le voyage (si je dis essayer c'est qu'on ne peut pas s'attacher à tous les personnages du roman). J'ai trouvé cette partie intéressante, parfois amusante et parfois déroutante (on est au XIXème siècle, la peine de mort est encore légale, même sur un bateau), mais elle a fini par être un peu longue. Finalement, comme je savais qu'il y aurait un naufrage, je ne pouvais m'empêcher de l'attendre, presque avec impatience!
Arrive enfin la troisième partie avec le naufrage, la survie et le sauvetage. C'est cette partie que j'ai préféré! On passe par tous les sentiments: de la peine, de l'amusement, de l'écoeurement même. On se pose des questions sur l'humanité: que ferais-t'on à la place des personnages? Aurions-nous fait les même choix? Beaucoup de remise en question et de décision des personnages qui ne nous laissent pas indifférent. Là encore, j'ai pu trouvé des longueurs, mais j'ai trouvé cela moins grave puisque j'étais entièrement happée dans l'histoire et je voulais à tout prix connaître la fin.
A ce point de folie est porté par une plume époustouflante! Une écriture dense, qui ne se lit pas trop vite certes, mais c'est un plaisir de lire un livre aussi bien écrit. de l'humour noir à foison, des descriptions sans censures, des détails crus et choquants. Franzobel nous sert là une belle oeuvre en respectant si bien les codes de l'époque qu'on s'y serait cru!
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Ce roman historique s'ouvre sur le sauvetage des survivants du radeau de la Méduse, navire affrété pour mener des colons de la France vers Saint Louis au Sénégal. En à peine treize jours, les malheureux sont passés de cent quarante-sept à à peine quinze et les vestiges de leur combat pour la survie – un pied abandonné, des lambeaux de chair humaine pendant à un mât improvisé, un homme qui boit son urine – sautent aux yeux effarés de l'équipage de l'Argus. On retrouve Osée Thomas, matelot de son état, trois ans après le drame. de retour en France, il a complètement perdu la tête. Quant à Savigny, le médecin de bord, il se bat contre des moulins à vent pour faire connaître la vérité sur leur calvaire. Puis l'auteur revient en arrière. Nous repartons à bord de la Méduse, plus fière que jamais, prête à fendre les eaux avec à son bord un équipage hétéroclite, composé de juifs, de noirs, d'enfants-mousse, de vieux loups de mer, de soldats, de bagnards, de fugueurs,… Les passagers ne sont pas en reste niveau diversité puisqu'on retrouve la famille Picard, épouse brimant tout ce qui bouge et enfants en bas âge compris, décidée à reprendre en main leurs plantations de coton pour améliorer leur train de vie. Il y a aussi les soeurs Lafitte, jamais mariées mais décidées à ouvrir un comptoir à Saint Louis. Un curé. Ou bien encore Schmaltz, le futur gouverneur e Saint-Louis, sa femme hautaine et maniérée et leur jolie fille qui fait chavirer le coeur des plus rustres. À la tête de ce joli monde, le capitaine Chaumareys, ancien douanier imbu de lui-même et royaliste, ne doit cette affectation que par des liens de sang et un petit coup de piston. Conscient de son incompétence, il se repose entièrement sur son ami d'enfance Richeford, qui se révèle vite mythomane en puissance et aussi dangereux dans son ignorance de la marine que son acolyte. Mais il y a des révolutionnaires parmi les plus haut-gradés et Chaumareys n'est pas prêt à reconnaître qu'il est complètement dépassé par les événements. Fardé de poudre, de rouge à lèvres, de vêtements de luxe et de l'imparable perruque blanche, il feint d'avoir la situation sous contrôle et brime ceux qui en laissent entendre autrement. Entre guerre des classes, egos surdimensionnés et divergences d'opinions politiques, tous les ingrédients sont réunis pour rendre la situation à bord particulièrement explosive.

Avec sa plume d'une incroyable richesse, qui nous rappelle qu'un auteur peut nous offrir une narration moderne avec le vocabulaire d'un temps révolu et un phrasé soutenu sans être ampoulé, Franzobel nous narre la traversée de la Méduse jusqu'au moment où elle va s'échouer au large de l'Afrique, forçant ses passagers à prendre tous les risques pour rejoindre la terre ferme. Il s'attarde souvent sur Victor, jeune homme de bonne famille en manque d'aventures qui s'est retrouvé là un peu par hasard et qui devient vite la cible préférée du cuisinier qu'il est censé servir. le jour fatidique arrivé, comme pour le Titanic que Franzobel prend d'ailleurs un malin plaisir à évoquer, il n'y a pas assez de canots de sauvetage pour sauver tout le monde et l'on donne priorité aux gens de bonne naissance. Cent quarante-sept passagers finissent sur la touche, échoués sur un radeau impossible à manoeuvrer, sans instruments de navigation, quasi sans provisions, au milieu d'une mer sans fin et sous un soleil de plomb. Les choses ne tardent pas à dégénérer et la loi du plus fort se fait vite prévaloir.

L'auteur utilise des figures de style originales et intéressantes comme le bégaiement de Lo-Lo-Lozach pour nous permettre de resituer sans problème les personnages les plus secondaires. Il glisse régulièrement des références culturelles dans son propos ainsi que des pointes d'humour, et évoque le secret imposé autour du naufrage de la Méduse. On sent l'énorme travail de recherches et de documentation derrière cette version romancée de faits historiques. Et également sa volonté d'y rester fidèle, de dépeindre la vérité crue, sans concession, de l'instant où l'inexorable renvoie l'Homme au statut de bête, prête à dévorer amis, femmes et enfants, pour repousser la mort aussi longtemps que possible. Je ne m'attendais pas à autant adhérer à ce récit. Découvrir la France du XIXème siècle à travers une plume aussi envoûtante a été un réel plaisir en dépit du contexte peu ragoûtant. En dépit de la densité du texte nécessitant des efforts de lecture plus soutenus qu'à l'ordinaire, je ne me suis pas ennuyée un seul instant et avais même du mal à lâcher le livre pour aller travailler. Un titre tellement abouti qu'il fait à mes yeux partie des incontournables de cette Rentrée Littéraire !
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En 1816, la frégate La Méduse quitte la France, direction le Sénégal. L'objectif du capitaine : arriver le plus vite possible à destination, même s'il n'a personnellement jamais dirigé de flotte et ne sait ni lire une carte maritime ni utiliser un sextant. A bord du navire, Victor qui a fui sa petite vie bien rangée pour partir à l'aventure, Osée Thomas un marin avide de savoir, la famille Picard qui déménage tous ensemble ; les soeurs Lafitte qui veulent ouvrir un comptoir…

Mais même si on connaît dès le début l'issue de ce voyage, la traversée commence dès le début dans les pires auspices possibles !

Je trouvais intéressant de s'intéresser à cet événement dont on ne connaît finalement quele tableau qui a, de plus, été édulcoré. le regardant, on plaint les marins sans forcément penser à la véritable situation. Ce roman permet de retracer de façon à la fois précis et romancée le destin des passagers de la Méduse. On commence avec les premiers jours de navigation qui permettent de faire connaissance avec les personnages, mais également de débuter l'horreur avec des descriptions assez crues, qui laissent présager du reste. En effet, dès les premiers chapitres, Victor déchante, le cuisinier et son second étant bien décidés à le torturer le plus possible, voir lui faire la peau. Ensuite, on suivra le destin des canots de secours et évidemment du radeau où plus de 100 personnes se sont entassées dans un premier temps serrés les uns contre les autres, de l'eau jusqu'à la taille, en plein soleil, sans rien avoir à boire ni à manger ou presque.

Même si on commence rapidement avec des passages assez durs, il faut un certain temps pour se familiariser avec tous les personnages ce qui ralentit un peu le récit. On a envie d'entrer dans le vif du sujet, le naufrage et celui-ci se fait attendre. de même à la fin, avec tous les différents canots, je m'y suis un peu perdue et je ne suis plus bien sûre de la survie de tel ou tel personnage. Il aurait d'ailleurs été intéressant d'avoir un aperçu un peu plus large de ce qui arrive par la suite à ceux qui ont pu survivre.

Malgré ces petits défauts et la dureté du texte, c'est un roman historique intéressant qui révèle un des événements connus le plus inconnu de l'Histoire.

Âmes sensibles s'abstenir, amateurs d'Histoire, de navires et de naufrages tragiques, vous pouvez y aller !
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Je me suis d'abord demandé dans quoi je m'étais engagée... au bout de quelques pages, rebutée par son ton, j'ai douté de parvenir au bout de ce roman. Comment vous dire... je trouvais que le récit manquait de naturel, et donc de crédibilité, en raison du positionnement qu'adopte l'auteur, consistant à se placer en narrateur des faits, qu'il commente en faisant appel à des références contemporaines qui me paraissaient déplacées dans ce contexte du début du XVIIIème siècle. Ainsi, tel personnage y est comparé à Schwarzenegger, tel autre à Lino Ventura, "L'été indien" de Joe Dassin évoqué pour décrire les conditions météorologiques... Par ailleurs, ces premières pages pâtissent d'une dimension démonstrative qui amoindrissent encore leur véracité. Les héros sont dépeints de manière caricaturale, l'auteur les affublant de caractéristiques qu'il répète à l'envi... pour résumer, j'avais le sentiment de voir le romancier et ses ficelles à travers l'intrigue et les protagonistes, qui en perdaient tout intérêt. Un peu comme si je suivais une visite guidée avec un accompagnateur que je n'arrivais pas à prendre au sérieux...

Et puis... je ne sais pas à quel moment la bascule a opéré, mais j'ai réalisé ne plus pouvoir lâcher ce satané ouvrage ! Est-ce au moment où j'ai réalisé que les "défauts" énumérés ci-dessus étaient en réalité un parti pris assumé de l'auteur, une volonté de sa part de créer une sorte de texte hybride, en instillant un humour décalé à un propos sérieux, et "vrai" ? Est-ce quand je me suis finalement dit que oui, ça fonctionnait, et que cela ne m'empêchait pas de me passionner pour cette sordide histoire ?

Après ma lecture, j'ai consulté sur internet les détails de cet épisode, et j'ai constaté que Franzobel avait été fidèle aux faits. Son apport, en tant qu'écrivain, est de donner corps à ses protagonistes -puisque finalement, en les dotant de sa vision d'homme d'aujourd'hui, il nous les rend plus proches-, mais aussi d'instiller avec habileté une tension croissante à son récit... certes, les événements s'y prêtent, mais dépeindre l'horreur ne suffit pas : son interprétation de la manière dont les individus les vivent, leur basculement dans la folie et dans la barbarie, le reniement de ce qui faisait d'eux des êtres civilisés, est exprimé avec force et justesse.



Et pour le coup, on ne s'interroge guère alors sur la crédibilité de la mesquinerie, la lâcheté, la brutalité qu'il met en exergue. Car ce drame à l'occasion duquel se rejouent les antagonismes politiques et les injustices sociales marquant la France de cette Seconde Restauration, révèle surtout la propension de l'individu à occulter toute solidarité, tout respect d'autrui et de soi-même, dès lors qu'il s'agit de sauver sa peau.

Sur la Méduse, repris de justice et mercenaires composant le petit équipage côtoient le futur gouverneur de Port-Louis (l'expédition a pour but de reprendre ce comptoir aux anglais) et sa magnifique fille, les passagers comptant par ailleurs, entre autres, un missionnaire pas si catholique, une poignée de scientifiques, un juif paranoïaque -peut-être à raison-, un perroquet prénommé William Shakespeare, un capitaine incompétent et sous la coupe d'un escroc dont la mauvaise foi n'a d'égal que l'optimisme, quelques officiers droits dans leurs bottes... Et l'auteur anime cette picaresque galerie de personnages qui prend parfois des allures de Cour des Miracles en forçant volontairement le trait sur la paillardise des uns, la cruauté des autres, à renfort d'images et d'anecdotes souvent terribles qu'il parvient pourtant à rendre truculentes. Il en résulte un récit très vivant, avec, à travers cette capacité qu'a Franzobel à s'approprier ce fait divers historique pour lui imprimer la singularité de son ton outrancier, un je ne sais quoi d'irrévérencieux, et de profondément réjouissant.

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Le trait aussi dramatique que talentueux du tableau grâce auquel ce fait divers terrible passera à la postérité, ainsi que la description de l'éditeur et la couverture du livre, vendent un récit abject et infernal qui passe à côté de nombreuses subtilités du livre de Franzobel.

Evoquer l'horreur et la survie est juste, mais c'est passer à côté de la plus grande partie du livre dont la spirale infernale ne représente réellement que le dernier tiers. Les deux premiers déploient avec autant de réalisme que d'humour noir le quotidien d'une micro-société embarquée sur ce navire, dont tous les passagers ne connaissent pas les codes ni les tenants et aboutissants.

Si Franzobel surfe sur les eaux croupies d'un récit dont la majorité ne voulait à l'époque rien savoir, c'est à l'aide de nombreux anachronismes qui invoquent la prise de recul sur une déchéance impliquée par la vie et la survie loin de toutes terres et donc de toutes marques de civilisation. Lacée de poésie jusque dans les moindres détails du quotidien - - la prose de l'auteur nous emporte dans un récit historique et sociologique aux frontières de la folie humaine sans oublier de suivre du début à la fin un protagoniste principal, Victor, auquel on s'attache jusqu'aux dernières lignes à la dynamique inoubliable.
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A ce point de folie retrace le naufrage de la Méduse qui a eu lieu le 2 juillet 1816 sous la forme d'un thriller psychologique. Ce qui fit un scandale politique à l'époque ce sont les conditions inhumaines dans lesquelles les 150 passagers du radeau ont dû (sur)vivre pendant 13 jours. L'incompétence du capitaine, les injonctions du futur gouverneur de Saint-Louis du Sénégal, les oppositions entre bonapartistes et royalistes , les conflits entre les passagers, tout est retracé avec minutie. Les portraits de chaque personnage et leurs traits de caractères sont détaillés au point que l'on embarque à leur côté pour revivre leur cauchemar. Ce récit, retracé à partir de documents historiques et de témoignages de survivants, nous interroge : jusqu'à quel point sommes nous prêts à tout pour survivre ?
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