AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,12

sur 129 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A mon tour enfin de découvrir Frégni, trop youpi.

Soit, pour une première j'aurais pu choisir plus gai, mais délibérément j'ai commencé dans le gris pour ensuite, je l'espère, poursuivre au soleil. Car le monsieur vient du Sud – et par tous les chemins il y revient, parait-il (pour le petit refrain dans la tête ne me remercie pas).

Du tout gris par conséquent, car c'est une douloureuse rupture sentimentale qui engendra ce poignant récit autobiographique.

Frégni s'y exprime avec ses tripes, sans trêve ni respiration, pour dire le chagrin du présent mêlé aux douleurs du passé qui refait surface, la désertion de sa femme aujourd'hui, la lente agonie de sa chère maman quelques années auparavant.

Ses mots intimes et authentiques, charnels et touchants, livrent ainsi des bribes de souvenirs débordants d'humanité, témoins de son bouleversant attachement à sa mère et de son amour absolu pour sa fille.

Pourtant, même au plus fort de la peine, chez Frégni chaque détail, chaque rencontre, sont lumière ou poésie, et je comprends maintenant que l'homme ainsi que son oeuvre aient pu à ce point éblouir certains babelionautes dont j'avais noté les commentaires fervents.

De mon côté, c'est sûr, avec Frégni je poursuivrai l'aventure.


Lien : https://minimalyks.tumblr.com/
Commenter  J’apprécie          5818
Écrire, ne serait-ce pas prononcer silencieusement les mots qui n'ont pu franchir nos lèvres ? Ne serait-ce pas vaincre cette pudeur imbécile qui nous retient de dire Maman, je t'aime. Quand elle est là devant nous, avec ses gestes bénins qui ne sont rien que des gestes d'amour.

La déclaration de René Frégni faite à sa mère dans Elle danse dans le noir, beaucoup pourraient la reprendre à leur compte. Moi le premier. Encore lui a-t-il la compétence de le faire à la face du monde. Comme une revanche sur tous les silences qui ont étouffé les paroles.

Écrire, ne serait-ce pas donner libre cours à tous les rêves que la vie a tenu enfermés derrière nos paupières closes ? Rêves d'un amour sans tache, qui ne souffrirait pas de l'usure du quotidien. Un amour inoxydable qui ne verrait pas l'être aimé courir après ses propres chimères dans les bras d'un autre.

Écrire, ne serait-ce pas briser la solitude qui nous étreint dans un monde surpeuplé ? Solitude qui ferait pencher vers le crime plutôt que sombrer dans l'indifférence. Ultime révolte contre l'impuissance à gouter le présent, à se laisser porter par son trop plein d'amour.

Écrire, ne serait-ce pas rappeler à soi les êtres aimés lorsqu'ils sont partis ? Trouver les mots qui les débusqueront où qu'ils soient, comme des limiers lancés sur leurs traces. Les mots qui les ramèneront autour ce soi, êtres transis du froid de l'absence, revenus se réchauffer autour du feu de l'amour.

Oui mais voilà, tout le monde ne sait pas écrire comme René Frégni. Beaucoup restent enfermés dans le mutisme assassin qui à force de les tenailler leur fait commettre le pire.

La vie n'est jamais aussi forte que lorsque les mots ont trouvé leur arrangement pour la libérer des inhibitions. René Frégni sait donner cette force à la vie. Surtout lorsqu'il tient la main de Marilou. Cette fille qui est aussi sa mère, parce qu'elle est la vie, parce qu'elle est l'amour.
Commenter  J’apprécie          4316
Le même été,  René  Fregni perd sa mère, le grand amour de sa vie,  et devient père d'une petite Marilou:  un amour nouveau, puissant, qui le maintient en prise avec celui de la vie. 

Écrit à la lumière du souvenir, quelques années après cet été de toutes les émotions, à l'heure où un divorce le menace d'une séparation nouvelle avec sa fille adorée, " Elle danse dans le noir"  est la chronique bouleversée- et bouleversante- de tous ces déchirements, passés et présents,  de tout cet amour , filial et paternel, amours inconditionnels s'il en est.

Le sujet serait banal s'il ne s'agissait pas de René Fregni : Fregni, un monde en soi, qui a ses aficionados sur ce réseau -ils se reconnaîtront !- et donc pour moi, la bleusaille, une terra incognita, où le pied ne se pose qu'en tremblant- aimera?aimera pas? -  , un baptême du feu , une initiation...

Pourtant, pas la peine de s'en faire un monde:  Fregni, tu l'adoptes immédiatement , comme un chien perdu, un chaton mouillé, un enfant rebelle, un clochard céleste...

Et après tu le suis, dans les collines de Manosque, dans les ruelles popu' de Marseille, aux terrasses des cafés- tu essaies de boire un peu  moins de pastis que lui, pour qu'il s'appuie sur une épaule ferme au retour- .

Et enfin  tu partages tout, comme avec un vieux pote que tu connaitrais depuis toujours:

- la boule dans la gorge quand c'est pas ton week end de garde, quand tes gosses te demandent pourquoi tu viens pas avec l'autre parent,  pourquoi vous partiriez pas tous ensemble en vacances, comme avant.

- la culpabilité quand tu quittes ta vieille maman toute affolée par le soir qui vient et qui ne veut plus lâcher ta main - elle qui etait si forte et protectrice avant, te voilà dans le rôle du parent de ta mère, c'est difficile-  et cette garde de nuit que tu n'as jamais vue et qui est aussi avenante qu'une gardienne de prison...

- la terreur de la voir souffrir, à chaque effort pour inspirer,  l'envie que ça s'arrête et la honte de le souhaiter.

- la furieuse envie de vivre, de sentir les odeurs du printemps, la tiédeur du soleil, la caresse prometteuse d'un regard, de marcher surtout, de marcher partout, d'un pas élastique, pour arpenter ton désir et libérer tes rêves, échapper aux exhalaisons morbides de l'EHPAD, au noir cafard de la vieillesse et de la mort.

Il y a tout ça, dans Fregni, et plus encore, mais je viens d'en lire quatre d'affilée et il faut que j'en laisse un peu pour la bonne bouche...


Commenter  J’apprécie          4110
Je découvre René Fregni avec ce livre court, mais dense.
C'est un livre sur l"amour.
C'est dans le temps de sa perte que l'auteur évoque la nécessité, l'intensité, la vitalité de l'amour . Quitté par sa femme ( pour un autre) il retraverse en pensée les mois qui ont précédé la mort de sa mère. Une mère discrète, timide aimante sans être pesante à laquelle il rend hommage, qui continue à l'accompagner grâce à cet amour maternel sublimé par l'amour filial. Car dans le même temps, il dit l'amour inconditionnel qu'il éprouve pour sa fille Marilou, âgée de six ans. Il parsème son récit, à la fois intime mais qui touche à l'universel de scènes fortes avec ceux qu'il accompagne dans l'écriture, les détenus de la prison des Baumettes.
Dan ce moment de détresse où il vit et retraverse l'abandon, il ne cache pas sa propension à boire, il reste cependant réceptif à des rencontres de hasard qu'il fait partager à son lecteur.
Sa plume est poétique, tout en restant simple, accessible.
Ce livre m'a touchée, il m'a donné envie de connaître l'homme qui se livre ainsi avec authenticité tout en restant pudique.
Commenter  J’apprécie          172
Roman autobiographique de cet auteur, salué par moult récompenses, qui a reçu le prix Paul Léautaud en 1998.
Infirmier psychiatrique de formation, René Frégni s'est ouvert aux mots lors d'un passage case prison, depuis, l'écriture ne l'a plus quitté et il vient de sortir La fiancée des corbeaux dont l'admirable prose m'a donné envie de mieux le connaitre.
Elle danse dans le noir, est une ode à sa mère morte, une remontée dans les souvenirs douloureux du cancer qui la rongeait et le balayait en même temps, souvenirs émouvants car celle qui allait mourir pensait encore à lui apporter un goûter,
Sa femme l'a quitté, sa mère est morte, il est seul. Et à force d'attendre une autre, improbable, il hurle sa douleur. "Danse de guerre" qui terrorise les voisins."
Heureusement il y a les mots. "Les mots nous sauvent de tout. Ils remontent de si loin. Ils nous viennent de nos mères."
Et le lien se recrée, perdure,revit,vit, transporte,guérit..
On écrit sa souffrance,sa culpabilité.
Heureusement il y a sa fille Marilou, tendre innocente.
Hereusement il y a quelques rencontres qui réchauffent les sens et le coeur, comme la fille au cafard, un tatouage confiant le poids qui l'oppresse.Sensuelle danse indienne au creux de Paris où de passage,il s'égare,s'épanche, prend et se donne avant de retomber à sa lancinante douleur.
Alors les mots déroulent leur tissu soyeux pour enrober la vie d'espoir.
"A ma mère morte.A ma mère vivante."
Une belle dédicace pour celle qui continue à vivre dans les nuages,le pollen,les quartiers d'ombre et de vent.. Et le livre s'enclenche!
La mère est elle la seule, l'unique, la mieux aimée des fils?
Voilà une question qui nous taraude après le mot fin de ce livre touchant!
Commenter  J’apprécie          141
Elle danse dans le noir est un roman qui m'a beaucoup fait penser à L'étranger d'Albert Camus. Il commence d'ailleurs presque de la même manière « Depuis que ma mère est morte je ne tue plus les mouches ». Il prend aussi des airs de la promesse de l'aube de Romain Gary quand il évoque la mort de sa mère « J'ai toujours été persuadé depuis que j'ai compris que ma mère mourrait un jour, à l'âge de quatre ou cinq ans j'imagine, que je ne pourrais plus rester vivant à la surface de la terre alors qu'elle, désormais, serait toute seule dessous. À cet ensevelissement dans le royaume des vers et de la nuit, j'étais convaincu de ne pouvoir survivre. ».

C'est un roman autobiographique dans lequel l'auteur parle majoritairement de sa mère, aimante, timide et généreuse. Elle combat un cancer. Il l'assiste dans ses derniers instants. ous sommes spectateurs de cette intimité pudique dans laquelle le fils dévasté, qui voit son monde s'écrouler, peine à trouver les bons mots. Il tente des gestes tendres mais il semblerait que l'indélicatesse du temps éloigne souvent ces deux êtres : une mère et son enfant. Il y raconte aussi comment il a vu sa femme le quitter « Je n'ai plus de désir pour toi » en emportant leurs souvenirs et leur fille de six ans, Marilou. Sa fille, c'est le soleil de sa vie, son sourire quotidien. C'est grâce à elle, malgré la lente agonie de sa mère, qu'il se lève tous les matins.

C'est un récit très court, empreint de douceur et de poésie. Il ressemble à un poème en prose tant les mots ont l'air choisis avec précaution. Très émouvant, l'auteur nous transporte dans ses pensées les plus secrètes. Malgré le sujet qui peut sembler sombre, c'est un roman très lumineux qui rappelle le cycle inévitable de la vie. Il nous rapproche les uns des autres par le biais de ce sentiment universel : le deuil. Il met des mots sur les angoisses ressenties et le chagrin expérimenté. C'est le triste lot de chaque être humain, de perdre l'auteur de ses jours et pourtant, René Frégni, arrive à nous montrer que les êtres aimés ne meurent jamais : ils vivent éternellement dans la lumière de nos coeurs. Ce livre raisonne comme un immense cri d'amour.

Ce roman est éblouissant car c'est dans le noir le plus profond d'où, désormais, se trouve sa mère, que René Frégni la voit danser pour toujours.
Lien : https://littecritiques.wordp..
Commenter  J’apprécie          113
C'est comme de lire un long poème en prose. Vous vous attardez sur chaque phrase, vous vous répétez certaines des images pour vous en imprégner.

C'est comme si René Frégni écrivait à la fois avec ses tripes et avec une maîtrise acérée mais paraissant naturelle de la langue. Comme s'il était investi d'un don permettant de trouver le mot parfaitement juste pour exprimer ce qui bouillonne, hurle, pleure, ou rayonne en lui. Lui qui pourtant détestait l'école, sa quasi cécité l'empêchant de saisir les mots écrits au tableau, malgré sa volonté de s'asseoir près de la fenêtre pour avoir plus de lumière...

Mais ce n'est pas de son enfance qu'il est ici question. Quoique...

Quitté par sa compagne Ève, après vingt ans de vie commune et une petite Marilou âgée de six ans, il subit sa douleur et sa nouvelle solitude sous la chaleur caniculaire d'un été, qui lui en rappelle un autre : celui, quatre ans auparavant, de l'agonie de sa mère.

Il mêle ainsi, en ce récit très bref mais très riche, les souvenirs de cette fin de vie qu'il a accompagnée, liés au vibrant hommage rendu à cette mère adorée alimenté de réminiscences enfantines éblouies par cet passion filiale, et les émotions que suscite le départ de sa compagne.

L'ensemble retentit d'un immense cri d'amour, celui qu'il éprouve et qu'il manifeste, mais aussi celui dont il a un poignant besoin. Amour de fils, inconditionnel et structurant, amour galvanisant d'amant, amour de père, enfin, chastement charnel, serein et émerveillé...

"Elle danse dans le noir" est ainsi une rencontre immensément touchante avec un homme à la sensibilité exacerbée, loyal, sincère et généreux, aimant sans mesquinerie ni compromission, dont la capacité à l'introspection n'empêche pas l'ouverture aux autres et une profonde empathie.

Avec simplicité et éloquence, il sait dire les petits gestes qui expriment beaucoup. En rythmant son texte d'une musicalité harmonieuse, comme s'il avait trouvé l'accord parfait entre sa plume et ses pensées, le fil de ses douleurs et de ses réflexions, il évoque la souffrance de la perte et la maladie, la trahison du corps qui décline et se dessèche, ses manifestations malodorantes, la laideur de cet étiolement, et c'est pourtant, à travers le prisme de son irréductible affection, beau à pleurer.

A la violence de la souffrance provoquée par ces deux pertes, contrebalancée par ce recommencement que représente sa relation si forte avec sa fille, succède peu à peu une acceptation qui l'apaise, comme si d'écrire sa détresse lui permettait de l'apprivoiser.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          93
La lecture récente de « Un dernier arrêt avant l'automne » m'avait incité à courir chez mon libraire trouver un autre livre de cet auteur qui m'était inconnu. Ce fut celui-ci. Bien sûr, une gourmandise littéraire comme le premier appelle une repasse mais qui dit repasse, dit risque d'indigestion. Il n'en fut rien. Au contraire, ce récit d'un homme pour qui trois femmes comptent : la sienne qui le quitte, sa mère qui le quitte aussi mais du fait de la maladie incurable et sa petite fille de 6 ans qu'il ne voit plus qu'une semaine sur deux. Un récit qui aurait pu être triste et poignant, qui l'est certes mais en partie seulement car les pages sont si belles sur ces relations d'amour, de tendresse ou de bienveillance. Tout au long du livre, même au détour des prisons que l'écrivain fréquente comme maître de lettres, on déambule en poésie et humanisme. Des pages de toute beauté donc, qui donnent à penser que tout espoir en humanité est encore permis
Commenter  J’apprécie          92
Très beau roman à l'écriture profonde et très agréable.L'auteur nous raconte avec beaucoup d'émotion,tendresse et simplicité un passage de sa vie où il se retrouve seul suite au départ de sa femme.Cet épisode concorde avec l'annonce du cancer de sa mère qu'il va soutenir jusquà la mort.
C'est le roman d'un écorché vif.Il nous parle aussi de sa difficulté d'écrire dans ces conditions,des ateliers d'écriture qu'il anime en prison,des femmes qu'il a envie d'étreindre.
Ce roman a obtenu le Prix Léautaud et m'a fait passer un très bon moment de lecture.

Commenter  J’apprécie          62
Je ne connaissais pas l'auteur, le texte m'a beaucoup plus, des tournures de phrases comme je les aime !
La mère de René Fregni se meurt, il reste à ses côtés, mettant son amour à nu pour elle, tout contre elle avec pudeur et une tendresse immense. Et de la colère aussi (qu'il défini comme un rat qui lui laboure le ventre de l'intérieur), colère donc contre la clinique qu'il accuse de l'acharnement thérapeutique qui aura raison de ses derniers sourires... (page 98 : "quelques heures plus tard, je quittai l'hôpital. La lune frappa mon visage, je lui crachai dessus.")
Et puis sa femme l'a quitté avec une phrase "Je n'ai plus de désir pour toi." prononcé un soir, le lendemain elle partait. C'est simple et ça fait des ravages dans son coeur d'homme. Mais Fregni tient debout car il y a Marilou, sa petite fille de 6 ans aux mains chaudes dans les siennes, les prisonniers des Baumettes qui participent à l'atelier d'écriture qu'il anime. Et puis aussi cet espoir infini qu'une femme-rêve existe bel et bien (page 69 : "Il faudrait que je rencontre une femme qui ressemble à mes rêves, à ma fatigue. Quelques instants contre sa voix, contre cette musique qui est en moi depuis que j'attends.")
R. Fregni pose un regard sur le monde qui l'entoure dans une langue émouvante, à fleur de coeur (page 139 : "ce matin, j'ai senti le printemps sur les façades, les arbres nus, le sourire presque étrange des femmes. J'ai pensé qu'en s'allongeant les jours lanceraient sur leurs corps des couleurs de violoncelle. Je me suis senti aussi léger que le ciel.")
C'est un récit tendre, doux qui mêle la brutalité de la vie qui passe vers, indéniablement, le noir de la mort au bout mais quelle langue merveilleuse pour nous en parler !!!
Commenter  J’apprécie          50


Lecteurs (303) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1725 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}