Ce livre est une étreinte, il vous enveloppe comme les premiers rayons du soleil qui vous apportent lumière et chaleur.
Cet instant de douceur où nous sommes suspendus dans un cocon entre l'infini et la paix de l'âme.
« Ma fille est parie vivre dans une autre ville, vivre sa vie. Dix-huit ans avec ma fille, dans cet appartement au milieu des tuiles, des cheminées et des oiseaux. Maintenant je vis avec le silence. »
C'est ici et maintenant, que ce père, cet homme va tenir le journal de ses journées de flottement, de son changement d'état.
Avec
René Frégni la sensualité est là, celle des corps, mais surtout celle de la nature.
Qu'il narre les indiscrétions vues de sa fenêtres concernant ses voisines, ou qu'il vous raconte la taille des oliviers, le changement des saisons, chaque geste, chaque regard est d'une volupté absolue.
La douceur s'installe dans les rituels qu'il a pour venir en aide à « sa fiancée des corbeaux », l'institutrice qui s'occupe de son père habité par Alzheimer.
René s'occupe de Lili, ils se promènent à pas lents et il écoute ce vieil homme vivre ses souvenirs, ceux des années de jadis .
Il y a aussi l'amitié avec Tony, ancien truand, haut en couleurs, très touchant et véritablement étonnant.
Les lectures sont là, elles aussi ponctuent les journées, les nuits, elles sont de tous les instants. Et comme à chaque fois quand René nous parle littérature, il ouvre les portes du monde, il sait nous dire l'importance des mots, leur richesse.
Finalement, le lecteur découvre tous ces petits riens (en apparence) qui font la vie.
Et le silence ne se remplit pas, il se savoure, et développe notre acuité sur le monde, notre regard se pose sur l'essentiel, la nature, l'amour et l'amitié prennent leur juste place, il nous apprend à cultiver l'authenticité.
« Les collines et les plaines sont grises, gris les grands arbres nus, le moindre brin d'herbe, et cependant tout est aussi beau qu'il y a un mois. le gris de l'hiver n'est pas triste, il est primordial, c'est la couleur de ce vaste silence qui annonce dans chaque racine, pierre ou goutte d'eau quelque chose d'irrésistible. »
Finalement, quand le dernier enfant quitte le nid, il y a l'absence, la nostalgie des années liées à celles des enfants, mais c'est une porte ouverte sur autre chose, sûrement nos dernières années où il est bon de vivre au plus près de ce que nous sommes profondément, et savourer les instants où la progéniture revient au bercail avec la satisfaction de voir ce qu'elle est devenue.
La beauté de l'écriture de René vous apporte la plénitude.
Vous lisez une phrase, la relisez, vous vous perdez dans la résonnance des mots, vous vous retrouvez, les mots vous ont envahi, les émotions sont à fleur de peau, vous êtes loin très loin et vous vous sentez merveilleusement bien.
Si la vie est le temps qui s'enfuit, alors saisissez-le, faites-vous des bulles de bonheur, la fugacité ce n'est pas la perte mais le renouveau de l'instant.
©Chantal Lafon
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