Chez les
Nicci French, la semaine comporte huit jours. Voilà huit ans que les deux auteurs anglais nous content les (més)aventures de la psychanalyste Frieda Klein, empêtrée dans des affaires sordides bien malgré elle. Avec comme fil conducteur, la première affaire débutée dans
Lundi mélancolie. Un tueur obsédé par Frieda, toujours présent en toile de fond dans les précédents romans. Avec
le jour des saints, voilà le moment de la confrontation directe entre Klein et Dean Reeves.
Quand on suit une série littéraire durant autant d'années, avec toujours le même plaisir, arriver au bout du chemin est toujours un sentiment particulier.
Ce roman peut se lire individuellement et sa lecture sera sûrement assez plaisante. Mais tellement éloignée de l'expérience littéraire quand on a lu les sept précédents ! Parce que Frieda Klein est devenue une proche, un être de papier qui a pris un tel relief au cours du temps que le lecteur assidu a l'impression de la côtoyer réellement.
Et pourtant, que ce personnage reste énigmatique… Par son métier, elle sait écouter les autres, les faire accoucher de leurs problèmes, les aider à penser. Mais son cheminement de pensées à elle est tortueux, parfois clinique, mais toujours juste.
Ce huitième tome se devait d'être l'apothéose de la série, avec deux protagonistes qui se cherchent à distance depuis sept ans et qui enfin décident d'aller au front. Voilà bien un exercice difficile que de clôturer tant d'années de lectures, sans décevoir.
Et le résultat est à la hauteur des attentes. Une fois de plus, les
Nicci French arrivent à insuffler un rythme différent, une autre ambiance à leur histoire. Tous les épisodes de cette série sont à la fois totalement liés mais aussi indépendants, avec une atmosphère qui leur est propre.
Après un
Fatal dimanche particulièrement rythmé, ce Jour des saints est louvoyant, à l'image de ce qui est l'un des fils conducteurs de la série : les rivières londoniennes. Sinueuses, tantôt apparentes, tantôt disparaissant sous terre. Parfois asséchées, d'autres fois débordantes.
Le style des
Nicci French lui aussi s'adapte, mais reste à l'anglaise. Subtil et direct à la fois. Froid et émouvant, tout autant. Prenant, indéniablement.
Parce que l'histoire joue avec les nerfs du lecteur, surtout s'il connaît bien les personnages. Avec une Frieda Klein dont on arrive à douter de sa maîtrise, pour qui on se pose mille questions. Et on s'inquiète, comme pour un membre de la famille. Ce personnage est atypique est a clairement marqué la littérature noire.
Parce que ce final est une vraie réunion familiale, mais version disloquée. La psy se cache de tous, mais se retrouve avec une nouvelle pensionnaire sur le dos. Émotions et analyses psychologiques à leurs maximums.
Les
Nicci French ont un talent unique. Il en fallait pour réussir à tenir sur huit romans sans se marcher sur les pieds. Et il en fallait pour finir en beauté, sans tomber dans la surenchère et surtout en continuant à surprendre. C'est réussi, totalement.
Le jour des saints, il ne peut en rester qu'un.
Nicci French termine la série en beauté. Frieda Klein va nous manquer.
Lien :
https://gruznamur.com/2019/0..