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Citations sur La peur de la liberté (56)

Les doctrines selon lesquelles l’homme, fondamentalement mauvais, est un instrument impuissant entre les mains de Dieu et qui lui assignent comme seule tâche de se soumettre à la volonté de Dieu qui peut le sauver selon un incompréhensible acte de justice, ces doctrines ne peuvent pas être une réponse acceptable pour un homme comme Luther, poussé à la fois par le désespoir, l’angoisse et le doute et en même temps par un si grand désir de certitude. En 1518, il eut une révélation soudaine. L’homme ne peut être sauvé du fait de ses vertus ; il ne devrait même pas méditer pour savoir si son travail est ou n’est pas acceptable aux yeux de Dieu ; mais il peut avoir la certitude de son salut s’il a la foi. La foi est donnée à l’homme par Dieu ; à peine l’homme a-t-il vécu cette incontestable expérience subjective de la foi, il peut alors être certain de son salut.
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Le système de Luther, dans la mesure où il différait de la tradition catholique, a deux visages. L’un a été davantage souligné que l’autre dans l’image de ses doctrines généralement donnée dans les pays protestants. Cet aspect montre qu’il a donné à l’homme l’indépendance en matière religieuse ; qu’il a privé l’Eglise de son autorité et l’a donnée à l’individu ; que sa conception de la foi et du salut est celle de l’expérience individuelle et subjective dans laquelle toutes les responsabilités appartiennent à l’individu et non à une autorité qui pourrait lui donner ce qu’il ne peut obtenir par lui-même.
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[…] bien que Thomas d’Aquin enseigne une doctrine de la prédestination, il ne cesse d’insister sur la liberté de la volonté et en fait l’une de ses doctrines fondamentales. Pour atténuer le contraste entre la doctrine de la liberté et celle de la prédestination, il a été obligé d’utiliser les constructions les plus difficiles ; mais malgré le fait que ces interprétations ne résolvent pas de manière satisfaisante ces contradictions, il ne revient pas sur les doctrines de la liberté, de la volonté et de l’effort humain comme ayant une certaine utilité pour le salut de l’homme, même si la volonté elle-même peut avoir besoin du support de la grâce de Dieu.
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Nous disons de Luther que sa relation à Dieu était une relation de soumission sur la base de l’impuissance de l’homme. Il a dit lui-même que cette soumission était volontaire, résultant non pas de la crainte, mais de l’amour. En toute logique, on pourrait rétorquer que ce n’est donc pas de la soumission. Cependant, psychologiquement, il advient de l’ensemble de la structure des pensées de Luther que ce genre d’amour ou de foi est en fait une soumission ; que, bien qu’il pense consciemment le caractère de sa « soumission » à Dieu comme une sujétion volontaire et aimante, il est envahi par un sentiment d’impuissance et de faiblesse qui fait de la nature de sa relation à Dieu une soumission.
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[…] le capitalisme libérait l’individu. Il a libéré l’homme de la discipline excessive du système corporatif ; il lui a permis de se tenir debout sur ses propres pieds et de tenter sa chance. Il est devenu le maître de son destin, qui était son risque et son profit. L’effort individuel pouvait l’amener au succès et à l’indépendance économique. L’argent devint le grand égalisateur de l’homme et se montra plus puissant que la naissance et la caste.
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Un esprit d’agitation commença à se répandre vers la fin du Moyen Age. Le concept de temps, au sens moderne, commença à se développer. Les minutes prirent de la valeur ; un symptôme de cette nouvelle perception du temps est le fait qu’à Nüremberg, les horloges sonnent les quarts d’heures depuis le XVIe siècle. Trop de jours chômés commencèrent à apparaître comme un malheur. Le temps avait tellement de valeur que l’on avait le sentiment qu’il ne faudrait jamais le dépenser dans une activité inutile. Le travail fut de plus en plus perçu comme la valeur suprême. Une nouvelle attitude envers le travail se développa, qui était si forte que la classe moyenne cultiva une indignation contre l’improductivité économique des institutions de l’Eglise.
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A l’origine, dans une guilde minière, le partage entre chaque membre était proportionnel à sa quantité de travail. Mais au cours du XVe siècle dans de nombreux cas, le partage appartenait aux capitalistes qui ne travaillaient pas eux-mêmes, tandis que de plus en plus, le travail était effectué par des travailleurs qui recevaient des salaires et non pas des intéressements à l’activité de l’entreprise. Le même développement capitalistique s’est produit au sein des autres industries et a augmenté la tendance qui résultait du rôle croissant du capital dans les guildes d’artisans et dans le commerce : la division grandissante entre pauvres et riches et l’insatisfaction grandissante des classes pauvres.
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Bien que les idées de la Renaissance ne fussent pas sans influence sur les développements ultérieurs de la pensée européenne, les racines essentielles du capitalisme moderne, sa structure économique et son esprit ne se trouvent pas dans la culture italienne de la fin du Moyen Age, mais dans la situation économique et sociale de l’Europe centrale et de l’Europe de l’Ouest ainsi que dans les doctrines de Luther et Calvin.
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Nous avons des raisons de douter de la réalité du bonheur et de la sécurité souvent décrites à propos des puissants maîtres du capitalisme de la Renaissance. Il semble que cette nouvelle liberté leur ait apporté à la fois un sentiment de puissance renforcé et un isolement accru, le doute, le scepticisme et – découlant de tout cela – l’anxiété. C’est cette même contradiction que nous retrouvons dans les écrits philosophiques des humanistes. A côté de leur insistance sur la dignité humaine, l’individualité et la force, ils traitent dans leur philosophie de l’insécurité et du désespoir.
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La naissance de l’individu au sens moderne est le résultat de cette destruction progressive de la structure sociale médiévale.
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