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La peur de la liberté s'infiltrerait-elle jusqu'à se sentir mal à publier sa chronique masse critique avec quelques jours de retard ? Un sentiment de culpabilité ? Plus grave, la crainte d'être exclu d'une communauté ? Pourtant je réponds à l'injonction : "L'acte de désobéissance comme acte de liberté marque le début de la raison"p.37 Ah ! Cette double contrainte semeuse de germes schizophrènes. Je ne fais en cela aucun tort à l'auteur décédé en 1980. L'ouvrage étant paru lui en 1941 méritait bien d'être réédité par les éditions Les belles lettres que je remercie pour leur envoi ainsi que Babelio pour un temps délaissé dû à un déménagement sous la contrainte. Et puis cette sympathique chouette symbole de la sagesse choisie comme logo par l'éditeur nous rappelle de garder nos yeux grands ouverts.


Par quel algorithme (de ceux régentant de plus en plus nos vies en nous enfermant dans nos habitudes par des sollicitations ciblées au détriment d'une fantaisie ou d'un hasard plus libertaire) ce livre a-t-il atterri dans mes mains plutôt qu'un des quatre choix sur la permaculture qui m'aurait été plus utile pour cultiver mon jardin dans mon nouveau cadre de vie ? Peut-être parce que le mot libre s'inscrit en lettres de feu dans cette toute petite et unique phrase sur mon profil qui me décrit pleinement. Quoiqu'il en soit Erich Fromm ayant travaillé à l'école de Palo Alto et une analyse passant de l'individu à la culture, de la psychologie à la sociologie, et traitant de la relativité de la liberté à travers les époques avaient tout pour m'attirer.


De citer Palo Alto me ramène en mémoire une anecdote lors d'une formation en systémique, le prof, aussi psy pourtant, n'a rien trouvé de mieux que de demander à chacun de se présenter au groupe en répondant à la question : A quoi servez-vous ? Ce que commencèrent à faire les participants. Trouvant pour ma part cette question réductrice et biaisée je n'ai pas accepté de me faire enfermer dans le carcan d'une pensée orientée. Sachant pertinemment que j'allais choquer je répondis donc : A rien. Je n'ai donc pas été plus que cela surpris par les regards exprimant effroi, sidération, colère ou haine, toute la gamme des rejets vite réprimée pour faire place à une salvatrice pitié distanciatrice (presque tous travaillaient dans les sciences humaines). Pour limiter leur malaise j'ai donc suspendu ma phrase et vite ajouté quelque chose de conforme à leurs attentes ... à rien puisque je suis chômeur et célibataire, les confortant dans leur réaction erronée et leur impression d'une bienveillance consciemment affichée masquant leur peur souterraine. Ainsi briser une règle fût-elle implicite n'est jamais sans effet.


"Le thème central de ce livre : plus l'homme gagne en liberté [...] et plus il devient un "individu" qui n'a d'autre choix que de s'unir avec le monde dans la spontanéité de l'amour et du travail productif ou alors de rechercher une sorte de de sécurité au travers de lien avec le monde qui détruisent sa liberté et l'intégrité de son être individuel." p.28 Comment adhérer à cette thèse qui implicitement fait dans un contre-sens étymologique révélateur l'apologie du travail comme force libératrice ? D'autant plus ironique quand l'auteur se plait à décrire les dérives et la force destructive d'un régime fasciste arborant la devise : Arbeit macht frei ! Rappelons donc que travailler est issu du latin populaire tripaliare, signifiant « tourmenter, torturer avec le trepalium ». ... le mot vient du mot latin tribulum qui désigne une herse destinée à cet effet.
De plus, toute la pensée de ce livre repose sur des prémisses qui nous sont assénés d'autorité mais nullement démontrées "A moins qu'il (l'homme) n'ait une appartenance, à moins que sa vie n'ait eu quelque sens et une orientation, il se sentirait comme une particule de poussière et son insignifiance l'accablerait." p.27
Ben pourquoi ?


Ce qui ne veut pas dire que le livre est à rejeter, que du contraire j'ai trouvé bien intéressant le grand chapitre décrivant les mécanismes de fuite et dans celui débâtant des aspects positifs et négatifs de la liberté, j'ai trouvé quelques explications à des comportements qui ne cessent de me sidérer quand je constate qu'une majorité est régulièrement demandeuse d'une réduction de ses libertés et surtout de celles des autres s'en sembler se rendre compte que tout abaissement d'une liberté quel qu'elle soit est un pas vers d'autres pertes de liberté. En ce sens toutes les excuses sont bonnes à une poignée détenant le pouvoir d'augmenter sans cesse son contrôle pour s'en arroger davantage. Et donc je ne serais pas loin d'élargir l'analyse sur la psychologie du nazisme faite par Fromm aux récentes dérives d'autoritarisme sous le prétexte de la Covid. Un grand mouvement coercitif supporté par la 5G et les gagafa est en route et tout événement, comme un basculement des forces géopolitique vers la Chine, un dérèglement climatique, une nouvelle maladie, peut maintenant déclencher un tsunami de pertes de liberté au profit d'un fallacieux bien commun.


Peut-être puis-je ici déposer cette phrase laissée en suspens pendant près de 5 ans car subitement inaudible à cause d'une bien petite transgression : Je ne sers à rien. Je suis. Etre, c'est déjà bien. Et mieux encore être soi (ou plus précisément le redevenir).

En conclusion ce que je rejette dans l'analyse soutenue par ce livre au niveau individuel est probablement conforme au comportement majoritaire dans notre culture occidentale, ma peur pour la liberté est donc votre peur de la liberté que j'associe directement à la peur de la mort qui n'est rien d'autre qu'une peur de la vie.
Mais possiblement je m'illusionne...
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« La liberté, pour quoi faire ? » demandait Georges Bernanos.
C'est un titre qui sonne mieux que « La peur de la liberté » d'Erich Fromm. Et pour tout vous dire, une note de lecture qui commence de cette manière, ce n'est pas forcément de bon augure.


Il se trouve déjà que la liberté, dans le domaine qui est celui d'Erich Fromm (la psychologie), s'apparente souvent à une vulgaire forme de fantasme. La liberté, ça serait bien, mais la plupart des gens n'osent pas, nous disent les psychologues. Les gens veulent se débarrasser de la liberté, ajoutent-ils. Oui, mais, encore faudrait-il qu'ils aient eu une liberté pour pouvoir s'en débarrasser.


Voilà ce que nous sommes obligés d'entendre la plupart du temps. Dans le fond, Freud serait plus proche de Bernanos : la liberté, si nous pouvions l'avoir, pourquoi la vouloir, puisque nous ne la désirons pas ?


Mais Erich Fromm saute du domaine de l'individuel au domaine du collectif. La liberté serait avant tout une histoire des masses. La liberté au temps de l'anonymat, la liberté au temps de l'émergence de la dimension de l'individu, la liberté à l'époque de la Réforme, la liberté au temps du nazisme, la liberté dans la démocratie, etc. Ces cheminements à travers une portion très congrue de la frise chronologique de l'histoire occidentale sont l'occasion de démontrer que l'homme est un animal blessé d'un événement qu'il a oublié et dont il essaiera toute sa vie de se venger – Erich Fromm donne à cet état le nom de « sadomasochisme quotidien ». C'est à cause de cette déception primaire que nous serions malheureux et que parfois, ce malheur connaîtrait une assomption jubilatoire à l'échelle de la société. Toutefois, la plupart du temps, comme la civilisation nous interdit de nous venger n'importe comment, nous retournerions notre soif de vengeance contre nous-même. Cette hypothèse très comportementaliste est peu convaincante mais nous devrons nous en contenter. Tel est le prix de la liberté.


Erich Fromm étudie particulièrement les modalités d'expansion des relations de type sadomasochisme à l'échelle de la société en passant par le prisme de la religion, à travers les cas de Luther et de Calvin. le propos devient un peu plus intéressant puisqu'il vise à prouver que les mouvements prônant la libération des anciens dogmes n'aboutissent en général à rien d'autre qu'à étouffer un peu plus la liberté. Les dieux sont utiles parce qu'ils délestent l'homme de tout ce qui est véritablement hors de sa portée.


Tiens, tiens, tiens, se dit-on, Erich Fromm penserait-il lui aussi que la liberté a quelque chose à voir avec la responsabilité ?


La destitution de l'autorité traditionnelle détenue par l'Eglise, telle que la souhaitaient Luther et Calvin, n'aurait fait que rétablir une nouvelle forme de soumission encore plus autoritaire et aliénante, nous dit From'. L'humiliation s'intériorise sans intermédiaire divin et une lutte paradoxale contre la destinée s'établit dans le contrôle de chaque instant sur soi-même. La liberté est responsabilité, c'est-à-dire qu'elle reconnaît aussi que tout le reste lui échappe. Bien curieuse conception de la nécessité de la vraie religion, certes – mais pour une fois qu'elle n'est pas ridiculisée, savourons-en toute la saveur acidulée.


From' consacrera évidemment quelques chapitres aux totalitarismes (nazisme, démocratie). C'est bien, mais ça ne sert à rien, comme nous le prouve l'éternelle répétition de l'histoire sous des formes toujours trop neuves pour les esprits appliqués.


From' réclame un individualisme plus fort. Pas le semblant d'individualisme qui sévit à notre époque, qui sonne creux parce que personne ne sait quoi y foutre dedans puisque malgré des formes et des couleurs différentes, tout appartient au cycle de la production/consommation d'abstractions. Pas nom plus l'individualisme de l'humanisme qui s'exacerbe à mesure qu'il croit se sacrifier pour l'humanisme. L'individualisme de quoi alors ? Je ne sais pas trop. L'individualisme qui n'a pas peur sans doute. Encore faudrait-il savoir de quoi.
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Disciple allemand de Freud (1856-1939) ayant beaucoup d'indépendance d'esprit, E. Fromm (1900-1980) s'en est écarté sur plusieurs points sans pour autant négliger l'essentiel. Il y a cependant 44 ans d'écart entre eux deux, et pendant toutes ces années, la société a évidemment changé, et donc aussi le cadre de la réflexion, non pas pour remplacer celle du passé, mais pour y ajouter un étage. Comme le dit Alain de Mijola dans le «Dictionnaire International de la Psychanalyse» (Calmann-Lévy), tome I, p. 669, E. Fromm «excellait à repérer les prémisses libérales bourgeoises que Freud tenait pour allant de soi». Dans ce livre, Fromm jette un pont entre l'étude de la société et celle de l'individu, entre la psychologie des profondeurs et la sociologie, et ce livre est connu pour marquer un jalon essentiel dans l'histoire des sciences sociales modernes, ce qui explique et justifie sa réédition. Ce classique est sans doute l'oeuvre majeure de l'auteur.
L'enfant est longtemps pris en charge par ses parents. Il est dépendant et ne peut être libre. Sa sécurité est dans cette dépendance, et certains adultes plus faibles ont aussi besoin de cette dépendance rassurante, d'où le titre «La Peur de la liberté».
À la fin de la guerre 1914-18, Fromm avait 18 ans et vit s'effondrer l'Empire allemand. Sa jeunesse, c'est celle des spartakistes et de l'extrême gauche. En 1933, tout bascule et Hitler prend le pouvoir. Fromm a 33 ans et fuit aux Etats-Unis. Ce contexte explique qu'il puise à la fois dans le marxisme de l'époque et dans la psychanalyse.
«La Peur de la Liberté» date de 1941, juste avant l'entrée en guerre des États-Unis, et est le fruit de ses réflexions sur le conformisme des masses envers le totalitarisme du nazisme et du fascisme. Il comporte aussi une relecture du plus haut intérêt du Moyen-Âge, de la Renaissance et de la Réforme. Tout ce qu'apporte Fromm est fort enrichissant, mais le livre se caractérise aussi pour moi par un silence étourdissant. le grand absent en est Staline, signataire du pacte d'amitié germano-soviétique de 1939, pacte destiné à se partager la Pologne, rompu par son allié Hitler - et non pas par le Staline - en juin de cette même année 1941, et qui voit pourtant Staline engendrer des mécanismes fort similaires à ceux que décrit Fromm.
À la lumière du nazisme et du fascisme italien, mais cela vaut donc pour d'autres dictatures, Fromm suggère que beaucoup de peuples minimisent ce qu'il appelle les effets négatifs de la liberté, en développant trois moyens
- l'autoritarisme avec des aspects sadiques et masochistes, et la soumission à une personne ou à une idéologie,
- la destructivité pour ce que le sadique n'arrive pas à contrôler, et
- le conformisme qui voit les masses incorporer inconsciemment les idées et les pratiques imposées par la pression sociale, en évitant toute réflexion ou toute confrontation qui serait source d'anxiété et de sentiment de culpabilité. Déjà l'enfant s'identifie au père despotique pour en retirer un sentiment de puissance rassurante, et éradiquer la peur d'entrer en conflit. La relation entre le citoyen et le dictateur est du même ordre, de même que toute relation de dominant à dominé, et explique comment certains deviennent collabos. Cette forme d'identification au leader, décrite par Freud, a aussi été étudiée plus tard par Lacan.
Fromm voit dans ces trois moyens de fuite de la liberté les origines psychanalytiques du totalitarisme, et sa pensée laisse déjà entrevoir ce qu'on appellera plus tard le Syndrome de Stockholm.
Il rappelle aussi ce que nous voyons tous les jours, à savoir que ces tendances peuvent se retrouver dans les démocraties, où certains esprits faibles ne sont pas à l'abri de l'idée rassurante d'un pouvoir fort, bien que l'expérience d'Hitler, de Staline, et de bien d'autres, n'ait pas été particulièrement concluante. L'explication ne ressort donc pas de la rationalité mais s'éclaire de la psychanalyse. Si ce que décrit Fromm est toujours d'actualité, d'autres tendances se font jour aujourd'hui: le besoin maladif d'être contre, et ce qu'on nomme l'ultracrépidarianisme, néologisme désignant ceux qui ont une opinion définitive sur tout et surtout contre tout, en dehors de leur domaine, par exemple sur la vaccination. Ce mot est issu d'une réplique de Pline l'ancien à son cordonnier qui voulait donner son avis sur les formes littéraires (Histoires naturelles, 35): «Sutor, ne supra crepidam» (Cordonnier, pas au-delà de ta sandale). En 1891, Darwin a écrit que la connaissance engendre le doute et la prudence, tandis que l'ignorance s'accompagne souvent d'une certitude affirmée avec force.
Merci à Babelio et aux éditions Les Belles Lettres pour cette «masse critique», et pour ce livre qui nous aide à aiguiser notre esprit critique, à mieux comprendre notre environnement humain. Montaigne nous invitait à frotter notre cerveau à celui d'autrui. Celui d'Erich Fromm peut nous apprendre beaucoup. C'est une pierre à l'édifice de notre pensée qui ne laissera pas indifférent.
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Fromm analyse comment la notion de la «liberté» au cours des derniers siècles a influencé l'attitude de la personne et ce que les gens ont fait pour l'accepter et se sentir à l'aise dans la société.

À mon avis, Fromm a accompli son analyse de manière convaincante, il a vraiment décortiqué les concepts de luthéranisme et de calvinisme et est parvenu à des conclusions raisonnables.

Du surcroît, l'avis de l'auteur sur la société capitaliste moderne est très cohérent avec mes sentiments. Je ne dirais pas que cette partie brille d'originalité, cependant, aucun point litigieux n'a été trouvé dans le texte. Parfois, il n'est pas superflu de répéter des vérités bien connues.

De manière général, mon évaluation de ce livre est assez positive, mais je ne pense pas revenir à "La peur de la liberté" ni à lire d'autres ouvrages de l'auteur. Il manque d'originalité ou de profondeur. Mais Fromm était facile à lire. Il me semble qu'il est utile de le conseiller à ceux qui ne sont qu'au début de la connaissance des mécanismes de développement de l'homme et de la société. Et de tels livres, bien sûr, doivent exister.
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J'ai rarement lu un livre aussi nul. Jamais eu autant de mal à terminer 267 pages avec un tel condensé de conneries, alors qu'en même temps les libertés des peuples occidentaux étaient mises en suspens par une mafia internationale, dans l'indifférence générale d'une génération abrutie d'écrans qui va se faire injecter sans broncher des produits expérimentaux tout en acceptant de laisser de côté une partie de ses compatriotes sur la base d'une propagande pseudo-scientifique. Bref, alors que le livre eût pu être d'une actualité brulante puisque la tragédie de la mise en esclavage des débiles se déroulant sous nos yeux en cet été 2021 l'aurait rendu des plus actuels, la lecture s'est avérée des plus pesantes.

Enfin, soyons juste : les 123 premières pages – soit la moitié du livre environ – sont une sorte de copier/coller/appauvrir de l'esprit de la sociologie allemande de la fin du XIXème siècle (Tönnies et Weber en tête), repris par la plupart des sociologues germanophones dans les années 1930-40 et notamment Karl Popper avec ses « sociétés closes » et « ouvertes ». On y apprend donc rien de nouveau, sur le passage de la société traditionnelle à la société moderne – mais comme nous sommes en 1941 et qu'en 1941 il faut taper sur les Nazis en faisant gentiment l'impasse sur l'URSS – sur le sujet de la peur de la liberté, le communisme n'aurait pas été incongru, non ? – l'auteur nous gratifie de ses analyses sur Calvin et Luther pour parler plus particulièrement de l'Allemagne. Rien de tout cela n'est ni totalement original, donc, et la partie plus psychologique sur Calvin et Luther d'un ennui profond. Mais qu'importe puisqu'à partir du chapitre 5, Fromm n'y fera plus référence que de manière totalement anecdotique, puis à la fin pour laisser croire au lecteur qu'il y avait une thèse dans son bouquin.

Le chapitre 5 est épouvantablement long, plein d'assertions totalement gratuites bien que crédibles (mais la plupart du temps l'affirmation inverse peut aussi être vraie) et d'exemples tirés par les cheveux sortis de nulle part. Ici on parle d'un rêve, là on mobilise un exemple historique, on badigeonne de Freud, de Moi, de sadomasochisme, de personnalité autoritaire, ça donne tout un grand chapitre fait de bric et de broc et qui n'a ni queue ni tête, pour justifier, en gros, que l'individu est traversé de part en part par des déterminations qui l'empêchent d'être libre. Truc de dingue !

Le chapitre 6 est plus court mais tout aussi con. Tout d'abord, le charlatan refuse d'expliquer le nazisme par le contexte historique (pourquoi nous avoir saoulé avec ses quatre premiers chapitres, alors ?), chose qu'il ne fait pas totalement, et heureusement car ce sont les seuls éléments un peu intéressants. le reste est à l'image de la psychologie non-cognitive : débile. Une sorte de salle de torture permettant à un crétin dans l'ombre de poser sur des individus une lumière décapante qui révèle tous les traits qu'il veut, selon l'angle avec lequel il persécute son sujet. Vous êtes sûr de vous ? Vous êtes narcissique, il faut vous soigner. Vous n'êtes pas sûr de vous ? Vous êtes névrosé, il faut vous soigner. le seul à soigner dans l'histoire, c'est le tortionnaire qui est en train de manger ses excréments et de vouer un culte à sa mère. Ici, les Nazis sont sadiques, puis masochistes, puis sadomasochistes, on s'attarde sur les écrits de Hitler (aucun lien avec Calvin ou Luther vraiment établis ; parler de Schmitt ou de Rosenberg eût écorché le pitre et ramené son propre écrit au statut de poussière infâme) mais rien sur le Traité de Versailles, 1929 ou la faillite morale et économique de Weimar. La psychologisation des masses est ici d'une bêtise affligeante et grotesque.

Le grotesque devient mielleux et niais au chapitre 7, qui déroule tous les poncifs imbéciles sur la liberté, la démocratie, l'espèce de « socialisme démocratique » qu'il faut viser (qu'on a jamais trouvé que dans les réalisations branlantes de quelques socialistes utopiques et qui ne durent en général pas plus de 5 ans) et la liberté que l'individu doit s'efforcer d'atteindre. A ce stade, considéré le rôle de l'université Columbia ou les grosses suspicions d'emploi fictif au Bennington College, on se demande si ce n'est pas le même stagiaire faussaire qui a aidé Karl Polanyi a pondre sa Grande Transformation et Fromm a commettre ce truc. En tout cas le stagiaire qui a écrit la vague niaiserie sur la spontanéité comme vecteur de liberté, n'a pas expliqué comment cela était possible étant donné tous les mécanismes de fuite balancés au chapitre 5… Un peu comme dans la plupart des livres sur l'aliénation ou les déterminismes, tout le monde est déterminé sauf l'auteur du livre, et comme dans les histoires de magiciens, quand le scénario le veut l'épreuve est très compliquée voire impossible à accomplir pour le héros, et quand l'histoire est assez longue, un sort sorti du chapeau apparaît comme un deus ex machina et tout le monde finit ses pop corns sans moufter.

J'ai terminé l'appendice en m'obligeant à tenir les yeux ouverts, baillant sous le flot de concepts les plus crétins (résistance à l'objectivisation, oui, je sais, oui, ohlalala !) de la psychologie, avec leurs histoires de culculs et de caca, oral, anal, toute cette bouse pour arriver à la page 261. Ici le grand génie vous apprend qu'il a refusé l'approche « psychologiste » (celle du juif Freud) ainsi que celle « économiciste » (celle du juif Marx) pour pomper une troisième approche, celle, « idéaliste », du non-juif Weber. Quiconque a lu ce dernier, sait bien que sa sociologie est une mine d'or – il n'y a donc pas une minute à perdre avec ce flot de merde dont les seuls éléments qui surnagent proviennent d'écrits qui le surpassent et l'insultent par leur grandeur. L'Ecole de Francfort est un poison mental doublé d'une farce savante. Ça n'a aucun intérêt.

Dernier détail : les deux traductrices semblent s'être tout autant ennuyée que moi, puisqu'on trouve moult coquilles, mots qui n'ont aucun sens dans la phrase mais dont le son est proche (la traduction a dû être dictée) ou de ‘connection' au lieu de ‘connexion'.
Lien : http://san3tiago.com/la-peur..
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Le psychanalyste et sociologue Erich Fromm définit, dans ce livre fondamental, la relation de l'individu avec le dictateur ou le détenteur de l'autorité politique suprême sur le modèle de la vénération vouée par un fils envers son père. La soumission à l'autorité politique et le renoncement à la liberté sont décrits comme une sorte de syndrome (ce que nous appelons parfois aujourd'hui "syndrome de Stockholm"). le sujet trouve plus de confort dans la soumission à un pouvoir menaçant tandis que la revendication de sa liberté est source d'angoisse.
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C'est un monument de la littérature sur le thème de la psychologie. L'approche de Erich Fromm est intéressante dans sa définition des adaptations possibles du caractère à l'environnement social. Il y a une étude de l'époque de la réforme sans doute très réductrice. le syndrome de Stockholm aurait des prémices de description, c'est vrai mais vraiment tout juste évoqué et sans être un sujet principaux décrit. le coeur de la "peur de la liberté" est la psychologie du nazisme. Erich Fromm dans ce chapitre fait une étude de texte de la pensée de AH. le nazisme est rattaché à une relation sado masochiste.
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