Avant le noir,
L’aube file entre les doigts,
Lulu,
L’aube bleue de Memphis,
Ivre encore,
Mais il n’est pas question d’en manquer une, pas question de se prélasser seul dans les draps froids de sa suite au Minzah Hôtel.
Le soleil se lève à peine et le corps de Memphis, frissonnant de Seconal et d’une nuit de rhum-coco, plonge, la tête rentrée, les bras tendus loin devant.
La piscine du Minzah est fraîche à cette heure, entourée de palmiers. Deux touristes dorment sur les transats, recroquevillés sous leur veste.Peu importe. Memphis est seul, plus que jamais seul, et il nage nu dans la piscine du Minzah.
Une longueur en crawl, une autre, dos crawlé, Memphis se lave de son chagrin qui le suit comme une ombre. Désormais, il inspire à la surface de l’eau, il expire, relâche son souffle étouffé par l’eau chlorée. Memphis poursuit ces brèves traversées, inlassablement.
L'amore, La Spia, l'amore, au bras de l'être aimé, j'ai découvert Palerme et la Sicile, mais voyez-vous, un jour, l'amour meurt, entre vos bras, il lâche son dernier souffle, votre main devant son nez pour qu'il ne s'échappe pas, pour ne pas mourir vous aussi à ce moment, vous comprenez, La Spia, il m'a fallu des années pour revenir à Palerme, croire que cela pouvait être possible et, pourtant, Palerme, la mort ne lui fait pas peur, la mort l'excite, jusque dans la nourriture elle est présente, voilà l'explication, La Spia, je me retrouve la nuit au milieu de la via Roma, ivre, je poursuis le fantôme de l'être aimé, je le devine caché sous des porches, derrière les arbres, en train de boire l'eau d'une fontaine, dans une ville où tout est si sombre, la nuit, on voit beaucoup de choses, trop de choses, j'ai cru devenir fou et il a fallu que je m'échappe, La Spia, je ne suis pas encore prêt,