Quel bonheur de retrouver la plume de
Mo Gadarr dans une toute nouvelle histoire ! C'est qu'elle m'avait rendue fan du très sympathique personnage de Slim dans la saga en trois tomes « T'as qu'à maigrir » - j'avais adoré le 1er, été un peu moins convaincue par le 2e, puis réconciliée avec le 3e, même s'il avait un peu perdu de l'enchantement de la découverte, ce qui est sans doute inévitable quand on arrive au bout d'une saga.
Et cette fois-ci, c'est mieux encore :
Mo Gadarr a lancé il y a quelque temps sur son compte Instagram une invitation à remettre un avis sur ce nouveau livre contre réception gratuite – la définition parfaite d'une collaboration, ou d'un « service presse » ! ;) . Moi qui ne vais que rarement sur Insta, il faut croire que j'y suis passée au bon moment : il était juste encore temps de poser sa candidature, et youhou j'ai été retenue !
C'est donc avec une certaine émotion que j'ai entamé ce nouveau livre car, en plus de sa plume que j'avais déjà appris à apprécier, j'ai eu la confirmation que Mo est une personne bien sympathique ! même si nous ne nous connaissons que virtuellement… et en tout cas je la remercie sincèrement de m'avoir confié son « bébé » !
Ayant dit tout cela, je me rends compte que je me trouve face à ce que j'ai toujours un peu craint dans les SP : le risque d'être partagée entre la reconnaissance envers cette autrice qui nous a fait confiance, et la nécessité de remettre un avis certes personnel, mais qui va potentiellement être lu par d'autres lecteurs, qui devrait dès lors être bienveillant et aussi positif que possible, sans pour autant nier les faiblesses, alors que l'on a juste envie de dire comme on est content et que tout était bien. Heureusement, cet exercice d'équilibre ne sera pas trop difficile, ici, car vraiment ce livre a été une nouvelle, très belle surprise !
Commençons donc par ce que j'appelle les « faiblesses » (comme ça après on pourra finir en beauté par tout le bon que je pense de ce livre), et d'abord ce qui semble désormais inévitable dans tant et tant d'autoéditions, pourtant parfois très bonnes par ailleurs : quelques fautes d'orthographe traînent encore… J'ai relevé 2-3 erreurs mineures qui relèvent davantage d'un problème de typographie ou mise en page, que d'un réel souci orthographique. Mais on a aussi, je pense à 3 ou 4 occurrences, la trop fréquente confusion entre indicatif futur et conditionnel présent à la 1re personne du singulier. La confusion entre les phonèmes /é/ et /è/ (en l'occurrence, le choix entre la terminaison –ai, ou –ais) semble devenue « normale », j'en veux pour preuve les nombreux exercices de préparation aux dictées de mes enfants, où on considère désormais les mots « et » ou « est » comme des homonymes ! Or, moi avec mon éducation « à l'ancienne » (et en plus de secrétaire et de traductrice, deux métiers dans lesquels une orthographe irréprochable est de rigueur), et peut-être aussi mon accent belge ;) qui marque davantage la différence entre ces sons que ce que j'entends parfois en France ; bref, pour moi ça reste toujours aussi incroyable… et ça continue de me choquer. Juste un exemple : « Mais il est clair que je ferai mieux de revendre ce téléphone, (…). » => je ferai est pourtant un conditionnel, remettez la phrase à la 3e personne du singulier si vous ne me croyez pas : « Mais il est clair que Mia ferait mieux de revendre ce téléphone » (et pas [i]fera[/i] mieux) => et donc au conditionnel à la 1re personne : je ferais mieux, avec un s ! (cqfd)
Mais donc, comme je disais : les occurrences sont peu nombreuses, j'ai vu bien pire dans certaines autoéditions… et hélas ce genre d'erreur commence aussi à contaminer des livres publiés à compte d'éditeurs, ce qui est encore plus gênant ! Disons juste que c'est dommage, car ça empêche ce chouette livre d'être tout à fait parfait.
Passons maintenant à tout le positif. Pour moi, bien davantage qu'une romance (genre littéraire qui reste largement sous-estimé) avec sa connotation populaire, ce livre se rapproche d'un réel, beau roman d'amour, avec des passages dans un style proche de la comédie romantique. Pour le dire autrement : ça garde la structure assez classique d'une romance légère (il m'attire mais je ne veux pas, elle m'attire mais elle est snob, s'aimera-t-on et puis se quittera-t-on, et peut-être qu'on se retrouvera), mais c'est exploité avec une réelle maîtrise littéraire, et en plus j'ai réellement ri à certains moments ! Par « maîtrise littéraire », j'entends surtout que la plume est fluide et agréable, les phrases sont bien construites et travaillées,
Mo Gadarr n'est clairement pas le tout-venant qui s'est tout à coup décidé à écrire une romance parce que ça se fait : elle manie sa plume avec habileté et entrain, et on la suit.
En outre, elle a choisi ici l'alternance d'un roman choral, donnant tour à tour la parole à nos deux personnages principaux : Mia la jeune mère qui se retrouve célibataire, et Dominique appelé « le Doc » ex-voyou constamment en galère et pourtant on ne trouve pas plus gentil et dévoué que lui ! Or, si une telle alternance est courante dans pas mal de romances, elle est souvent « superficielle » : on y change de titre en haut du chapitre et on modifie quelques éléments, mais c'est tout.
Mo Gadarr a été beaucoup plus loin que ça : on croirait presque qu'elle a écrit à quatre mains, avec un co-auteur invisible, tant le style de chacune des deux voix est différent, avec son vocabulaire, ses tournures de phrases propres, c'est même comme une question de musicalité, on change carrément de ton de l'un à l'autre, et on les reconnaîtrait sans même avoir besoin de voir le « titre » de chaque chapitre : bravo !
Parlons donc de ces personnages. Comme dans l'histoire de Slim précitée, ils sont bien travaillés, peut-être pas fouillés comme on aurait dans un thriller psychologique, mais on connaît l'essentiel de leur passé, de leur présent et de leurs rêves, et ils gardent une aura de mystère (surtout le Doc) qui les rend intéressants… mais aussi et surtout très humains ! S'il y a quelques touches à la limite du stéréotype parfois, ils sont suffisamment réalistes pour ne jamais tomber dans le piège du cliché.
Si on s'approche un peu plus d'eux, je dois avouer quand même que Mia m'a souvent agacée… Elle prend beaucoup de décisions à la limite de l'irréfléchi (ce qui participe à la rendre très humaine, en fait !), comme quand elle décide de planter là son amoureux pas sérieux… et n'a même pas l'idée de profiter des derniers avantages (comme emporter tout ce qui avait déjà été acheté pour le bébé), au lieu de s'armer d'une fierté indignée, qui ne laisse aucune chance à cet homme aussitôt catalogué. Certes, je n'ai jamais connu une telle situation, mais la réaction de Mia est excessive, or elle est souvent dans de tels extrêmes. Certes, c'est une façon d'être (je le suis un peu / beaucoup parfois moi aussi !), mais pour le coup ça m'a éloignée de ce personnage.
À noter aussi que Mo semble la mettre en avant comme une espèce de « représentante » (elle ne le dit pas en ces mots, mais c'est l'impression que donnent les premières pages et les remerciements) des mamans solo… Pourtant, si Mia se retrouve effectivement seule avec son bébé à élever, elle n'est seule que dans son lit, car par ailleurs elle trouve très vite (trop vite ?) de l'aide, et même un appui solide et toujours disponible, auprès de l'inénarrable Carmelle ou, bien sûr, du Doc ; le côté « maman solo » qui galère pour trouver à occuper son bébé, qui pleure de ne pas réussir à boucler la fin du mois, qui passe ses soirées seules face à elle-même quand le petit a enfin réussi à s'endormir – on ne ressent rien de tout ça. Même mon mari n'a pas toujours été aussi disponible que le Doc, quand les enfants étaient petits ! et que, même toute mariée que j'étais, j'aurais bien aimé avoir un homme un peu plus dévoué que le mien, certains jours… Bref, je ne sais pas jusqu'à quel point cet aspect un peu mélodramatique manque, mais c'est vrai que je m'attendais à lire quelques lignes à la limite du désespoir, or – sans pour autant dire que tout va bien pour Mia – le réalisme de l'histoire n'est pas poussé jusque-là.
Le Doc, en revanche, est le personnage masculin idéal ! Grand, un corps musclé et rassurant, tatoué façon bad boy, et pourtant hyper-gentil et bien un peu fleur bleue, on en redemande ! Je n'ai juste pas mis « beau » parce que, clairement, si le mannequin qui pose en couverture du livre est la représentation du Doc, bah ce n'est pas (du tout) le genre d'homme qui m'attire – mais bon, comme on sait : les goûts et les couleurs bla bla bla, j'imagine que d'autres (dont Mia bien sûr) doivent être pas loin de la pâmoison ! Et puis bon, j'adore son prénom (hihi !), dommage qu'on ne l'utilise pas davantage ; j'aime aussi son côté bad boy précité, et le fait qu'il cherche à s'en sortir malgré tout, avec une ténacité qui force l'admiration. Et pour compléter le tout, j'adore sa relation avec le petit Marius, ce fameux « Mister T. » pour lui qui ne sait pas prononcer le français ; cette touche-là, pleine de tendresse et aussi de souvenirs (de quand mon âme était du bon côté de la Force) qu'on n'oublie jamais.
Bref, n'hésitez pas à lire ce tout beau roman. Il aborde sans mélo le sujet des mamans solo, mais bien plus que ça, dans un roman d'amour aux accents de comédie romantique, avec des personnages forts et attachants, et cette petite touche de tendresse indéniable qu'est ce bébé qu'on voit grandir. La plume de l'autrice est toujours aussi fluide et agréable, car travaillée avec soin : un très bon moment de lecture !