La ville de Londres, qui avait récemment célébré le Jubilée de diamant de la Reine, s’apprêtait à accueillir les Jeux Olympiques. Les drapeaux britanniques et les logos LONDON 2012 fleurissaient un peu partout – sur des pancartes, des bannières, des banderoles, des porte-clés, des tasses, des parapluies. Des tonnes de produits dérivés, marqués des anneaux olympiques, s’entassaient dans toutes les vitrines ou presque. Strike trouvait que le logo ressemblait à des bouts de verre fluorescents juxtaposés au hasard. Quand a la mascotte, elle lui évoquait une paire de molaires affublée d’un œil de cyclope.
Sans un sourire, Linda entraîna Strike avec elle. Ne restaient que quelques personnes dans la file des invités. Robin n’en pouvait plus de devoir sourire et répondre aimablement aux félicitations des uns et des autres.
- Comment Knight gagne-t-il sa vie ? Tu as une idée ?
- Il m'a dit qu'il écrivait des articles pour des sites d'extrême gauche. Il vend des T-shirts CORO aussi, et un peu de dope. De la merde, soit dit en passant. On est allés chez lui, après le pub. Je te jure, je préférerais fumer des cubes de Viandox. J'ai dit que je lui en trouverais de la bonne. On mettra ça sur les frais généraux, d'accord ?
- Oui, à la rubrique "confiserie", dit Strike.
Pendant les pauses-café avec Izzy, Robin avait appris les différents sobriquets par lesquels se désignaient les membres de la famille Chiswell. Sophia, la grande soeur d'Izzy, était "Fizzy" et ses trois enfants portaient le genre de surnoms qu'on donne habituellement aux animaux de compagnie, à savoir : "Pringle", "Flopsy" et "Pong".
Le couple est une entité inconnaissable, même pour les deux personnes qui le constituent.
Les gens ont tendance à courber l'échine, même quand on les traite abominablement.
Il était quatre heures du matin. L'heure où les insomniaques errent dans un monde peuplé d'ombres frissonnante, où la vie humaine prend un aspect étrange et fragile.
Quelle chose merveilleuse que de reprendre espoir alors que tout semblait perdu.
La cérémonie commença par un compte à rebours. Dès les premières secondes, il y eut un problème : un ballon numéroté refusa d’exploser. Ça va encore être la merde, pensa Strike dans une crise de paranoïa patriotique.
Mais la merde en question se fit tellement attendre que Strike resta devant la télé jusqu’au bout, rata - sciemment - le dernier train, accepta de dormir dans le canapé-lit et prit le petit-déjeuner du samedi en famille.
Ce qu’il aimait avant tout c’était chercher, résoudre, établir la vérité, rendre justice. Cette passion, il se savait, résisterait à tout.