Les progrès d'Albert furent rapides; tout en exécutant les petites figurines qui ornaient les bijoux de son père, il sentit en lui se révéler son génie. N'apercevant dans son état qu'un champs trop étroit pour les vastes pensées qui agitaient son esprit, il demanda à son père d'abandonner sa profession pour la peinture. Celui-ci regrettait le temps perdu de l'apprentissage et s'opposa d'abord à ce projet; mais bientôt il dut céder aux demandes réitérées de son fils, et le jour de la Saint-Andé, l'an 1486, il le fit entrer pour trois ans chez Wohlgemuth. Cet artiste éminent avait auprès de lui un grand nombres d'élèves, peintres déjà expérimentés qui l'aidaient beaucoup dans ses travaux.
Fixé depuis lors à Nuremberg, Albert Dürer, pendant nombre d'années, ne songea plus qu'à utiliser les études qu'il avait faites dans ses voyages, Comme les peintres qui sentent leur génie, il avait vu les chefs-d'oeuvre des Pays-Bas et de Venise, sans cependant rien perdre de son caractère propre.
Doué d'un génie qui le portait plus à rendre la nature telle qu'il la voyait qu'à l'interpréter. Albert Dürer fut surtout un admirable portraitiste. Nul peintre n'a peut-être, autant que lui, su conserver au personnage qu'il représentait son caractère propre, son indivdualité.
Alber Dûrer, malgré l'admiration dont il était l'objet, ne se croyait point arrivé au sommet de l'échelle de l'art ; il cherchait toujours à agrandir son style et les plus belle créations de son pinceau sont aussi les dernières qui en sortirent.