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3,42

sur 367 notes
Publié en 2005, quelques années avant la vague du succès des " Déferlantes", ce livre est pourtant, selon moi ,meilleur et plus intéressant.

Le narrateur, qui ressemble un peu aux personnages à la dérive d'Olivier Adam, passe l'été en famille, avec sa femme et leurs jumelles de 7 ans, dans leur maison normande.C'est un être un peu perdu, en quête de sens.

Le hasard ( mais en est-ce vraiment un ? ) lui fait rencontrer une vieille dame très singulière , Alice. Au départ, cette femme agace et intrigue, elle est à la fois malicieuse, abrupte et imprévisible.Mais on devine chez elle une fêlure.

Au fil de conversations un peu décousues, on entre dans un monde fascinant, dont je ne connaissais rien, celui des indiens Hopi, en Arizona.Je ne savais pas non plus qu'André Breton s'était intéressé à cette tribu attachante.Alice apprend au narrateur qu'elle a rencontré les Hopi,jeune fille alors, en 1941, en compagnie de son père, photographe du poète.

Un lien très fort s'établit entre le narrateur et elle, les non-dits vont se dévoiler jusqu'à la révélation finale.On comprend mieux alors l'aspect changeant, coupant, voire désagréable d'Alice, au regard de ce qu'elle a vécu.

On sait aussi que cette rencontre va modifier en profondeur le cours de l'existence du narrateur.

La présence mystérieuse et forte du chat Voltaire, les échanges dans le jardin, la personnalité si particulière d'Alice, la fragilité du narrateur et leur belle fusion d'âmes, tout cela m'a plu, touchée.

Ce livre a une grâce qui a laissé son sillage en moi.
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J'adore cet ouvrage. Je l'ai déjà lu deux fois, la deuxième avec encore plus de plaisir que la première. Et je ne sais pas trop pourquoi. Parce que je suis fascinée depuis longtemps par la civilisation hopi d'Arizona? Parce que je suis attirée par le personnage de cette vieille dame en son jardin, peu conventionnelle et mystérieuse ? Cet ouvrage, qui commence de manière banale et sans intérêt (je l'ai commencé parce que j'avais adoré "Les déferlantes" ) prend petit à petit du relief et devient passionnant. On s'attache au destin de la vieille dame dont on découvre les blessures et les secrets enfouis. On se laisse gagner par une certaine mélancolie devant les années qui passent, la solitude des êtres, et la pluie de Normandie qui émousse les chagrins. Seul bémol : on n'éprouve pas la moindre sympathie à l'égard du narrateur dont on ne comprend pas les motivations. Il apparaît juste comme un ressort narratif pour faire parler la vieille dame et c'est plutôt moyen
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S'il fallait croire au hasard, d'aucuns diraient qu'il est bien fait. Que la rencontre entre Alice et le narrateur est une coïncidence, une belle coïncidence. Mais, faut-il croire au hasard ? N'est-il pas dit que l'on doive, un jour, rencontrer celui ou celle à qui l'on peut tout dire, même l'indicible ? N'y a-t-il pas sur cette terre, l'autre, qu'il soit ou pas du même genre, de la même génération, du même milieu ?

La rencontre avec Alice, cette vieille femme, va bouleverser la vie du narrateur. Mal dans sa vie de prof, mal dans sa vie de couple, ou plus exactement, ne trouvant ni ici, ni là, de ressort à sa vie. Une lassitude, un temps qui s'égrène, une incapacité à rebondir et à donner sens à une existence au caractère banal… jusqu'à l'ennui.

Sans se connaître, sans même aller jusqu'aux présentations polies, Alice et lui vont former un couple. Un couple initiatique, un couple de révélations.
Le partage de l'histoire, de deux lourds, insupportables secrets, va amener le narrateur à changer, à se changer, à reprendre un flambeau.

C'est l'Histoire des Indiens Hopi d'Amérique qui fournit le prétexte à l'évasion. C'est l'histoire de ces kachinas et autres masques de la religion d'un peuple inconnu et menacé qui bouleversa André Breton, mais aussi Alice.

C'est derrière cette histoire que se cache l'initiation à une autre philosophie de la vie.
Tous les secrets, tous ses secrets, Alice ne pouvait les partager qu'avec lui, qu'avec nous !
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« Dans l'or du temps » La particularité de ce roman c'est qu'il mêle fiction et réalité avec une aisance qui bluffe le lecteur. Et comme pour nous confirmer la véracité de cette histoire, l'auteur y glisse une touche originale : « un livre dans le livre » : Soleil Hopi de Don C.Talayesva, qui va être le fil conducteur du roman. ce livre lu il y a quelques années, est le témoignage poignant d'un indien Hopi sur la destruction de sa culture et de son peuple par les hommes blancs.

Une maison de vacances au bord de la mer près de Dieppe, un couple y passe les congés d'été avec leurs deux filles, en apparence tout est banal mais l'homme qui est aussi le narrateur rencontre un peu par hasard une vieille dame, Agathe. Sa maison est remplie de souvenirs d'une époque fascinante, son père était ami avec certains surréalistes comme André Breton. Agathe raconte par bribes un passé bien particulier, son histoire est tellement incroyable que l'homme va délaisser peu à peu sa famille et passer ses journées auprès d'elle. Adolescente, Agathe accompagnait son père et ses amis surréalistes en Arizona, elle a été le témoin de la fascination que ces hommes et surtout André Breton avaient pour la culture sacrée des indiens Hopi, au point de se livrer à un pillage honteux de leur art, de ne pas respecter leur coutume en prenant des photos des rituels sacrés alors que cela était interdit. Agathe raconte cette histoire fascinante avec l'aide du livre « Soleil Hopi », et de photographies prises à l'époque, mais aussi avec les fascinantes Kachinas achetées par son père.
Ces statues fétiches étaient censées incarnaient les esprits, on les offrait aux enfants Hopi pour les familiariser avec les dieux. Agathe livrera aussi son terrible secret, parce qu'elle n'a pas été que le témoin mais aussi la victime de l'avidité et de l'irresponsabilité de son père et de ses amis.

André Breton est enterré au cimetière des Batignolles, il a fait graver une épitaphe sur sa tombe : je cherche l'or du temps.

Claudie Gallay a écrit un livre remarquable. Cette fiction nous rappelle que la violence de certains peuples sur d'autres est une triste réalité.
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« Je cherche l'or du temps », épitaphe sur la tombe d'André Breton - dont il est beaucoup question dans ce roman.
Un livre étrange dont on découvre la profondeur au fil des pages. Pour autant, il faut vraiment que j'aime Claudie Gallay et que je fasse confiance à ses talents de conteuse, pour aller au bout.
Le narrateur, dont on ne sait pas grand-chose - même pas le prénom - passe ses vacances en Normandie avec sa femme Anna et ses deux fillettes. Par hasard, il croise Alice, une vieille dame à qui il propose de porter son sac trop trop lourd. Il la raccompagne chez elle.
Et la conversation s'engage - enfin, c'est surtout elle qui parle. de son père photographe, de leur séjour chez les indiens Hopi, de la façon dont il s'est procuré trois statuettes kashina et un masque, objets de culte, d'Otto le jeune indien qui leur a servi de guide, d'André Breton que le voyage en pays Hopi a profondément marqué et des artistes partis aux USA en 1941, …
La relation avec Anna se distend. Rien n'est dit mais le narrateur passe de plus en plus de temps loin d'elle et de ses fillettes. Les quelques paroles qui sont échangées par le couple témoignent de l'incompréhension d'Anna face à l'absence de son époux qui n'a pas grand-chose à répondre. Il ne sait pas pourquoi il éprouve autant d'attirance à être avec l'énigmatique Alice qui souffle le chaud et le froid dans la relation, parfois rejetante, parfois empathique. Mais toujours très perspicace quand il s'agit de commenter ce que ressent son visiteur, de deviner ce qu'il pense alors même que lui semble vivre une forme de désarroi, d'être en quête de sens.
La narration suit plusieurs fils, tisse des liens entre passé et présent, déroule une réflexion passionnante sur la façon dont les objets, sacrés pour des peuples, deviennent objets d'art pour d'autres - transformant ainsi leurs valeurs.
C'est aussi un roman qui évoque la fin d'une relation, étrangement on ne sait pas pourquoi le narrateur progressivement se détache, s'éloigne mais le mouvement silencieux, de fuite, est irrépressible. Un roman un peu insaisissable, dont je ne suis pas certaine d'avoir vraiment saisi toutes les intentions.
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Du désert de l'Arizona aux falaises d'Etretat, des kachinas à la tombe de Breton, d'un vitrail de Braque au noyau d'un abricot, les hommes marchent sur le sable et orpaillent leur temps. Les légendes portent les masques et les mythes poursuivent les âmes. C'est un roman étrange, fait de sable et de vagues, d'espoir et de drame, de silence et d'écume. Un Gallay un peu différent, surprenant.
Des personnages comme on les aime chez cette auteure : des personnages qui n'ont plus le temps d'être heureux. Cela laisse de la place à ce qui est important!
Astrid SHRIQUI GARAIN
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"Ne parle pas de la mer au poisson qui vit au fond du puits, il ne comprendrait pas."
Ce proverbe chinois extrait de la collection de Clémence, suffit à dire ce qu'est ce livre.
Le livre de l'incompréhension. L'incompréhension qui règne entre Clémence et Alice sa soeur, entre le narrateur et Anna sa femme, entre un père et sa fille, entre des Européens des années quarante et des Indiens d'Arizona.

Encore Gallay, encore la mer, un chat, des non-dits, des lucioles qui illuminent le ventre des grenouilles, une douce violence, des rencontres, du thé, tout ce qui fait qu'on entre dans un livre, qu'on s'y installe et qu'on observe ce qui s'y passe.
Et il se passe qu'on rencontre André Breton et sa passion pour l'art Hopi.
Et il se passe qu'on hésite.
Comme le père d'Alice et Clémence, qui renifle la perversité du système.
Lien : http://ausautdulivre.blogspo..
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J'ai tardé à découvrir Claudie Gallay. Ma porte d'entrée a été une claque "Les déferlantes". Un autre a suivi. Celui-ci m'a laissé un peu distant. le côté pièce rapporté de l'histoire de Breton chez les indiens m'a moins touché. le personnage principal en rupture non assumé m'a aussi laissé de glace. le silence habité m'a laissé un peu un vide. le dispositif narratif est très clair comme toujours chez cette grande auteur. Les détails, le sens de l'observation, tout est très bien vu. le refus de la facilité est aussi à féliciter. Je suis un peu resté à la porte sur ce coup là mais c'est pas grave d'autres me plairont, c'est certains.
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Normandie du côté de Varangeville. Une famille en vacances d'été. L'homme rencontre une vieille femme. Il ne parle pas. Elle, presque pas. Mais petit à petit, elle va lui faire des confidences, lui raconter sa jeunesse, son voyage en pays Hopi, sa rencontre avec André Breton.
Une fois qu'on se coule dans le style de Claudie Gallay, on se laisse emporter. Un roman qui utilise les surréalistes, les traditions Hopi, l'analyse de l'art et des rites pour les broder, les entrelacer avec la vie inventée de ses personnages. C'est passionnant. Cela devient vivant; Cela donne du souffle; Seul bémol: la fin semble fausse et forcée, on n'y adhère pas. dommage;
Ce livre donne envie de retourner en Normandie et de la redécouvrir avec les yeux de Claudi Gallay.
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Le narrateur de ce roman , marié et père de deux filles, est en vacances en Normandie. Il est à un tournant de sa vie, une vie si lisse qu'elle en devient ennuyeuse, mais il ne le sait pas, et c'est une rencontre qui va le lui révéler. Or, cette rencontre n'est pas forcément celle à quoi l'on pense. Il s'agit d'une vieille dame, Alice, qui , peu à peu, va dévoiler un pan secret de son histoire : un séjour en Arizona, dans les années 40, au côté de son père , photographe, et d'André Breton, ainsi que d'autres artistes au coeur du mouvement surréaliste. Grâce à la parole d'Alice, aux objets pieusement conservés, aux lieux, aux lettres, le narrateur saura quel lien cette femme entretient avec les Indiens hopis, son lien privilégié avec l'un d'entre eux, Otto, détenteur des valeurs ancestrales de son peuple, mais qui perdra son âme en cédant aux « sirènes » de l'homme blanc : l'argent, le confort, le plaisir. C'est le début de la corruption pour ce petit peuple dont le rapport à la nature, les rituels et l'art sont uniques. Otto ne supportera pas d'avoir trahi les siens et se donnera la mort. .
Plus tard , à leur retour en France, le père d'Alice trouvera la mort en voulant prendre des photos en pleine tempête, en présence d'Alice, qui se sent coupable d'avoir été impuissante face à ce drame.
Bien sûr, nous comprenons très vite que le véritable sujet du roman n'est pas le spleen du narrateur, mais précisément ce que cette fragilité va engendrer chez Alice : une confiance qui s'installe peu à peu, et une incitation aux confidences qui nous conduisent à connaître de l'intérieur, sans voyeurisme, les Indiens hopis, aujourd'hui réduits à une poignée. Un bel hommage de la part de l'auteur.

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Claudie Gallay

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