Ce roman de
Claudie Gallay, son 2e en fait, sorti en 2002, est, pour moi, à rapprocher de la noirceur du premier,
l'Office des Vivants ainsi que du 4e
Les années cerises,
Dans ces trois livres, c'est un enfant qui fait l'histoire. Une enfant illégitime abandonnée par sa mère pour
l'Office des vivants, un petit garçon au surnom évocateur, l'Anéanti, dans
Les années cerises et ici, un enfant du cirque, un nomade aux ailes clouées au bord d'un périphérique et qui rêve de voir un jour la mer.
Dan, dernier né d'une famille rom, les Pazzati, grandit entouré de cinq adultes, ses parents, ses deux oncles et le vieux Chicot. le cirque installé dans un terrain vague en bordure de périphérique n'a plus le lustre d'antan, le chapiteau fuit, les rares animaux ne suffisent plus à attirer les spectateurs, oisiveté et misère cohabitent, incitant les membres du clan à vivre de petits expédients. le père de Dan, joueur incorrigible, pense que la chance va tourner et lui sourire. Il n'arrête ses folies que lorsque sa femme le prive de son corps pour le punir.
Dan pousse là comme une mauvaise herbe que l'on ignore ou écrase. Ses parents ne lui prêtent guère d'attention, ses oncles parfois semblent s'apercevoir qu'il existe, et Chicot, qui aime les fleurs et les oiseaux, partage avec lui ses rêves.
La seule compagne de Dan est sa guenon.
" Ma guenon s'appelle Tamya.
Tamya, ça veut dire né le même jour. La guenon et moi, on ne s'est jamais quittés. "
Dan a beau vouer une admiration sans borne à sa mère, c'est sa guenon qui lui est le plus attaché, puis la jeune Zaza, une enfant solitaire atteinte de polio et recueillie par un mendiant. Les deux enfants uniront leurs espoirs pour tenter d'échapper malgré tout à la folie des grands.
Le plus fou est le père qui à force de jouer finit par jouer avec la vie du clan. Au milieu de ces êtres perdus, Dan seul peut-il espérer des jours meilleurs ? Il s'y emploie avec toute la force et la volonté d'un enfant.
"Maintenant c'est fini, jusqu'à la fin de ma vie je ne pleurerai plus. Je vais exploser.
Je regarde le ciel, droit devant. Je n'ai pas peur.
Je vivrai."
Un texte dur dans lequel la violence physique, morale plane comme une ombre menaçante éclairée pourtant par des instants de grâce. Un très beau texte porté par l'écriture sobre et très rythmée de
Claudie Gallay. Un style épuré pour dire la douleur, ça fonctionne d'autant mieux que
Claudie Gallay aime ceux qu'elle sauve.
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