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EAN : 9782742782123
224 pages
Actes Sud (06/03/2009)
3.52/5   163 notes
Résumé :
Dans la maison des Cimes, le carnet des enfants nés est caché derrière les draps. Après le nom du Père et celui de la Mère, il y a les noms de Marc et de Simone. Pour Manue, il n'y a rien d'écrit. Manue est une beauté tombée du ciel un matin dans ce village abandonné aux loups, aux éclairs qui claquent derrière la montagne. Manue est un secret né de la folie du père. Alors Marc, l'enfant qui parle aux arbres, dit que lorsqu'il sera grand, il emmènera Manue. Très loi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Ils vivent là, pratiquement reclus du monde civilisé, dans une maison délabrée des hautes montagnes, balayée par le vent. le père, la mère, les deux enfants Marc et Simone, mais aussi Manue, l'enfant de Mado, l'employée de ferme engrossée par le père. La petite Manue, Mado ne l'a jamais désiré. Elle est née à cause du père lorsqu'il l'a rejoignait dans l'écurie.
"- Cette fille là, c'est du poison, qu'il disait, et çà fait cracher dans la neige ! "
Mais aussitôt l'enfant né, Mado l'a déposé devant leur porte.
Tout près, vivent M'mé Coche et le grand-père. Chez le père et la mère, çà sent la crasse, la pisse, le purin, la moisisure. ça grouille de cafards, de rats, de poux, de puces. C'est dans ce cadre sordide et le dénuement le plus total que cette famille évolue. La communication passe le plus souvent par les jurons et les claques, un langage quasi inexistant, aussi pauvre que la misère même. Marc prend sous son aile la petite Manue, l'enfant du malheur, Manue qui le suit partout, qui dort près de lui dans l'estaffette du père, jusqu'au jour où la mère le lui interdit parcequ'elle a ses " affaires ".
Mais Marc ne peut se faire à l'idée de la voir s'éloigner, lui qui l'a regardé tant de fois dormir et écouté sa respiration. Alors il court dans les bois, amaigri par le chagrin, à la recherche du temps où avec Manue, leur vie poisseuse leur paraisait plus supportable.

Dans L'office des vivants de Claudie Gallay, on mesure l'immensité de la détresse de cette famille où l'on ne mange pas tous les jours à sa faim, où la crasse est partout. Sur eux mêmes, dans les draps, les torchons, l'habillement. L'écoeurement de l'institutrice est à son apogée en traversant la cour, ne sachant où poser les pieds.

Burrrkkk !!! me direz vous, peut-on lire de telles ignominies ? Eh bien si, on peut. Je l'ai lu pratiquement d'une seule traite et autant j'ai la crasse en horreur, autant j'ai adoré celle de L'office des vivants où çà pue la charogne à plein nez. Une fois commencé, difficile de lâcher prise tant l'auteure décrit avec des phrases courtes et des mots percutants, la misère absolue de cette famille aux moeurs fétides, où l'envie vous prend de rire comme de pleurer.

Un roman sombre où la pauvreté de cette famille ne cesse de s'accroître, où les mots, parceque d'une extrême simplicité touchent le lecteur jusqu'au plus profond de son âme, là où çà fait mal. Des passages d'une rare intensité, revêtus parfois d'un manteau poétique, histoire de réchauffer les coeurs, de cicatriser superficiellement les plaies béantes d'une misère on ne peut plus noire.
Un immense coup de coeur pour ce roman de Claudie Gallay.
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Avec l'office des vivants, Claudie Gallay rejoint le clan des Hugo et Zola, ces plumes qui s'attardent à décrire la misère du monde. le récit de Gallay touche une famille avec ses membres désarticulés : le père, la mère et les enfants Marc, Simone et Manue, la bâtarde d'une beauté sublime. Les rapports entre les parents et enfants sont durs. le père boit et cogne tandis que la mère ronge son frein. Marc tourne en rond et se donne aux loups, épris de sa demi-soeur, Manue. Quant à Simone, l'oeil crevé, on la surnomme, à l'école, Pue-la-Pisse.

Le style si particulier de Gallay fonctionne ici à merveille. Phrases courtes, paragraphes succincts pour des scènes de quelques pages. le thème est comme effleuré et non assommant. Tous les ingrédients à la bonne vieille misère sont évoqués de la vermine qui vous bouffe le visage pendant votre sommeil au gouffre où le père passe ses journées, une bouteille de rouge dans son sac. Et les senteurs ! Mais quelques éléments lumineux viendront trancher le récit pour ainsi conserver l'espoir.
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C'est un hameau dans la montagne où n'habitent plus que quelques vieux et une famille: le Père, la Mère, Marc et Simone.
Plus de commerces, pas d'école, une seule route, bloquée par la neige tout l'hiver.

Le Père fait vivre sa famille avec quelques bêtes et récoltes. Mais il est plus porté par la picole que par le travail. Plus porté par les coups qu'il donne à ses enfants que les envoyer à l'école au village du Bas. Plus porté à contraindre sa femme qu'à l'aimer.

Quand la Mère accouche du troisième, mort-né, elle ferme définitivement la porte de la chambre au Père. Il en devient fou, mais se console assez vite avec la fille de ferme qu'ils emploient. Mado.
Mado qu'il met en cloque et qui lui abandonne son enfant. Une troisième bouche à nourrir.

C'est l'escalade dans la misère. Les trois enfants vont pousser là, entre crasse, faim et violence. La Sociale met bien le nez dans leur maison une ou deux fois, mais la Mère sait faire illusion au bon moment.

Premier roman de Claudie Gallay et certainement le plus sombre parmi ceux que j'ai lus jusqu'à présent.
Claudie Gallay s'attache à l'humain, celui qu'on ne voit pas, claquemurer dans sa désolation, celui qui nous dérange, qui nous fait détourner le regard.
Pas le choix avec ce roman, il faut aller au bout, sous peine d'abandonner les enfants de la misère et de la faim un peu plus.

La plume de l'autrice est là, déjà si habile avec les mots pour donner à voir, dévorer sa poésie et plonger dans le sordide entre réalité et conte.

Glaudie Gallay est une grande autrice française.
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Une histoire âpre et violente, comme s'il avait fallu arracher chaque mot à la pierre et à la peau...
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Premier livre de Claudie Gallay, l'Office des vivants est un livre très brut, sec comme un uppercut.

Selon la quatrième de couverture : Dans une maison perdue en haut de la montagne habitent le Père, la Mère, Marc et Simone. Et puis Manue, l'inattendue tombée du ciel un nuit, belle et forte comme une étoile. Derrière le village des Cimes il y a une forêt, pleine d'arbres majestueux et effrayants, et il y a des loups. le père travaille un peu, boit beaucoup, et cogne facilement ; les enfants poussent telle l'herbe folle. Marc dit que, quand il sera grand, il partira loin, et il amènera Manue avec lui.

Ayant beaucoup aimé Seule à Venise et les Déferlantes, j'ai voulu découvrir un autre roman de Claudie Gallay, le tout premier. Déjà est présent ce style quasiment unique, des phrases courtes et sèches, qui claquent et qui me plaisent particulièrement. Chez Claudie Gallay, pas de fioritures, tout est brut, comme l'histoire de cette famille, noire de crasse, de violence, de pauvreté.

Voici un petit extrait pour illustrer le style de ce livre :
« Avant, on ne gardait pas les morts dans les caves. On les prenait et on les portait jusqu'au terre-plein à l'orée du bois. Pour les loups. C'était sans honte. On faisait ce qu'il fallait, la veillée, l'église, et puis, le lendemain, on les portait au bois. C'était une entente avec les loups.

Maintenant, on garde les morts dans les caves, les loups n'ont plus leur part et ils s'attaquent aux vivants. »

L'histoire de ce livre est, toutefois, tellement sombre, relatant une telle violence quotidienne, qu'il est difficile d'en parler et un peu douloureux à lire. J'ai eu un peu l'impression de transporter une histoire de Frison-Roche chez Zola....
Lien : http://lisouworld.blogspot.f..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
[ Incipit ]

Le Père aurait mieux fait d'aller travailler comme il le faisait les autres étés, partir le matin bien avant le jour, suer sang et eau sur les foins, sur les bêtes, et rentrer à la nuit.
Au lieu de cela c'est sur la Mère qu'il est allé suer.
La chaleur sans doute, tout ce soleil sur la mon­tagne.
Non ! qu'elle lui a dit, parce qu'elle savait bien que ce n'était pas la bonne lune, mais il l'a coincée quand même et il y est allé sans retenue.
Après, la Mère a sorti la bassine, elle s'est lavée à grande eau dans la cuisine, elle s'est noyé tout son dedans de femme en mettant la poire et puis en la poussant un peu, jambes écartées.
Ça n'a pas empêché la volonté de Dieu de se faire. C'est M'mé Coche qui dit ça, la volonté de Dieu pour tout, pour quand les salades ne poussent pas, quand les veaux crèvent ou quand la Mère devient grosse.
Bientôt, la Mère devient tellement grosse qu'elle ne peut plus se baisser sous les vaches alors le Père fait venir une fille du village du Bas, Madeleine qu'elle s'appelle, mais au village on l'appelle tous Mado.
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Il fait nuit. Chez M’mé Coche, les volets sont fermés. Avec la lune, il y a des ombres épaisses sous les arbres.
Marc est à la fenêtre à regarder les éclairs claquer derrière la montagne quand il voit revenir Mado. Elle longe le mur et elle fait le tour parle jardin pour entrer dans la cour.
Le chien est dehors. Quand Mado arrive au puits, il vient la renifler et lui donne sa grosse tête à caresser.
Mado tient un paquet dans les bras. Elle s’approche de la maison, elle hésite un peu et elle pose son paquet sur la marche, juste devant la porte.
Elle reste un moment comme ça à regarder la porte, le paquet et la nuit tout autour. Après, le tonnerre se met à craquer plus fort dans les arbres, d’un coup Marc ne voit plus rien.
Quand la lumière revient, Mado est au chemin, elle court droit devant elle en relevant sa robe. Le paquet est resté devant la porte. La pluie se met à tomber, des grosses gouttes lourdes qui cognent contre les tuiles. Marc accroche les volets et il redescend.
En bas, ça sent bon. La mère est devant le poêle. Elle fait une sauce avec de la farine, des oignons et du vin.
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La Mère envoie Marc et Simone jouer dehors. Il pleut tellement que la pluie reste dans la cour. Ils traversent comme ils peuvent et ils vont de mettre à l’abri sous la remise.
Quand ils reviennent, le Père n’est plus là et l Mère fait chauffer du lait.
Marc récupère le papier, il le lit.
Après, il vient vers Simone. Il la touche du coude.
- C’est une fille, elle s’appelle Manue.
On dirait le bébé qui était sur le lit de la Mère et qu’ils ont mis sous le gravier.
Ce n’est pas possible.
Marc dit que si, qu’on appelle cela une résurrection et que si on écoute bien Dieu, ça peut arriver à n’importe qui.
De mourir et de revenir.
Simone n’aime pas l’idée. Elle préfère vivre.
Marc pense que Mado s’occupe des enfants qui ressuscitent. C’est un métier merveilleux. C’est pour ça qu’elle est partie, elle a beaucoup de travail et elle ne peut pas laisser les enfants seuls trop longtemps. C’est pour ça qu’elle a pris l’argent.
Il va le dire à M’mé Coche parce qu’il sait que M’mé Coche aime Dieu. Il lui dit aussi que quand il sera grand, il veut ressusciter les enfants.
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Le Père aiguise son couteau et Simone joue sous la table avec des chiffons.
C’est comme ça dans la maison quand Marc ouvre la porte. Il fait rentrer le froid. La pluie tombe dru, des gouttes serrées qui inondent la cour et font déborder les chenaux. D’un coup, on ne voit plus rien de la lune.
La mère dit : - Dieu du ciel, ferme cette porte!
Il fait nuit dehors mais avec les éclairs, on y voit comme en plein jour. La couverture du paquet est mouillée. Marc se baisse pour voir ce qu’il y a dessous.
Quand il voit, il appelle la Mère.
- Dieu du ciel ! elle dit.
Tout de suite après, le Père est là, et puis Simone.
Après, le bébé se met à pleurer et la Mère le ramasse pour le mettre au chaud. Elle le pose sur la table et ils restent tous autour à regarder.
C’est comme ça qu’elle voit le papier.
Elle le déplie et elle devient très pâle. Le Père lit à son tour et ça fait un grand silence dans la cuisine.
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Le chien, son plaisir, c'est de poser son museau entre ses cuisses et de renifler tout ce qui remonte. Le vieux le laisse faire, c'est une entente entre eux.
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Vidéo de Claudie Gallay
Grandir, trouver son chemin, sa place dans le monde, rêver, évoluer et s'adapter, c'est le grand défi de la jeunesse. Luc Chomarat "Le fils du professeur" (La Manufacture de livres), Clara Dupont Monod "S'adapter" (Stock) et Claudie Gallay "Avant l'été" (Actes Sud). Animée par Élise Lépine, journaliste
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Claudie Gallay

Née à Bourgoin-Jallieu en ...

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