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Citations sur Mauvaise main (29)

Michel est con. Tout le monde le sait. Mais les cons sont redoutables. Les cons, ça craint rien. Ça croit que tout est possible. Ça comprend pas que ça doit rester à sa place.
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Tous les problèmes viennent d’elle. Éric n’est qu’une chiffe molle qui se met à plat ventre dès que sa femme claque des doigts, et il le tient depuis leur dernière expédition : ce crétin épluche les journaux, en quête de l’article racontant qu’on a retrouvé un homme tué par balle… Il crève de trouille à l’idée que les gendarmes viennent le chercher.
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Léo et Michel ont monopolisé la conversation, ce dernier généralement pour approuver ce que dit son aîné. Les femmes n’ouvrent la bouche que pour manger. Annabelle jette de temps à autre des regards circonspects à son beau-frère. De ce qu’Élise fera ce soir dépendra son futur statut. Elle demeure à sa place. Finit son assiette. Michel se tourne vers la table des enfants et interpelle sa fille pour l’envoyer aider sa grand-mère.
L’adolescente proteste qu’elle n’a pas terminé, mais son père la fait taire et elle se lève pour se diriger vers la cuisine en traînant les pieds. Élise se demande combien de temps elle restera à la scierie. Que peut-elle envisager d’autre ? Des études ? Ou bien est-elle condamnée à demeurer Ici pour torcher les plus petits tandis que les hommes débitent le bois, jusqu’à ce qu’un voisin vienne la chercher comme une pièce de bétail ? Élise n’est là que depuis quelques heures, mais déjà elle n’en peut plus. Elle jette un regard vers Éric, ses yeux lui mangent le visage. Il fixe ses frères, sa mère, avec une avidité qui l’effraye.Il parlait rarement de sa famille, qu’l avait depuis longtemps rayée de sa vie. Le destin qui s’acharne sur eux et le contraint à revenir ici s’apprête-t-il à lui jouer un nouveau mauvais tour ? Élise a l’impression de se trouver plongée dans une de ces romanes qu’elle lit à l’occasion. Sauf qu’il n’y a pas de château, pas de bel aristocrate ténébreux. Juste une scierie au bord de la ruine, et une famille qui n’a pas voulu d’Éric autrefois et ne semble pas davantage désireuse de l’accueillir aujourd’hui.
Éléonore revient avec un plat chargé de viande et Élise oublie ses soucis pour ne plus penser qu’à la faim qui la tenaille. Solange suit, portant une marmite d’où monte une bonne odeur de chou. Elle la pose sur la table.
Voilà ! dit Michel. C’était pas dur ! Tu peux aider, tout de même ! T’es presque une adulte maintenant !
Presque une adulte, tu parles ! intervient Léo en saisissant sa nièce par la taille. C’est déjà une vraie petite femme ! Regarde ça : elle a des nichons !
Et il referme les doigts sur la poitrine de Solange. La gamine se tortille pour échapper à son étreinte. Elise ouvre de grands yeux. Pétrifiée. Tout le monde s’est figé et fixe la scène. Il n’y a plus que Solange qui se débat et son oncle qui lutte pour garder son emprise.
Lâche-la !
Le cri jaillit de la table des enfants. Ludovic bondit au secours de sa soeur en renversant sa chaise. Il saisit le bras de Léo mais celui-i tient bon, amusé par les efforts de sa nièce. Léo repousse l’adolescent d’un revers de coude et, gloussant, il écrase le sein de Solange qui gémit.
C’est du ferme, dis donc !
Il est le seul à rire. Élise agrippe la table, se tourne vers Éric. Son mari a reculé sur sa chaise, dépassé par cette violence. Personne ne bouge. Ludovic se dresse seul contre son oncle. Bernard, le fils de Léo, fait mine de se lever à son tour pour secourir son père. Elise regarde les autres. Pourquoi demeurent-ils tous à leur place, laissant Ludovic se débrouiller ? pourquoi Michel se contente-t-il d’arborer un sourire niais devant son frère qui tripote sa fille, comme si la scène n’avait pas d’importance ? Pourquoi Annabelle reste-t-elle clouée sur sa chaise, la bouche ouverte sur une protestation qui ne vient pas ? Elise se tourne pour dégager son ventre de sous la table et prend appui pour se lever.
- Ça suffit ! Lâche-là !
L’ordre a tonné de l’autre bout de la pièce. Éléonore fixe son fils. Léo la défie du regard avant de pivoter vers Solange, toujours prisonnière, puis vers Ludovic qui tire sur son bras sans succès. Il demeure ainsi trois longues secondes. Il finit par relâcher la gamine. Elle recule en trébuchant, le rouge aux joues et les larmes aux yeux. A peine Solange écartée, Léo attrape Ludovic par le col. Il contraint l’adolescent à s’abaisser jusqu’à ce que leurs visages se frôlent.
- Et toi, petit con, me parle plus jamais comme ça. Quand tu seras un homme, on verra. D’ici là, reste à ta place !
Il le rejette. Ludovic lutte pour conserver son équilibre, le défiant toujours du regard. Léo se raidit.
- Ludo ! Ça suffit ! Va t’asseoir.
L’enfant fixe sa mère sans comprendre, ce qui lui fournit une excuse pour détourner les yeux et rompre le duel qui l’opposait à son oncle. Mâchoires crispées, contenant des larmes de rage et d’humiliation, il regagne sa place.
- Bon, dit Éléonore. L’incident est clos. Qui veut du chou ?
- Commence par Élise, dit Léo en regardant sa belle-soeur. Je crois qu’elle a tellement faim qu’elle a failli se lever
Élise prend conscience que ses phalanges sont toujours crispées sur le rebord de la table. Elle se relâche, sans cesser de fixer Léo. Elle perçoit de l’amusement dans ses yeux, mais cela ne la rassure pas. Annabelle prend son assiette et la tend à Éléonore.
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La lame vrombissait comme un essaim de guêpes en colère. Personne pour le chasser. Il avança. Chercha du regard un morceau de bois à lui offrir. Les appels de sa mère se rapprochaient. Si elle le trouvait ici, il serait bon pour une fessée. Il devait se dépêcher. Là ! Près de l'établi, quelques planches. Une petite ferait l'affaire. Il se penchait sur le bois abandonné quand on le saisit sous les aisselles. Il serra les dents dans l'anticipation de l'impact sur ses fesses. Il n'y eut pas de claque. On le projeta en l'air, droit sur la lame qui hurlait sa faim.
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Avec le temps, les secrets s'alourdissent et finissent par nous étouffer.
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Elle se lève, tandis qu'il disparaît dans la nuit. Un volet claque. Elle ouvre. Lutte contre une rafale qui veut la refouler au milieu de la pièce. Le deuxième battant se rabat. Elle enclenche les targettes. Se sent tout de suite mieux. Elle passe à la fenêtre suivante, derrière laquelle son mari s'escrime. Même de l'extérieur, il a du mal à combattre les éléments. Ils y parviennent finalement. une brève accalmie leur permet de fermer ceux de la chambre presque sans effort. Eric rentre. Trempé. il jure en constatant que son meilleur pantalon, il n'en a que deux, ressemble maintenant à une serpillère.
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Les usines ferment, les commerces aussi… Quant aux scieries…J’en ai marre du bois. Dès que je lève les yeux, je vois des arbres. Quand j’ouvre les oreilles, j’entends la
scie. Si je respire, j’avale des copeaux…Un jour, il va me pousser des racines. J’aimerais en sortir. Mais pour aller où…
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Avec l’âge qui avance, Rose-Marie voit disparaître ses chances de refaire sa vie. Les choix qui s’offraient à elle dans le passé s’effacent avec les ans. Ne doivent subsister aujourd’hui qu’une poignée d’opportunités plus minables les unes que les autres. Il ne faut pas s’étonner si elle agrippe n’importe quelle planche pourrie pour se maintenir à flot. Pour quelqu’un qui a vu jadis miroiter devant elle les feux de la gloire, le constat doit être amer. Pas surprenant qu’elle préfère fermer les yeux et se cramponner à ses illusions plutôt que se remettre en question.
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Les enfants la contemplent parfois sans mot dire. Ils commencent peut-être à comprendre que vivre signifie en réalité s’habituer à l’idée de mourir.
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Léo qui bombe le torse, tentant de dissimuler à quel point la mort de l’adolescent l’a touché. Éric n’est pas dupe. Il l’a vu utiliser l’alcool comme une béquille ces derniers jours. Il a noté ses mains tremblantes et ses regards perdus. Éric s’étonne de trouver de telles faiblesses chez celui qu’il croyait beaucoup plus fort et il se demande à quel point son aîné n’est pas lui-même surpris de se découvrir humain, après tout. Finalement, ses deux frères lui apparaissent pour ce qu’ils sont : deux créatures pathétiques. Des paysans grossiers tentant de survivre dans un monde hostile et se confortant dans leur médiocrité pour ne pas avoir à s’en désespérer.
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