Maeve Regan, tome 4 : À pleines dents

La nuit, je salivais en rêvant de lasagnes, de steak saignant, de frites, tout en écoutant une inconnue chanter.
J’aurais vendu mon âme pour un hamburger. Je n’en avais pas mangé depuis bientôt deux ans.
Tuer mon père m’avait vraiment donné le sens des priorités.

— Tu as mérité ta place auprès de moi. Je ne pus m’empêcher de rire méchamment.
— Oui, j’ai dû très mal me comporter dans mes vies antérieures. Ça aurait pu me servir de leçon dans celle-ci, mais non.

Ce type mourait d’envie de remplir des pochettes de mon sang pour pouvoir le tester sur tout un tas de vampires qu’il n’affectionnait pas particulièrement. Dont beaucoup d’amis à moi.
Plutôt cre…
Hum, il fallait que je change de slogan.

J'observai pendant quelques secondes le rouge écarlate qui s'échappait lentement de la plaie et me léchai les lèvres. Puis j'approchai le visage et cédai à l'envie dévorante que tout cela réveillait en moi. Je fus à deux doigts de l'extase en plaçant la bouche sur la peau fine, là où la veine pulsait régulièrement, facilitant ma tâche. Je me mis à aspirer, et aspirer encore, ma soif me semblant impossible à étancher, jusqu'à ce que Connor pose une main sur mon épaule.
- Doucement, me dit-il. Tu ne veux pas la tuer.
Je revins à la réalité et fis un grand pas en arrière pour m'éloigner de la femme. Cette dernière chancela légèrement mais resta debout. Bien sûr que non, je ne voulais pas la tuer. Mais, la vérité, c'était que si Connor ne m'avait pas arrêtée, j'aurais bu jusqu'à ce qu'il n'y ait plus une seule goutte en elle. Cette révélation me fit bien plus peur que ma première rencontre avec Victor. Boire à la veine était bon, bien trop bon.

— Le jour où tu me dicteras ma conduite n’est pas encore venu, fit-elle avec un sourire radieux qui laissa apparaître sa dentition sans défaut.
À part les deux crocs un peu trop longs sur lesquels mon nom semblait gravé.

L'immortalité n'est pas un cadeau dont les humains sont dignes, répondit-elle d'un ton égal en observant tranquillement l’intérieur de la demeure. Beaucoup ne méritent même pas la vie.

Comme pour me relancer, elle pencha sa petite tête verte sur le côté.
— Laisse tomber. Mais fais attention à tes fesses. Ou ta fesse. Ce serait bête que je te tue accidentellement. Parce que, ça aussi, c'est mon truc.
Elle redressa son corps imposant et se retrouva à la hauteur de mon visage. Sa langue bifide siffla lorsqu'elle ouvrit légèrement la bouche, et je compris exactement ce qu'elle s'apprêtait à faire. Dans. Tes. Rêves.
— J'adore les ceintures et les bottes de cow-boys en peau de serpent. Réfléchis bien avant de faire quelque chose que tu regretterais.
Sa langue eu un dernier soubresaut, puis Rosita referma les mâchoires.
— Brave bête, la félicitai-je en lui tapotant affectueusement la tête.
De toutes mes forces. Elle siffla de mécontentement mais se tint correctement.

Ce dernier se mit légèrement sur la pointe des pieds, tentant de me faire comprendre par son regard à quel point il était excité. Je réprimais nausées, grimaces et jurons. J’en avais parfaitement conscience. Il avait pressé son érection contre ma jambe pendant deux bonnes minutes. Oh, mon Dieu. Mon Dieu. J’avais envie de me gargariser avec de l’eau de Javel. Ou de m’immoler. Oui. Me cautériser me semblait une si belle option, comparé à Slater.

— Misérable avorton, lui dis-je froidement.
Il partit la queue entre les jambes en bredouillant des excuses. C’était si amusant. J’avais toujours voulu traiter quelqu’un d’avorton depuis que j’avais regardé La Petite Sirène . Les filles normales se souvenaient plutôt du beau prince et de l’histoire d’amour. Moi non. Je me rappelais de la vilaine sorcière qui se moque des hommes.
Ce devait être dans mes gènes. Merci, Victor , pensai-je avec un sourire carnassier qui devait si bien aller au visage d’Elzbieta.

— Je n’en ai pas la moindre idée, mais c’est un fait. C’est un lieu imprenable si on sait comment le tenir, ce qui n’est pas le cas de ton frère. Pourtant la vérité est là. Celui qui contrôle le château contrôle les vampires.
— Un peu comme l’Épice ? Laisse tomber, ajoutai-je en voyant qu’il fronçait les sourcils. Du coup, maintenant, on fait quoi ?