Celui qui n’aime pas sa mère plus que les autres mères et sa patrie plus que les autres patries n’aime ni sa mère ni sa patrie.
De Gaulle prend Anne sur ses genoux.
Il est 6 heures. La pénombre s'étend peu à peu sur le parc de Sept-Fontaines.
Il commence à balancer sa fille lentement. Elle ne le quitte pas des yeux. Il lui semble qu'elle comprend, qu'elle sent tout l'amour qu'il lui porte, « pauvre petite Anne ».
Il chantonne ce refrain dont il a inventé les mots étranges parce qu'elle sourit, puis rit même, quand elle les entend : « Pachou Pachou Paya ».
Ce rire d'Anne, c'est comme si tout à coup le ciel s'éclairait d'une lumière vive, la grande clarté de l'espérance. Et il sait alors, le temps de ce rire, ce qu'est la joie limpide, le bonheur.
Après les éloges (« intelligent, sérieux, brillant, très bien doué, beaucoup d’étoffe ») tombe le couperet. Un peu en marge de ses camarades, un jugement parfois mal assis. « Gâte malheureusement d’incontestables qualités par son assurance excessive, sa rigueur pour les opinions des autres et son attitude de roi en exil…
Notre patriotisme est un amour profond pour une nation qui, à toute époque, a versé le plus pur de son sang pour toutes les grandes causes et renversé les obstacles que les peuples et les individus avaient jetés au travers de la civilisation.
Il n'aime pas cette atmosphère confinée, ces murmures des députés, ces haussements d'épaules, ces interruptions quand Reynaud déclare : "L'enjeu de cette guerre totale est un enjeu total. Vaincre, c'est tout sauver. Succomber, c'est perdre tout".
de Gaulle connaît ses phrases. "Nous tiendrons les dents serrées avec au fond du coeur la volonté de combattre et la certitude de vaincre".