La fabrique du consommateur

Résumons nous. Entre le 18eme et le 20eme, les danses populaires se transforment en passant d'un agencement collectif à un agencement individuel, d'une codification rigide à une codification lâche, et d'une fonction magique-utilitariste à une fonction hédoniste-erotique. Comme nous l'avons annoncé, le cas de la danse résume et illustre le passage d'une mentalité de production à une mentalité de consommation.
P124

Autrefois gratuites, communautaires et transgénérationnelles, les activités de divertissement bascule progressivement dans la sphère marchande.
114

Progressivement, la presse [...] comprend que sa prospérité dépend non pas du fait de vendre du papier à des lecteurs, mais des publics à des annonceurs. Elle trouve la son modèle économique le plus puissant, socle de sa massification.
P88

Tandis que le dandy je veux radicalement différent et cherche, par son apparence et ses manières, à étonner, voir à choquer, le snob cherche surtout à se conformer aux usages d'un groupe social supérieur pour mieux intégrer ses rangs.[...] Le bohémien, lui, a choisi la marginalité ; il a renoncé à l'aisance matérielle par amour de l'art.

Convaincu d'être remarquable, le dandy apparaît-elle la figure absolue de la recherche de distinction par les objets, les manières et l'attitude. Son dédain et son dégoût lui permettre d'ériger face au monde des barrières infranchissables. En cela, le dandy est la figure indéniable du proto consommateur. Sa volonté de se façonner une identité, une image, un "moi" hors norme est symptomatique de l'"entreprise de soi" qu'impose l'individualisme de marché.
P72

Avant l'avènement de la société de classe au 19e siècle, [...] Les rangs avait été ordonné par la Divine Providence. sortir de la place que nous avez octroyé la création, c'était donc s'opposer à la volonté divine. [...] Consommé au-dessus de son rang, c'était se rebeller contre l'ordre naturel et commettre un péché.
P65

Pour comprendre la très forte impression qu'à produite le grand magasin, au deuxième tiers du 19eme, il faut commencer par décrire la culture de l'ancien monde marchand [...] L'organisation des petits boutiquiers [...] Petites échoppes très spécialisées. Il s'agissait [...] De se partager le marché plutôt que de se faire concurrence. L'agencement médiocre des boutiques ne permettait pas la libre manipulation ni même la contemplation. [ ..] les marchandises se renouvelaient peu et restaient parfois en stock plusieurs années avant d'être vendues. Le marchandage était un rituel très répandu.
P30

À la fin du 19e siècle, la marque pouvait être comprise comme un palliatif à la dépersonnalisation des échanges, conséquences de l'émergence d'un vaste marché intégré. Elle s'est rapidement révélée être, davantage qu'une simple garantie, une opération d'ingénierie symbolique permettant d'associer des marchandises à des valeurs sociales et culturelles.
P22

Les marchands ont, dès lors, le pouvoir d'insuffler"du dehors", artificiellement, une existence symbolique à leurs produits. c'est ainsi qu'une grande entreprise peut produire des vêtements pour quelques centimes, pour ensuite les revendre pour plusieurs centaines de dollars, si elle parvient à construire ce capital symbolique, ce capital de marque.
P21

Dans une économie de subsistance traditionnelle, l'homme a fabriquer ou a vu fabriquer - par les artisans de son village - la plupart des objets qu'il manipule. Dans l'économie de marché, les objets sont conçus au loin, par des inconnus, et selon des procédés de plus en plus sophistiquée est inaccessibles. C'est le processus de fétichisation : l'objet, qui était autrefois le produit direct du travail communautaire, est devenu, avec la marchandisation, phénomènes étranges et étrangers détacher du contexte et du processus concret de production. [...]. L'homme [ ..] n'est plus capable de voir en elle du temps de travail cumulé.
P15