Un techno thriller malin, prenant et questionnant : comment faire société ?
Suite des aventures (après
La reine du Diable rouge) de nos deux enquêteurs un peu particuliers : ce sont en fait des androïdes autonomes. Cette fois, un commanditaire inconnu les lance sur terre à la recherche d'un jeune et de son robot disparu.
Polar et SF font en grande majorité un bon mélange, ce qui est le cas ici. Une enquête retorse qui va nous emmener à travers le système solaire et faire découvrir ce monde futuriste dont la particularité est l'existence de clones, robot, androïdes et cyborg. Et c'est surtout ici que le roman tire son épingle du jeu en nous parlant du comment de ce vivre ensemble. Comment s'intègrent ces minorités au sein de la société alors que leurs droits ne sont pas toujours reconnus ? Les androïdes ne sont pas ici une transposition homme machine, ils pensent - "compulsent" dans le texte - différemment, de même pour leurs agissements. Cependant, les avancées technologiques rendent certains capables d'un ersatz de sentiments. On se retrouve vraiment dans la tête d'un androïde. Cerise sur le gâteau, cela permet de nous interroger sur notre société aujourd'hui. En outre, cela reste fort compréhensible, je pense, par un lecteur qui découvrirait le genre.
L'enquête est de bonne tenue, se complexifiant au fur et à mesure du récit. Les références au polar noir des années 50-60 donnent une atmosphère bienvenue, remplie de clins d'oeil.
Au final, j'ai dévoré ce roman d'une traite et j'ai encore plus aimé que le premier tome.
Trois bémols cependant, qui ne gâchent en rien le plaisir de lecture :
- J'ai remarqué que les dernières publications de l'auteur avaient une propension à être envahies de notes de bas de page. Dans le cas présent, 71 pour 283 pages ! C'est beaucoup trop, surtout que certaines auraient clairement pu ne pas y être.
- Deuxième bémol, il faut avoir lu la première enquête pour lire celle-ci, alors qu'à mon sens, de petites modifications dans l'histoire auraient pu en faire une enquête autonome. Mais bon, le premier étant très bien aussi, pourquoi s'en priver ?
- Troisième et dernier bémol, le plus regrettable, du fait de l'éditeur. Je me retrouve dès lors dans une situation un peu bancale, ayant reçu ce roman en service de presse.
Pulp-factory étant un micro éditeur, je veux bien passer sur le fait qu'il n'y a pas de version numérique, même si je trouve cela regrettable. le souci est que l'achat via CB n'est pas possible sur le site de l'éditeur. Et les deux moyens de paiement sont le virement et le chèque. Pour ce dernier, les jeunes ne savent pas ce que c'est ou ne savent pas le remplir, d'autant qu'il faudra acheter des enveloppes et un timbre et trouver où déposer le tout ! Pour le virement, protection bancaire oblige, il faut créer le compte de virement et attendre 2-3 jours pour qu'il soit validé et procéder enfin au paiement. Bref, à part les vieux à la retraite, une bonne partie des lecteurs potentiels auront déjà jeté l'éponge et acheté un autre roman d'un autre éditeur... Ce que je trouve dommageable pour l'éditeur et surtout pour les auteurs. Cette mésaventure m'est arrivée moi-même avec un roman du catalogue que je voulais lire et dont j'ai abandonné devant la complexité de la commande.
L'éditeur fait des efforts pour se faire connaître sur le web en organisant des discord avec les auteurs régulièrement, mais ne va pas au bout de la démarche en proposant la CB...