Fin des années 30. La fête d'anniversaire des six ans de Jessie se termine d'étrange manière : son père est retrouvé noyé sur la plage et sa mère, la pulpeuse Lorna del Rio, l'emmène pour un grand voyage. Un grand voyage ou une fuite éperdue ? Elles filent vers le Nord-Ouest, les plaines gelées, quasi désertiques, du Canada. Et ce n'est pas une mince affaire d'arriver là-bas quand on est une femme seule accompagnée d'une gamine aux allures de
Shirley Temple. Un voyage sur des navires douteux, des rencontres avec des logeuses en mal d'amour et d'aventure, des changements d'identité, des histoires abracadabrantes et puis, enfin, la rencontre avec l'indienne Kaska.
Une fuite qui se révèle être une quête à travers des paysages magnifiques. Une histoire de femmes fortes ("Les filles d'aujourd'hui sont les hommes de demain"), de rencontres et de tolérance.
Un méta-récit: Bud, un aviateur dont on découvrira l'histoire vers la fin, nous transmet le récit que Jessie lui a fait de cette extraordinaire année passée avec les peuples indigènes du Grand-Nord.
On rêve devant la beauté du décor, on tremble de froid sous ces latitudes septentrionales, on vibre avec cette Lorna del Rio à la recherche de quelque chose (je vous garde la surprise), on admire la sagesse des "peuples premiers", on médite sur les rapports entre les peuples (Blancs/Indiens - Blancs/Noirs - Américains/Japonais...) et on s'attache à cette petite Jessie rebaptisée "Nez-de-renard".
L'écriture est particulière, pleine de hiatus, faisant l'économie des articles parfois, nous entrainant dans des phrases kilométriques comme la steppe. Pas le genre de lecture dont on lit une page ou deux à l'occasion, sous peine de ne pas entrer dans le roman. Plutôt une histoire dans laquelle s'enrouler pendant des heures avec un plaid.