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EAN : 9782742774104
647 pages
Actes Sud (02/04/2008)
3.84/5   184 notes
Résumé :


1933-1934... Après le désastre de la Grande Guerre, un crépus-cule tragique s'annonce, dont peu anticipent les menaces...

Vingt ans ont passé depuis Dans la main du diable et Camille Galay, la petite Millie d'alors, débarquée de New York, erre dans Paris, la ville de son enfance, hantée par la mort de son ami Jos, un photographe hongrois qu'elle a suivi jusqu'en Alabama, et à qui elle a promis de rapporter à Budapest un certain étui d... >Voir plus
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Vingt ans ont passé depuis les événements de Dans la main du diable. La petite Millie a bien grandi. L'enfant timide est devenue Camille Galay, une jeune fille intrépide, impatiente de quitter le cocon familial pour se forger ses propres expériences. Elle a suivi Jos, un photographe hongrois sur les routes d'Alabama, elle a côtoyé la misère, mais, celle qui a grandi dans les hauteurs de Brooklyn, entourée de parents aimants, sait qu'un monde la sépare de tous ces miséreux. A la mort de Jos, elle revient à Paris et se frotte au monde ouvrier en travaillant dans la célèbre biscuiterie Bertin-Galay, propriété de sa grand-mère. Très vite démasquée, elle attire l'attention de Simon Lewenthal, le directeur général de l'empire B&G qui l'a fait sauter sur ses genoux, au Mesnil, au temps de son enfance. Il pourrait être son père, mais Camille n'en a cure : elle sait qu'elle pourra vaincre les résistances de l'homme d'affaires. Mais avant de vivre pleinement ce nouvel amour, Camille doit tenir une promesse : aller en Hongrie pour remettre aux parents de Jos l'étui de cuir rouge que le jeune homme lui a confié. Son périple ne sera pas sans périls. L'Europe gronde d'une terrible rumeur de guerre. L'Allemagne se relève, menaçante; à Berlin, Hitler instaure la terreur.

Après un premier tome magistral, Anne-Marie GARAT récidive, dans une moindre mesure, avec son Enfant des ténèbres. L'intrigue est un peu longue à se mettre en place, les histoires s'embrouillent plutôt que de s'entremêler et l'on a du mal à faire le lien entre les différents personnages. Voilà pour les bémols. le reste est un régal. Au plaisir de retrouver ses personnages s'ajoute celui de la belle écriture de l'auteure.
Cette fois, elle a choisi de mettre à l'honneur la jeune génération et l'on suit les tribulations de Pauline, Sassette et Millie. Les deux premières ont quitté les cuisines du Mesnil pour s'affranchir à Paris de leur condition de domestiques. La troisième, véritable héroïne de ce deuxième tome, est avide d'expériences et de liberté. Bien sûr, les ''vieux'' héros ne sont pas oubliés pour autant. Madame Mathilde a toujours la main sur les biscuiteries Bertin-Galay, secondée par son bras droit, l'ambitieux Simon Lewenthal. Pierre, qu'on croyait mort, a survécu aux bombardements de 14-18 et a rejoint Gabrielle en Amérique où il se consacre toujours à la recherche médicale.
Les intrigues familiales pimentent un récit historique consacré aux années 33-34, moment-clé dans l'histoire de l'Europe. La SDN peine à maintenir la paix, le menace rôde. A Budapest, Varsovie, Vienne, Prague ou Paris, le bruit des bottes gronde. Toute cette tension transparaît dans le récit qui s'aventure aussi dans les méandres de l'espionnage, du contre-espionnage, des jeux de pouvoir entre états. Anne-Marie GARAT offre un roman très bien documenté et, à son érudition s'ajoutent son sens du récit et son style si particulier, riche et presque désuet. Elle peut raconter une rafle des SA à Berlin, s'inviter dans une réunion syndicale à Paris ou décrire les frissons de l'amour avec la même aisance, et le même brio.
Malgré quelques longueurs, ce deuxième tome est tout aussi passionnant que le premier. On retrouve avec plaisir les membres de la famille Galay et leur entourage dans ces nouvelles péripéties. Une saga brillantissime.
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Roman en deux tomes d'Anne-Marie Garat.


Dans la main du diable. 1913. Gabrielle Demachy attend depuis des années le retour de son fiancé, Endre Kertész, parti en Birmanie. Avec Agota, sa tante hongroise exilée à Paris, la mère d'Endre, elle va d'administration en ministère pour découvrir ce qui est arrivé au jeune homme. Une convocation au ministère de la guerre apprend aux deux femmes qu'Endre est mort, et qu'il ne reste de lui qu'une malle contenant quelques effets personnels. Pour Gabrielle, ce n'est pas assez. Elle décide de découvrir les circonstances de la mort de son premier amour. Aidée par un employé du ministère de la guerre, le très affable Michel Terrier, elle entre au service de la famille Bertin-Galay, pour mieux approcher Pierre qui a connu Endre et l'a accompagné en Birmanie. Sous couverture d'être l'institutrice de Millie, la fille de Pierre, Gabrielle s'immisce dans la vie de cette grande famille bourgeoise. Elle apprend à connaître Madame Mathilde, qui règne en reine mère sur son monde. Elle se lie d'amitié avec Sophie, la cadette de la famille. Et peu à peu, elle se rapproche de Pierre. Entre cours de piano et leçons de choses, elle apprivoise la sauvage petite Millie et se fait respecter de la maisonnée. Ce qui impressionne le plus Pierre, c'est la parfaite maîtrise du hongrois de Gabrielle. Elle le sait, Pierre peut lui donner des réponses sur la mort d'Endre. Mais les réponses sont dangereuses, explosives, et pas seulement pour Gabrielle. Il en va de la sécurité des peuples, dans une Europe que les soulèvements ouvriers portent à la révolte et à la grève. de Paris au Mesnil, de la Birmanie à l'Italie, personne n'est vraiment ce qu'il semble être, personne ne tient vraiment sa place. Pierre n'est pas le monstre que Michel Terrier avait décrit. Michel Terrier n'est pas l'aimable ami des débuts. Gabrielle elle-même se perd dans sa dissimulation, prête à tout pour régler les comptes du passé et se libérer de son emprise.

Ce premier tome est un délice. L'auteure maîtrise l'art de la description et sait rendre sensible les paysages et les sentiments. La narration est habile, mêlant les faits et les idées, incluant avec légéreté des analepses et des prolepses. Les personnages sont bien bâtis, assez énigmatiques au début pour donner envie d'en savoir davantage. J'ai eu des difficultés à lire les premiers chapitres. Mais très vite, j'ai été prise par l'histoire et par L Histoire. Ce livre est une leçon de politique et d'histoire bien moins barbante que mes cours de prépa... Ce roman-fleuve, roman-feuilleton aussi, demande une certaine endurance: il y a beaucoup de personnages et de fils qui se nouent. Et pour moi qui suis gourmande de grandes fresques familiales et sentimentales, je suis servie!

L'enfant des ténèbres. 1933-1934. Camille a bien grandi depuis son enfance au Mesnil. Entre son Pierre et Gabrielle, ses parents d'adoption, elle a connu une enfance et une adolescence trépidantes à New-York. Jeune femme indépendante qui cherche de nouvelles expériences, elle part sur les routes avec son ami Jos pour vivre une aventure qui la marque humainement. A la mort de son ami, elle met tout en oeuvre pour tenir la promesse qu'elle lui a faite. de retour sur le vieux continent, elle décide de se frotter à la vie d'ouvrière et se fait embaucher anonymement dans les usines de biscuit de sa grand-mère. Son audace et sa fraîcheur séduisent Simon Lewenthal, le directeur des usines Bertin et Galay. Entre eux se nouent une relation tendre mais difficile. Camille tient plus que tout à accomplir sa promesse. Avec son amie hongroise Magda, rencontrée à Venise des années auparavant, elle sillonne les routes d'Europe, de Budapest à Vienne jusqu'à Berlin où se nouent les fils d'une opération très spéciale. Gabrielle assiste à l'émancipation de sa fille, et le coeur serré, la laisse se forger ses propres expériences. Et l'on retrouve Sassette, l'ancienne petite bonne du Mesnil, que la découverte des livres a métamorphosé en petite femme active qui oeuvre sans le savoir au sein d'une organisation plus ou moins reconnue. La menace fasciste gronde et chacun peut sentir que la paix fragile issue de la SDN a vécu. Les alliances se font et se défont, les transfuges ne sont pas ce que l'on croit et de vieux ennemis, sous de nouveaux visages, tentent d'assouvir des vengeances passées.

Le deuxième tome est bien plus difficile à lire que le premier. La puissance des débuts s'essouffle et les longueur s'accumulent. Camille devient l'héroïne, succédant à une Gabrielle que j'avais beaucoup appréciée. Tout est trop complexe, enchevêtré. Les personnages gagnent en opacité, mais cela se ressent sur la narration qui devient confuse. Les épisodes se succèdent sans apparente logique et il est très difficile de tout raccrocher. L'objectif poursuivi par les personnages est impalpable. Je n'aime pas ce genre de narration qui mène le lecteur sur des pistes floues, l'abandonne dans des voies sans issue. Cest réellement dommage car le premier tome m'avait enchantée. Et je ne suis pas persuadée que la lecture du second tome soit nécessaire. Dans la main du diable peut se lire sans suite.

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Deuxième tome de cette saga familiale.

Nous faisons un saut dans le temps de 20 ans, et découvrons les plus jeunes qui sont devenues adultes.

Nous suivons donc Magda (l'amie de Venise), Millie, Pauline et Elise. Chacune a une vie à elle, émancipée et c'est un plaisir de voir ce qu'elles sont devenues.

Un roman très bien écrit comme le tome précédent qui fourmille de détails, de descriptions, de belles tournures de phrases parfois alambiquées et de mots surannés.

J'avoue qu'il m'a fallu néanmoins quasiment 400 pages pour rentrer de manière compulsive dans ma lecture tellement il a fallu que je m'accroche dans ces "premières" pages. Les phrases longues et belles se savourent, et il faut se concentrer parfois. Mais c'est surtout la construction du livre; et le saut d'un personnage à un autre de manière totalement aléatoire et parfois flou qui demandent une constante adaptation. Difficile de retenir toutes les intrigues, les multiples personnages et de voir les interactions possibles.

Enfin, dans la deuxième moitié du livre, tout se délie, les personnages se rencontrent et si le style ne change pas, tout va plus vite.

C'est donc un roman très riche, très documenté, qui nous emmène dans les années 30 avec des femmes féministes avant l'heure en choisissant elles-même leur destin sans renier leur passé. Mais nous assistons aussi et surtout à la montée du fascisme et c'est déjà oppressant, inquiétant.

Une très belle lecture.
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Toujours difficile, après un premier opus passionnant, de donner une suite à un roman... mais l'auteure a eu la bonne idée de laisser de coté Gabrielle et Pierre pour s'intéresser à Camille, des années plus tard et il s'agit donc d'un autre roman qui traverse l'Europe enflammée de l'entre -deux guerres, toujours servi par la plume admirable d'Anne-Marie Garat.
On assiste donc, horrifié, à la monté du nazisme et à l'avènement de la 2ème guerre mondiale qui marquera à jamais une famille et des personnages bouleversants et complexes.
J'ai maintenant hâte de lire le 3ème tome !
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Suite de « Dans la Main du diable »

Le personnage central cette fois est Camille, la petite Millie du Mesnil, enfant adoptée par Pierre Galay et Gabrielle, l'ancienne préceptrice. Ils sont revenus des États-Unis, la vie reprend en France, dans ce microcosme étouffant qu'est la famille Bertin-Galay, les usines se sont multipliées, Madame Mathilde, aidée de son directeur Simon Lewenthal, fait prospérer l'entreprise.

L'histoire est un entrelacs de parcours de personnages multiples (à ce propos, dommage que le tableau récapitulatif des personnages ne se trouve pas en tête de livre, ni annoncé comme étant à la fin!). On s'y perd un peu : résistance, camps de concentration, espionnage d'État, assassinats, passages historiques , descriptions très littéraires de paysages, milieu de la haute couture, de la recherche biologique, et j'en oublie ! Les personnages se diluent dans ce fatras.

Il me semble qu'à vouloir traiter beaucoup de sujets on finit par n'en traiter aucun de façon satisfaisante. Autant dire qu'en dépit de l'incontestable talent d'écriture de l'auteure, j'ai fini par me lasser, au point de tourner les pages un peu vite. Trop long, trop touffu, trop ambitieux.

C'est vraiment dommage, mais je crois que je vais laisser le troisième volume pour plus tard. Peut-être !
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Il faut laisser les enfants lire des livres illisibles à eux. Il faut qu'ils tombent dans l'ennui d'un été de guerre ou de vacances pour que l'abordage brutal des mots les bouleverse d'une absence, d'une plénitude obscures. Quelle opération mentale assortit aux mots le chiffre du monde, celui du coeur et du corps, de l'esprit ? Pour déchiffrer, il faut qu'il y ait du chiffre, du secret, de l'opacité, des résistances occultes. Il faut laisser les enfants tomber dans ce qui ne les regarde pas, pour que cela les regarde. Il faut qu'ils ouvrent des livres qui ne sont pas écrits pour eux, et qu'ils passent les pages illisibles, en diagonale, à l'aventure, au petit bonheur la chance. Les laisser s'égarer, traverser des pans entiers de désert sans carte, mal lire. Bout à bout anachronique, éclectique, hasardeux, on ne sait où ni quand les épiphanies adviennent, quand s'ouvrent à eux les portes de l'imaginaire qui illumine. leur vie.
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En voilà, des personnes distinguées, qui d'une dent croquent trois petits fours dans la soirée sans une miette sur le rouge à lèvres. Quand on est de la haute, on ne se jette pas sur le buffet, glouton, à ruminer comme vache, écluser comme Polonais, savoir-vivre, un art qui se travaille au mental : quand on n'en est pas, poussée dans une cuisine, le tout est de bien reluquer pour faucher les manières. Singe, une seconde nature.
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Elle était tombée dans les livres, emportée en de si lointains voyages qu'elle en revenait hagarde, ivre et rompue, et triste, triste de la langueur d'abandon où chaque roman la laissait, d'y trouver et perdre sans cesse la raison de vivre qu'elle n'avait pas (p.20)
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Elle était tombée dans les livres, emportée en de si lointains voyages qu'elle en revenait hagarde, ivre et rompue, et triste, triste de la langueur d'abandon où chaque roman la laissait, d'y trouver et perdre sans cesse la raison de vivre qu'elle n'avait pas.
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A sept heures du soir, la foule indigène du quartier Montparnasse se pressait sur le boulevard, hilare, hagarde, multitude des robes collées au flanc des costumes filant selon le principe des bancs de poissons de hauts-fonds sur leur trajectoire fluide, leur cours fluctuant brusquement, tournevoltant en attroupements éphémères, puis le flot se reconstituait et fuyait, Elise en était étourdie. Les fils tortueux du sort, les fils tenaces de la vie commune tressés sous ses yeux, les destins humains divers et changeants que cette foule évoquait lui procuraient un sentiment mêlé, d'incertitude, de perplexité, de vague ébriété. Des leitmotivs dissonants émergeaient du grondement urbain, du trafic dense à cette heure, autobus, camions, voitures, telle la confuse ouverture d'une symphonie, sans cesse esquissée par cette précipitation effrénée des corps, vers quelle destination...
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