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3,5

sur 114 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il n'est jamais trop tard pour découvrir une romancière confirmée comme Anne-Marie Garat, lauréate du Prix Femina et du Renaudot des Lycéens en 1992 avec Aden. Depuis cinq ans, elle fait partie du jury du Prix Femina.

Aux Correspondances de Manosque 2018, il a fallu que je l'écoute parler de son dernier roman, le Grand Nord-Ouest, pour avoir envie de la lire, envie confirmée après son passage à La Grande Librairie.
Alors, je me suis lancé dans cette aventure un peu folle, aux confins du Canada, tout près de l'Alaska, vers le Yukon et le style d'Anne-Marie Garat m'a surpris, parfois emballant, parfois lassant à cause d'une débauche de détails et de descriptions semblant rajoutées à loisir.
À Anchorage, Jessie raconte ce qu'elle a vécu à Bud Cooper qui retranscrit tout cela. Jessie veut qu'on l'appelle Niyah et parle de sa mère qui dit se nommer Lorna del Rio et qu'elle campe ainsi : « Avec son génie du business et sa plastique, elle s'y entendait pour ferrer le poisson, vu qu'elle a une calculatrice atomique en place du cerveau et la moralité extensible plus qu'un chewing-gum. » Rapidement, Jessie parle de Kaska, indienne rabougrie si importante dans son aventure peu ordinaire à Kloo Lake et plus loin vers le nord encore…
Jessie raconte tout cela un soir d'avril 1954, remontant quinze ans plus tôt alors qu'elle avait six ans. Quittant subitement une vie dorée dans le monde du cinéma après la mort subite de son père, elle constate que sa mère change sans cesse de patronyme, invente beaucoup mais se sort toujours d'affaire, pour retrouver un passé bien mystérieux.
La carte insérée au début du roman permet de suivre leur équipée mais ce sont surtout les mots, les longues phrases de l'autrice qui m'ont plongé dans cet univers où le froid peut être extrême mais où les humains avaient appris à vivre en parfaite harmonie avec la nature.
Eux qui n'apprécient pas être appelés Indiens mais voudraient que les noms de leurs tribus, de leurs groupes soient utilisés, subissent l'invasion des Blancs, des Yankees et autres chercheurs d'or – le fameux Klondike est par là – et sont pervertis par l'alcool et une modernisation mortifère.
Anne-Marie Garat montre bien tout ce qui a changé dans la vie de ces gens, les bouleversements apportés, les villes champignons abandonnées ensuite et les dégâts humains irréparables. En 1942 l'armée US a percé une route, travaux effectués par dix mille soldats et sept mille civils, unique voie d'accès à l'Alaska. Résultat : pollution et destruction de l'environnement.
« La Terre n'appartient qu'à elle-même. » On ne peut pas dire mieux et nous ferions bien de nous le rappeler plus souvent. Dans ce roman, Anne-Marie Garat m'a dépaysé, ravi parfois, enthousiasmé souvent, intrigué aussi avec cette vie très compliquée de la mère de Jessie.

Je retiens essentiellement l'hommage rendu aux peuples amérindiens du Grand Nord, à leurs coutumes, à leur vie en symbiose avec la nature. C'est un voyage chaotique plein d'enseignements qui me laisse admiratif devant l'érudition de l'autrice. J'ai aimé ce livre même si je languissais d'arriver à son terme.
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Romancière confirmée, lauréate de plusieurs prix pour Aden en 1992, la bordelaise Anne Marie Garat s'est lancé avec son dernier roman paru en octobre 2018 dans un voyage iniatique qui nous amène direction l'Alaska, le grand nord ouest comme le titre de son roman l'indique.

Récit d'un voyage un peu fou, une fuite impromptue d'une mère et de sa fille qui ne dévoilera ses secrets qu'au fil d'un récit riche et tortueux, la romancière nous amène sur les anciens territoires de tribus indiennes où les us et coutumes perdurent longtemps
On pense un peu au très beau film de Tyle Shéridan dans cette peinture du nord ouest indien, et à thelma et louise pour le coté road movie féministe aux allures de polar ( le récit est raconté par un agent du FBI sur les traces des fuyardes) .
Un voyage qui va profondément changer à jamais nos deux héroïnes ..Une intrigue prenante et un récit d'apprentissage touchant, c'est un roman deux en uns que nous offre l'expérimentée Mme Garat...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dépaysement et bouleversements garantis par cette trépidante, originale, improbable aventure qui emmène le lecteur très profondément dans les espaces inaccessibles du grand nord canadien, à travers la quête de leurs racines indiennes d'une mère aventurière accompagnée de sa fille, une rouquine de six ans que l'on appelle Jessie mais dont le nom est Njyah.
Deux voix se mêlent pour relater cette aventure : celle de Jessie qui, arrachée à l'univers mafieux de paillettes hollywoodiennes des années 30 par sa bouillonnante mère, découvre avec bonheur la vie à l'état de nature auprès des Indiens; et celle de Jim, mercenaire de sang mêlé qui l'arrachera à sa nouvelle vie sur ordre du FBI, et qu'elle retrouve 25 ans plus tard pour qu'il la ramène sur les traces de cette épopée.

Ce qui fait le charme de ce récit et lui donne de l'épaisseur est aussi ce qui à la longue lui donne une pesanteur un peu gênante : sa narration non linéaire, sa langue chargée d'effets et d'inventions toniques mais qui finissent par alourdir le discours.
Il m'en reste le plaisir d'avoir découvert une auteure généreuse, fabuleuse conteuse que j'aurais plaisir à retrouver dans d'autres livres.
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Son nom c'est Jessie, mais appelez la Njyah. Mieux encore, dites simplement "Nez-de-renard" ou "Qui-donne-ses-dents" : elle se reconnaîtra.
Alors, regardez-la dans les yeux, voyez sa malice, sa fouge, sa force de caractère... Et puis prenez une grande inspiration et écoutez son histoire.

Si vous la laissez parler, fouiller dans sa mémoire, si vous savez déchiffrer le langage si particulier que lui prête Anne-Marie Garat, si les phrases à rallonge (aux structures souvent déroutantes, tellement peu conventionnelles !) ne vous effraient pas, alors Jessie vous dira tout de sa folle cavale.

En 1939, Jessie a 6 ans quand son père - un richissime et sulfureux producteur Hollywoodien - passe l'arme à gauche. Aussitôt sa pin-up d'épouse, personnage incroyable, fantasque et énergique, prend la fuite sans explication. Cap sur le grand Nord, tout là-haut entre Yukon et Alaska. Dans son sac des billets, un revolver, quelques mystérieux documents, une carte sommaire de ces lointaines contrées, et en remorque sa fille, la petite Jessie.

Les voilà donc toutes deux lancées à travers les forêts inextricables, dans les chaos des anciennes pistes indiennes, l'une au volant d'une vieille Dodge brinquebalante et l'autre à ses côtés sur la banquette mitée, curieuse et farouche, les yeux écarquillés débordant d'interrogations sur cette mère insaisissable et aventureuse dont elle ignore tout ("Cherche-t-elle à épater la galerie avec ses salades, ou pour une fois dit-elle le vrai qui, je l'ai souvent observé, ressemble à s'y méprendre au mensonge le plus éhonté ?") Qui est-elle, d'où vient-elle, qui fuit-elle, que poursuit-elle ?
Là n'est pas la question pour Jessie qui découvre une vie nouvelle sous ces latitudes extrêmes, sur ces terres de silence peuplées de présences invisibles, esprits des loups et des corbeaux, énergies telluriques ancestrales.
La route des deux fuyardes croise en effet celle de Kaska et Hermann, un couple d'indiens Guwich'in vivant en ermites sur la berge d'un lac qui n'existe sur aucune carte (Kloo Lake : "simple noyau d'abricot posé dans le vide du territoire"). Cette rencontre, ce lieu du bout du monde sonne pour Jessie comme une révélation : dès lors seul compteront l'ici, le maintenant.

La vieille Kaska, vêtue de son éternelle et odorante peau d'ours héritée du père de son père qui tua lui-même la bête autrefois ("une fourrure très lourde aux vieux poils rêches qui lui sert de manteau le jour, de couverture la nuit et d'abri en voyage") éveille la gamine aux puissantes forces chamaniques, lui enseignant la magie des totems primitifs et les lois de la Nature, "sa réalité unique et multiple".
Dans le même temps Anne-Marie Garat nous abreuve d'une prose onirique, incroyablement fouillée mais pas toujours complètement intelligible pour le pied-tendre un peu naïf qui s'attendait à un classique roman d'aventure...
Le Grand Nord-Ouest, c'est beaucoup plus que ça !
Outre les personnages hauts en couleurs et les paysages splendides de cette terre de légendes, les montagnes immaculées parcourues de sentes d'ours ou d'orignaux, c'est d'abord une oeuvre tout à fait singulière qui sollicite puissamment notre imagination !
C'est par dessus tout une lecture exigeante, un style très (trop ?) travaillé, un texte sans chapitrage tout en longueurs et en circonvolutions narratives, des sauts de cabri en avant, des retours en arrière, des angles morts, des impasses que chaque lecteur peut combler à sa guise et d'autres que l'auteur laisse à leur silence. C'est parfois très beau, parfois très confus, comme un envoûtement, une transe hallucinatoire dont on ressort un peu hébété et néanmoins heureux d'avoir découvert une écriture vraiment unique en son genre !
Épique, harassant, inoubliable : une véritable aventure de l'extrême.
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Une femme et sa fillette partent en cavale sur les routes de la Californie, destination le Grand Nord-Ouest, Yukon, Canada, refuge instinctif pour la mère, dont les secrets et les affabulations vont nous être dévoilés au compte-gouttes dans un récit halluciné, qu'habitent également un couple d'Amérindiens reclus, dont la cabane en rondins retirée au fond d'une combe, recueille les deux fuyardes et leur histoire rocambolesque et mystérieuse.
Le roman est partagé entre les confidences de la petite fille devenue adulte et celles de Bud, un pilote canadien habitant Anchorage, Alaska, quinze ans plus tard. « C'est pourtant ce que je fais en écrivant, jour après jour, je descends à la mine, sondant les couches les plus glacées de mon pergélisol mental, il y fait si froid, Jessie. »
Anne-Marie Garat offre au lecteur un voyage mythique aux confins du territoire des premiers peuples américains, bafoués et spoliés par l'arrivée des colons européens et par une ruée vers l'or qui aura achevé de les déposséder.
Parcouru de chimères, de rêves et d'une aura mystique, le Grand Nord-Ouest n'en contient pas moins une part historique rigoureuse, doublée d'une fiction fort bien menée par une écriture libre et déjantée.
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Nous sommes à la fin des années 30.
Jessie fête ses six ans avec ses parents et tous leurs amis.
Au petit matin, son père, Oswald Campbell, un riche producteur hollywoodien, est retrouvé mort, noyé. Lorna del Rio, la mère décide alors de s'enfuir avec Jessie. C'est le début d'un périple inoubliable, imposé à la petite fille, mais que sa mère donne l'impression d'avoir bien préparé depuis fort longtemps.
Jessie n'est pas très rassurée et ne comprendra que plus tard que ce départ est sans retour possible. Lorna, personnage fantasque mais énergique et oh combien pugnace, compte bien en effet, monter vers le Grand Nord-Ouest, à la recherche de ses origines supposées, avec en poche une simple carte crayonnée à la main, une mallette pleine d'argent pris dans le coffre de son mari, des papiers importants, un colt et un couteau.
Si leur périple commence sur les routes, puis par la mer, elles continueront ensuite sur des pistes impraticables, fréquentées depuis des années par les seuls trappeurs, chercheurs d'or et indiens. Elles vont, par le simple fait du destin, se retrouver au coeur des terres indiennes, dans la cabane d'un couple de Guwich'in, Kaska et Hermann, vivant isolés en autonomie, sur les berges de Kloo Lake.
Finie la vie de paillette hollywoodienne, finis aussi les mensonges de Lorna, les changements de noms pour brouiller les pistes, et les secrets cachés dans leurs bagages.
Tout en écoutant Lorna raconter son histoire à Kaska, la petite fille apprend les gestes amérindiens ancestraux, l'importance du travail quotidien pour amasser les provisions à entreposer avant l'hiver, la fabrication des habits chauds indispensables pour se protéger du froid intense de ces contrées, le respect dû aux animaux...que l'on chasse ou pas. Kaska en profite aussi pour lui parler de la magie des totems, des forces chamaniques et des lois de la nature et pour la rebaptiser "Nez-de-Renard", puis "Qui-donne-ses dents"
Mais des personnes étrangères recherchent activement Lorna et Jessie, et, même au fin fond de l'Alaska, toutes deux ne sont pas passées inaperçues.
Une quinzaine d'année après, Jessie devenue adulte raconte les détails de leur road movie à Bud Cooper, dans la banlieue d'Anchorage. Il nous transmet fidèlement sa parole, sans qu'on sache le rôle qu'il a pu jouer dans l'histoire, le lecteur ne l'apprendra qu'à la toute fin (c'est un membre du FBI).

J'ai retrouvé la plume complexe et détaillée, mais tellement poétique de Anne-Marie Garat que j'avais découvert en lisant "La source" présenté ICI sur mon blog. Ces dons de conteuses sont indéniables et les légendes amérindiennes et traditions ancestrales, peuplent ces récits avec brios. Les personnages, tous hauts en couleurs, sont assez nombreux pour que le lecteur s'y perde un peu, à moins de se laisser porter par les aventures qui ne manqueront pas de les relier les uns aux autres, au fil du roman. le moins que l'on puisse dire, c'est que l'auteur accumule les détails, et les péripéties, rendant parfois le récit un peu long. J'ai fait des pauses, d'autant plus que le roman n'est pas découpé en chapitres, et présente son lot de retours en arrière et de zones d'ombre, que le lecteur peut finalement combler à sa guise et en fonction de son imagination.

La nature magnifique, mais la plupart du temps hostile, l'importance des objets, et celle des souvenirs parfois modifiés par la mémoire, le rêve qui se mêle à la réalité, font de ce roman original, un roman à la fois d'aventure souvent loufoque et décalé, mais aussi une épopée onirique qui peut dérouter le lecteur, et présenter quelques longueurs, faute de compréhension en particulier dans la seconde partie.

Malgré ces longueurs, ce roman est un bel hommage aux Indiens de ces contrées qui ont vu leur vie bouleversée par l'arrivée massive des blancs, venus chercher fortune, des hommes qui ont bâti pour les déserter ensuite des villes entières sur leurs terres, qui leur ont apporté maladie et dépendance à l'alcool, et ont ensuite coupé les pistes et les terres, par une longue route, bâtie par l'US armée en 1942, seul accès encore aujourd'hui au coeur des terres indiennes.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Jessie fête ses six ans sur une plage de Santa Monica sous l'oeil avisé de sa mère Lorna del Rio, en présence de son père Oswald Campbell, incontournable producteur de cinéma hollywoodien et tout ce que cette industrie de la fin des années 30 compte de strass et de paillettes, et de mauvais garçons.
Mais au petit matin, c'est le drame, Oswald est retrouvé sur la plage noyé et à moitié dévêtu, telle une baleine échouée.
Ni une ni deux, Lorna prendra Jessie sous son bras et filera à la résidence des Campbell prendre quelques effets et notamment une mallette qui pourrait lui assurer l'existence si elle sait s'en servir, ou lui couter la vie si les « Ritals » qui sont en premier lieu concernés réussissent à la rattraper.
Elle va donc kilomètres après kilomètres, changeant de nom aussi souvent de que voiture, n'utilisant que les petites routes de campagnes, ne s'arrêtant que dans des lieux perdus pour laisser derrière elle la Californie et s'enfoncer dans les terres arides de l'Alaska.

Alors qu'elle suit les instructions d'une mystérieuse carte, Lorna toujours flanquée de Jessie rencontre Kaska une indienne prise dans un piège à ours, qu'elle sauvera d'une mort certaine.
Kaska va alors les accueillir dans la cabane qu'elle partage avec Herman, trappeur indien qui évite tout contact avec les Blancs et leur civilisation.

Lorna et Jessie s'installeront dans le refuge que leur offre le couple indien, mais Jessie petite fille curieuse et qui a appris à écouter comprend bien des choses et notamment pourquoi elle ressemble si peu à sa mère.

Mais le passé de Lorna va les rattraper et pour fuir les tueurs à leur trousse, Herman n'aura d'autre choix que de partir avec Kaska, Lorna, Jessie et Kluk un jeune indien qui est venu les prévenir du danger, abandonnant leur cabane alors que l'hiver fait rage, pour se réfugier dans un village indien.
Mais les choses ne vont pas se passer comme tous le souhaitaient.
C'est Jessie qui 15 ans plus tard nous raconte son histoire, entre souvenirs, réalités et rêves empreints des croyances des indiens, elle qui est devenue depuis Njyah et qui a repris contact avec Bud qui avait à la demande du FBI exfiltré la fillette.
Mais pourquoi Jessie a-t-elle tant besoin de Bud pour trouver des réponses à ses questions ?
Et pourquoi Bud est-il toujours obsédé par cette histoire ?

L'auteure nous fait voyager de Californie jusqu'en Alaska et au Yukon dans des paysages époustouflants de beauté et de « sauvagerie » dans lesquels l'homme ne peut survivre que s'il comprend qu'il doit se montrer humble et non pas vouloir à toute fin dompter la nature.
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J'ai découvert Anne-Marie Garat il y a quelques années avec sa fabuleuse trilogie : Dans la main du diable, L'enfant des ténèbres et Pense à demain.

Lire son nouveau roman était une priorité dans tous les livres de cette rentrée littéraire !

Dans ce roman, nous sommes embarqués dans le Grand Nord-Ouest. L'Alaska et le Yukon. Les lacs. La nature sauvage. Voyage clandestin à la recherche d'un trésor de mémoire.

Jessie, 6 ans, et sa mère, Lorna del Rio sont en cavale. Jessie a des cheveux roux flamboyants. Elle est un diamant brut et extrêmement fin qui s'affine et se construit au fur et à mesure du récit.

Sa mère, Lorna, a une plastique à faire rêver tous les hommes. Elle en use et en abuse en tant que filoute et manipulatrice hors pair.

Leur chemin rencontre celui de Kaska et Herman. Deux Indiens emplis de sagesse et de croyances vivant en ermites.

De sa plume magistrale, Anne-Marie Garat déroule des paysages majestueux et une nature éblouissante sous les yeux ébahis du lecteur.

Grand roman d'aventure initiatique, ce livre enchantera les amoureux du Grand Nord-Ouest, de la nature et des Amérindiens.
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1939, l'industrie du cinéma hollywoodien bat son plein, la mafia aussi. Pour Oswald, grand producteur, l'argent coule à flots, les soirées brillent de mille feux, les starlettes se trémoussent et se bousculent. Sa femme, Lorna del Rio, ancienne cow-girl – loin d'être écervelée -, le séduit aisément. Leur fille Jessie vient au monde dans un paradis terrestre.

À six ans, ses parents lui offrent un anniversaire grandiose sur la plage de Santa Monica, mais un drame se profile : le corps d'Oswald sera retrouvé à l'aube, échoué sur le sable. L'homme est mort, noyé. Et là les choses s'accélèrent, Lorna del Rio plie bagage, dépose sa fille encore endormie sur le siège arrière de leur Cadillac et file à tout allure, direction le Grand Nord-Ouest.

1954, Jessie, vingt-et-un ans confie à Bud Spencer la saisissante histoire de leur fuite. Une cavale de plusieurs mois sur les territoires nord amérindiens souvent hostiles, sur les pistes des trappeurs et des chercheurs d'or, sur la trace des traîneaux de chiens. Leurs rencontres avec un couple d'indiens Gwich'in, Kaska et Herman, qui la renommeront Njiah. Mère et fille vivront au plus près d'eux, dans leur cabane, à leur rythme et selon leurs traditions.

Lorna est en quête d'une vérité, de ses origines, d'une mémoire perdue. Sa fille devient le témoin de cette recherche, la garante du souvenir, celle qui à son tour transmettra.

Le Grand Nord-Ouest est un grand roman, un western où se côtoient mythes légendes croyances héritages où la nature s'étale tantôt sauvage tantôt bienveillante où le regard touchant d'une fillette sur sa mère et sur le monde bouleverse où le rêve s'insinue dans le réel et vice et versa, où l'écriture belle foisonnante et habile d'Anne-Marie Garat nous enveloppe.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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On retrouve dans son nouveau roman la très belle écriture d'Anne-Marie Garat, et si le sujet semble au départ éloigné de ceux de ses livres précédents puisqu'il s'agit d'une sorte de western au féminin, le lecteur la retrouve dans son étude soignée des personnages et de leur caractère.

Extrait (p 259) : " J'ignore si Herman et Kaska auront vraiment survécu à la loi du plus fort qui de si longtemps s'exerce contre eux, échappé à l'implacable destruction de leur monde par la spoliation, l'exploitation des gisements miniers, au refoulement systématique des nations du Grand Nord, brimées, laminées par la haine blanche. C'est une chose insensée mais je veux les imaginer hors de portée, sauvés par leur capacité à se soustraire, à s'adapter, indemnes pour le restant de leurs jours en quelque endroit inaccessible aux prédateurs."

C'est Jessie la rouquine, alias "Nez de renard", alias "Qui donne ses dents" alias "Njyah", qui parle ainsi, à la fin du long récit qu'elle fait à Bud Cooper de la cavale avec sa mère Anaïs, alias "Lorna del Rio" alias "Onayepa", une sorte d'aventurière d'une trentaine d'années. Herman et Kaska sont des amérindiens rencontrés par la mère et la fille sur leur route : Kaska, la femme chamane, a le pied pris dans un piège, Lorna la sauve, Kaska lui doit donc la vie et son homme, Herman un indien volé aux siens, éduqué chez les blancs et qui porte donc un nom chrétien, va devoir vivre avec cette dette...

Au tout début de l'histoire - nous sommes dans les années trente - et le "gros papa" de Jessie 6 ans, Oswald, un homme obèse riche magnat de Hollywood qu'elle adore, meurt ; aussitôt, sa veuve part avec la petite Jessie dans une longue fuite vers le Grand-Nord-Ouest, entre Alaska et Yukon, en prenant bien soin d'éliminer ses traces ; mais, on le sait très vite, le dénommé Bud va récupérer la petite et la ramener à "la civilisation" quelques temps plus tard.

Où va Lorna ? Pourquoi part-elle secrètement et ne veut-elle pas être rattrapée, ni du FBI ni des chasseurs de prime qui sont à ses trousses ? Sa fille s'apercevra vite qu'elle cache une carte dans son corsage, carte toute froissée que lui a légué jacques Maître-Grand (l'amoureux d'Anaïs dans le livre précédent "La source") qui vécut deux ans avec les indiens Tutchone qui possèdent un masque à son effigie. Anaïs / Lorna est-elle en quête de ses origines ?

Anne-Marie Garat, grande raconteuse d'histoires, nous parle de survie dans les conditions difficile du Grand Nord, des mondes visible et invisible, de la Terre et de sa mémoire ; elle nous invite à la rencontre de paysages magnifiques et d'une humanité autre, différente, qui a sans doute beaucoup à nous apprendre...
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