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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce roman trouve son origine dans des fouilles archéologiques effectuées en 1949, sur le site de l'ancien couvent Santa Clara de Carthagène en Colombie. Avant de procéder à la construction d'un hôtel de luxe, les cryptes où reposent les dépouilles de plusieurs générations de religieux et hauts dignitaires de la ville sont vidées et les corps exhumés répertoriés. Sur ces relevés figurent des évêques, des abbesses, un vice-roi du Pérou, des intellectuels et savants, des nobles... et une enfant : Sierva Maria de Todos los Angeles, dont "la splendide chevelure mesurait vingt-deux mètres et onze centimètres."
Se référant à une légende racontée par sa grand-mère, l'auteur redonne vie à cette marquise de douze ans morte de la rage après avoir été mordue par un chien...
Superbe roman dans lequel l'auteur évoque l'Inquisition, les exorcismes, la religion, la médecine du 18 ème siècle, le charlatanisme, les démons, la réclusion et aussi l'Amour!
Un véritable coup de coeur.
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Au milieu du XVIIIème siècle, à Carthagène des Indes, la jeune Sierva Maria de Todos los Angeles, grandit dans la plus totale indifférence de ses parents, le marquis de Casalduero et de Bernarda Cabrera. Et pour cause, elle n'est pas désirée: fruit du viol de son père par sa mère. Privée d'amour, elle élevée par les esclaves parlant leurs dialectes, se pliant à leurs rites et dormant avec eux. Cependant, tout change lorsqu'elle est mordue par un chien au marché et que le marquis l'apprend. Il faut dire que dans les croyances contemporaines, les chiens sont porteurs de rage et la mort attend souvent les malheureux mordus. Or, Sierva semble avoir survécu. le marquis conscient du miracle sort alors de sa léthargie dans laquelle il s'est installé depuis des années pour l'éduquer et lui offrir l'enfance auquel elle a droit. Mais quelques temps après, Sierva est touchée par un accès de fièvre et le marquis cède aux croyances populaires. Elle est alors à la merci de tous les prétendus médecins et guérisseurs que comptent la ville et qui n'hésitent pas à charcuter son corps pour la soigner. Ses réactions de douleurs sont interprétées comme des actes de folie et de possession. Perdu, le marquis cède aux conseils de l'évêque et la fait enfermer au couvent de Santa Clara. Maltraitée par les soeurs clarisses qui voit en elle un démon, elle ne doit l'amélioration de sa captivité qu'à son exorciste le père Cayetano Delaura. Leur relation se transforme au fil du temps en passion amoureuse rapidement destructive et maudite pour les amants.

Dans ce roman, l'auteur mélange avec habileté et ingéniosité l'histoire et la légende en ancrant le récit dans une ville coloniale en décadence où les populations indigènes sont le véhicule du fantastique, du mysticisme et de l'érotisme. Il aborde également plusieurs thèmes comme la lâcheté du marquis, l'oisiveté de la mère source de tous les vices, les croyances et superstitions religieuses, les inégalités sociales et l'incompréhension entre les esclaves et l'aristocratie créole mais surtout la pratique aveugle de l'exorcisme par la religion catholique qui fait une victime innocente de plus, en la personne de Sierva Maria. En effet, cette jeune marquise choque l'aristocratie locale et les autorités religieuses car elle ne rentre pas dans les codes sociaux de l'époque: menteuse, parlant des dialectes incompréhensibles, se déchainant... Elle ne peut qu'être la manifestation du démon. Personne ne pense à la possibilité que son éducation par les esclaves soit une clé de son attitude hormis le père Tomas de Aquino de Narvaez qui meurt étrangement noyé dans un puits après avoir vu Sierva Maria. Gabriel Garcia Marquez pose aussi un certain nombre de questions théologiques notamment sur l'amour et la foi. Cayetano est le porte-parole de la philosophie de l'auteur puisqu'il cède à l'amour pour comprendre et aider Sierva Maria en ne suivant pas aveuglément ce que lui commande la foi.

C'est un roman marquant emplie d'une écriture poétique, fait de longues descriptions entrecoupées par des dialogues où chaque personnage prend la parole pour exprimer ses sentiments face aux événements.
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Je continue ma découverte de Gabriel Garcia Marquez, grâce à une amie qui m'en avait prêté trois… chance ! Car j'aime son écriture,… non j'adore… j'ai dévoré ce livre avec un énorme plaisir. Je le place au même niveau que Cent ans de solitude, simplement celui-ci est bien plus court et son écriture peut être un peu plus « accessible » pour ceux qui n'ont pas encore l'habitude de l'écriture si particulière de cet auteur.
On suit la vie de Sierva Maria quelques mois, du jour de ses 12 ans, où elle se fait mordre par un chien qui a la rage jusqu'à son décès. Va-t-elle la développer ou pas, nul ne le sait… mais on vit dans un pays où tout est prétexte aux croyances les plus fantastiques, les plus incroyables, où le réel côtoie intimement l'irréel… La vérité est souvent perdante devant les croyances, les légendes… Sierva Maria est une jeune marquise créole, pas aimée de ses parents et élevée par les esclaves noires… La bêtise et les croyances vont la faire passer pour possédée par le Malin et mener par son propre père dans un couvent, le couvent des emmurées vivantes, jusqu'aux séances d'exorcisme…
À lire… vraiment !
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De l'amour et autres démons/Gabriel Garcia Marquez (1927-2014)/ Prix Nobel 1982
Carthagène des Indes en Colombie au milieu du XVIIIe siècle : dans le cadre coloré, joyeux et décadent de cette ville du bord de mer des Caraïbes, la jeune Sierva Maria de Todos los Angeles, la fille unique âgée de douze ans à la chevelure d'or interminable de Don Ygnacio de Alfaro y Dueñas marquis de Casalduero, une enfant fruit du viol de son père par sa mère Bernarda Cabrera, est mordue par un chien couleur cendre portant un croissant de lune blanc au front. Chien enragé ou pas ? Il y a suspicion et toute l'histoire va en découler.
Détestée par sa mère Bernarda Cabrera, - une femme égrotante et légèrement dérangée pour qui est bien loin le temps où les ardeurs de son corps l'avait contrainte à acheter Judas, un esclave pour qui elle laissait nuitamment sa porte entrouverte en proie à l'insomnie dans l'attente de sa venue, - elle n'a que son père et les esclaves de la maison et notamment Dominga de Adviento une Noire de pure souche dont elle parle le dialecte, pour prendre soin d'elle.
Son père initie le traitement en lui interdisant certains aliments tels que l'iguane en escabèche et la soupe de tatou. Quant au médecin de famille Abrenuncio de Sa Pereira Cao appelé à son chevet, il ne tient guère de propos rassurants mais a inventé une pilule à prendre une fois l'an, qui améliorerait la bonté du tempérament et prolongerait la vie, cependant causerait de tels troubles de l'esprit les trois premiers jours que seul lui-même s'aventure à la prendre ! Par ailleurs il avait coutume jadis de jouer de la harpe au chevet de ses malades afin de les apaiser dans la douleur et il a toujours prétendu qu'il a passé sa vie à guérir des malades détraqués par les remèdes des autres médecins. Voyant le marquis douter de ses capacités, Abrenuncio lui répond : « Si vous ne croyez pas en moi, vous pouvez toujours vous en remettre à Dieu ! » Rassurant !!
le père désemparé fait le tour des sorciers, apothicaires et vendeurs d'orviétan afin de soigner sa fille : tout y passe, les sangsues, rinçage de la plaie avec l'urine de la petite, les clystères émollients, les juleps d'antimoine, les vésicatoires et sinapismes et autres philtres douteux.
D'emblée au fil des pages de ce roman on découvre des personnages à tout le moins fantasques sinon excentriques et déconcertants. Dans un style merveilleusement coloré on évolue dans le burlesque et la truculence. Un régal !
de fil en aiguille, la pauvre enfant est soupçonnée par l'évêque du diocèse, don Toribio de Caceres y Virtudes, un vieillard connu pour sa sapience, de rage et même de possession diabolique, ce qui la conduit directement au couvent de Santa Clara pour y être enfermée et confiée à un prêtre exorciste, Don Cayetano Alcino del Espiritu Santo Delaura, la trentaine avec une mèche blanche en forme de croissant de lune dans les cheveux, bibliothécaire du diocèse et homme de guerre de l'évêque inquisiteur, adepte inconditionnel des saintes huiles, armes élémentaires dans la guerre contre le démon. Exorciste qui est persuadé que nous attribuons au démon certaines choses que nous ne comprenons pas, sans penser que ce que nous ne comprenons pas peut venir de Dieu. Il affirme : « Rien n'est plus utile que le doute exercé à bon escient. » Avec Don Cayetano en charge de son âme et de son salut spirituel, contre toute attente la petite va vivre une passion folle et destructrice, et ipso facto maudite.
« Récite avec moi, dit Delaura à la petite : Entre vos mains enfin je m'abandonne. »… Elle obéit et répète : Où je sais que je mourrai », tandis qu'il délaçait le corsage de ses doigts glacés… » « Ils roulèrent dans des abîmes de volupté jusqu'aux limites de leurs forces : exténués mais vierges, car il avait décidé de respecter ses voeux jusqu'au jour du sacrement. » de délires en défis vésaniques, ils vivent leur passion mutuelle avec ses langueurs et ses incendies. Jusqu'au jour des dernières épreuves d'exécution de l'exorcisme…
Marquez, inventeur du réalisme magique nous offre ici un roman d'amour baroque surréaliste et poétique fruit d'une flamboyante imagination, à la croisée de l'Histoire et de la légende, du mysticisme et de l'érotisme.
Citation dans la bouche du docteur Abrenuncio : « L'amour est un sentiment contre nature qui condamne deux inconnus à une dépendance mesquine et malsaine, d'autant plus éphémère qu'elle est plus intense. » À méditer ! Et aussi : « Il n'est de médecine qui guérisse ce que ne guérit pas le bonheur. »
Par la petite histoire on apprend que le couvent des clarisses fut transformé au XIX e siècle en hôpital et qu'en 1949, il fut vendu pour qu'y soit construit en lieu et place un hôtel cinq étoiles. le cryptes furent vidées de leur contenu, cercueils pourris et ossements, bijoux, étoffes et cheveux, plaques commémoratives dont celle de Don Ygnacio de Alfaro y Dueñas marquis de Casalduero. C'est dans la troisième niche de l'autel majeur que l'on découvrit une chevelure immense cuivrée encore collée à un crâne d'enfant ; sur la pierre taillée on put lire Sierva Maria de Todos los Angeles ; déployée à terre , la splendide chevelure mesurait vingt deux - mètres et onze centimètres.
En conclusion, un très bon moment d'une lecture d'un roman allégorique dépaysant et étrange où l'auteur mêle habilement l'Histoire et la légende, sans oublier la symbolique du croissant, sur la tête du chien, dans les cheveux de Don Cayetano et lors de l'éclipse solaire. La forme de croissant que prend une éclipse est due à l'obstruction de la lumière par l'ombre. Ainsi tout au long du récit renaîtra ce combat entre l'ombre et la lumière. Magnifique !
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J'ai lu le livre en peu de temps parce que García Márquez a cette fonctionnalité pour leurs histoires provoquant une dépendance, sont les auteurs qui veulent lire encore et encore.
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Lire Gabriel Garcia Marquez s'est être constamment touché par divers sentiments, certains passages nous attristent, d'autres nous écoeure ou nous révolte c'est un mélange de sensations. J'ai trouvé que ce roman était particulièrement marqué par la décadence de ses personnages. La mère de Sierva Maria est une personne qui nous dégoute qui est prêt à toutes les immondices, égoïste elle rejette sa propre fille, est prête à la sacrifier pour sauver sa propre peau. Chaque personnage nous rebute, tous agisse contre Sierva Maria, la rende coupable de tous les vices au nom de croyance, au nom de l'Inquisition, pour des prétextes qui nous dépasse. J'ai éprouvé beaucoup de pitié pour cette jeune fille traitée comme une esclave, comme un chien avec qui on se permet les pires cruautés.
Ce que j'aime avec cet auteur c'est qu'il ne nous laisse pas insensible, peu importe la situation elle marquera et fera réagir le lecteur.
Un roman que j'ai trouvé magnifique et envoutant.
Lien : https://eemmabooks.wordpress..
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Mon récit préféré de Marquez !
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J'attendais un beau roman et j'ai lu un petit chef d'oeuvre. Il n'est pas très long et peut être lu par un bon public car bien accessible et de facile lecture. L'histoire est déchirante mais décrite avec une telle poésie que chaque passage laisse au lecteur une émotion réelle.
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Ce livre fait partie de ces petits joyaux qui ont contribué à façonner mes goûts de lecteur. Exubérant à souhait, comme toujours avec le Grand Garcia Marquez.
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Dès les premières pages, après une lettre à l'intention des lecteurs apposée par l'auteur lui même et expliquant pourquoi il a choisi de nous narrer cette histoire, j'ai plongé. L'auteur nous entraine avec son brio dans un conte fantastique mêlant religion chrétienne et rites africains, amour courtois et parfois outrageux, réflexion sur une inquisition et humour le reste du temps.

L'héroïne, une enfant de douze ans, va se voir enfermée dans un couvent et subira d'atroces sévices sous l'égide d'une soeur persuadée de voir en elle une possédée ! Les démons sont parfois vindicatifs, ceux que Sierva Maria invoque, les diables yorubas, sont cruels et affreusement tentateurs. En tout cas, c'est ce que croient (et voient) les autres...

La suite sur le blog
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