Lors d'une émission de la Grande Librairie sur France 5,
François Busnel avait présenté ce roman comme étant un thriller. Pas certain ou, si c'est un polar, alors il aurait plutôt des échos (sans jeu de mots) du « Nom de la Rose ». Mais seulement si la dimension théologique du roman d'Umberto avait été remplacée par la politique et ses implications sur l'individu.
Tout commence comme dans « Citizen Kane », le film d'Orson Wells. Un vieux milliardaire meurt en laissant un truc (ici, trois pages, une histoire improbable) à définir, à éclaircir, à expliquer. Et un homme désigné par les héritiers va tenter d'y parvenir. Mais de rencontre en rencontre, de lieu en lieu, ce n'est pas un portrait en creux mais bien plusieurs qui se forment petit à petit sous nos yeux, au fil des pages. Sans parler de l'état d'une nation, du devenir d'un peuple, des espoirs de quelques utopistes. Ce n'est pas un roman mais une collection de matriochkas, aussi surprenantes les unes que les autres. Sans oublier que ces « vies » entrent en résonance avec celle du narrateur, libanais francophone vivant aux États-Unis. Sans oublier que le dernier chapitre vous donne le coup de grâce en vous prouvant par « a + b » l'inanité de certaines démarches. «Ce dont on ne peut parler, il faut le taire. » Et c'est très bien ainsi !
Le style clair, fluide, érudit à certains moments mais jamais étouffant pour autant, n'est pas dénué d'humour (ah ! la liste des gynécologues : un grand moment) ; il est tellement adéquat que je me suis pris au jeu de vérifier certaines informations. Et donc prendre conscience que si tout n'est pas réel, tout n'est pas faux pour autant !