Prête-moi tes clés !

Marcus assis tout près de Victus.
Mama mia ! Malheureux, misérable avec tes mensonges minables, tu me mets dans une merde monumentale. Mais quelle mauvaise mascarade. La musique du malotru, la mélodie du mufle, le miroir du mâle, voilà le monde moderne ? Mystère, je n’ai plus de mots…. Notre langue est marrante, merveilleuse même. Regarde : tu peux prendre les choses au pied de la lettre, avoir les pieds dans le plat tout en étant au pied du mur sans jamais trouver chaussure à ton pied ; tu peux avoir un compas dans l’œil, pour prendre tes jambes à ton cou, même si les bras t’en tombent, à cause d’un poil sur la main. Tu peux avoir la bouche cousue avec un couteau sous la gorge, les oreilles qui sifflent, sans jamais mettre le nez dehors. Tu peux en avoir gros sur la patate d’être pris pour une prune, mais avoir le melon et te fendre la poire. Enfin bref, disait Pépin ! … Tiens, ça me rappelle des questions que je me posais l’autre jour. Je me suis demandé comment faisaient les noirs pour montrer patte blanche ? Et Comment faisaient les blancs pour travailler au noir ? Pourquoi les cordonniers font des clés ? Ou encore, est-ce que quand un mathématicien fait la gueule on peut dire qu’il ne calcule personne ? Est-ce qu’on peut dire à un géomètre obèse qu’il n’est pas mesurable ? Comment les gens faisaient avant qu’il y ait des poignées aux portes ? Comment est-ce qu’ils fêtaient Noël avant Jésus ? Y’a pas que la langue aussi, les Français sont pas mal dans leur genre. Regarde on leur dit il ne faut pas manger trop gras, trop salé, trop sucré, qu’est-ce que font les Bretons ? Ils inventent le caramel au beurre salé… le caramel c’est du sucre, le beurre du gras, et le sel du sel. Souvent, on plaint le mec qui digère mal, mais quand t’y penses lui il prend un bouquin et il attend que ça se passe, on pense jamais au pauvre gars qui galère quand il passe après le mec. Je me pose vraiment beaucoup trop de questions. Tout ça pour dire mon pote, Livia va te mettre à mort.

Romain
Beaucoup de gens ont beaucoup de théories sur beaucoup de choses, moi le premier. Mais après réflexion, remettons à leur rang rudimentaire la pensée ridicule de certaines personnes. Ravir la liberté d’un être ne peut être considéré que tristement barbare. La plupart s’alarment devant les préférences des autres, leur compréhension du monde est étriquée. Que crains-tu ? D’être contre nature ? Rien que par le fait de vivre, prouve que cela est naturel. De nombreuses espèces sur Terre ont des propensions à l’homosexualité. Qui crains-tu ? Les autres ? Il est un fait certain, il y aura toujours des réfractaires, mais plutôt que de les craindre, il faut les plaindre ! Car ils resteront assoiffés par leur haine et leur amertume et ne connaîtront jamais la saveur d’un verre de paix et de bonheur. L’humanité doit-elle encore subir des préceptes archaïques pour satisfaire des doctrines séculaires et pernicieuses contre le bien vivre ensemble ? L’absurdité de leur propos existe depuis des millénaires. Toujours, le genre humain a décrété le choix à faire pour ses congénères sous prétexte d’une pureté de l’esprit. Naguère, les relations avec les étrangers du village étaient interdites. Autrefois, le mélange des races était un crime. À chaque époque, sa croyance, aujourd’hui l’homophobie, un prochain jour les barbus. Qui sont-ils ces gens pour juger immoral l’amour qu’éprouve une personne ? Leurs paroles sont remplies d’un venin corrosif. Il en est de notre devoir, en tant qu’être humain réfléchi, de devenir le remède contre ces radicaux.

Victus fièrement
Moi, de l’eau me suffira !

Aquila
Tiens ! C’est bien la première fois ! Tu crois que l’eau va adoucir tes paroles ?

Victus
Je veux juste être authentique et sincère, ce soir.

Aquila
Noie-toi dans mes larmes pendant que je m’étouffe dans tes paroles !

Marcus qui parle discrètement à Livia qui lui fait signe de se taire
Les hostilités commencent.

Victus
Je suis désolé de t’avoir fait autant de peine. Je t’aime tellement et je souffre aussi de ce que j’ai fait… De ce que je t’ai fait !

Aquila fait mine de chercher quelque chose.

Victus
Qu’est-ce que tu cherches ?

Aquila
Le moment où ce que tu me dis m’intéresse !

Je ne sais plus ce qu’il vaut ! Il m’a agressé le cœur comme jamais. Depuis, j’agonise, seul, abandonné. Je me sens abusé, abîmé, sali. Comment lui pardonner ? Son acte est abject et aberrant. Je l’abhorre de m’avoir fait goûter à la haine alors que je l’aimais, de me rendre la vie amère alors qu’avec lui elle était agréable. Jamais je n’aurais pensé qu’il puisse être à l’origine de mes larmes. Je me suis donné à lui par amour. Je l’ai laissé me découvrir comme personne ne l’avait fait avant lui. Il était mon tout. Il vient de me montrer que je n’étais rien.