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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le sabre de Napoléon.
Fils d'aubergiste, Murat devint maréchal d'empire puis roi de Naples et beau-frère d'empereur avant de finir prince déchu. En voilà un qui n'a pas eu besoin de Parcoursup pour son orientation professionnelle ! Point d'escalade laborieuse de l'échelle sociale, ce fut un vol à la catapulte.
Sa famille l'avait poussé au sacerdoce en entrant au séminaire de Toulouse. Il en sort vite, plus attiré par l'uniforme militaire que par la soutane. L'habit fait le moine et l'entrejambe le démange.
Ce personnage digne de Dumas inspira finalement Balzac pour son colonel Chabert. Il inspira surtout des soupirs à Caroline Bonaparte qui tomba sous le charme du fringuant hussard et poussa Napoleon à lui donner sa main. Fougueux, Murat s'empara vite du reste et lui fit quatre enfants.
François Garde, dont j'avais adoré « Pour trois couronnes » et « l'effroi », accompagne les derniers jours du beau Joachim 1er dans sa cellule de condamné. L'enfermement est propice aux introspections, l'imminence de l'exécution est un terreau favorable à la culture des souvenirs. Les intellectuels n'ont pas le monopole de la nostalgie.
Le récit alterne habilement entre les derniers jours de Murat où il défie avec panache ses juges et la frise chronologique d'une vie qui influença les manuels d'histoire.
François Garde décrit merveilleusement bien les scènes de bataille. On y découvre un chef de guerre courageux dont l'instinct prend souvent le pas sur la stratégie et dont le sens de l'improvisation scellera les plus belles victoires. Murat était une machine de guerre poursuivie par la chance malgré ses uniformes plus colorés qu'une tenue de carnaval de chez Desigual. A croire que les tirs ennemis étaient effarouchés.
Pourtant, derrière le héros des champs de bataille et des édredons, se cachent des fragilités et des blessures que l'auteur révèle avec pudeur. Murat restera toute sa vie un petit garçon en quête et frustré de reconnaissance de la part de Napoléon. L'empereur reconnaissait que son beau-frère était le meilleur officier de cavalerie de son armée au combat. Il disait qu'il avait un très grand courage mais… fort peu d'esprit. Napoléon n'était pas avare d'humiliations. Un brin taquin et amusé par le mal de mer dont souffrait Murat, l'empereur le nomma… amiral.
A la lecture de cette biographie romancée, la sentence semble injuste. Dans sa diplomatie et sa gouvernance, Murat eut des réussites comme l'unification temporaire de l'Italie qui lui valut l'affection de la population. Néanmoins, il fit aussi la connaissance de l'échec avec la campagne d'Espagne où il réprima l'insurrection de la population par des centaines d'exécutions peu glorieuses (voir le tableau de Goya « Tres de Mayo ») et de déroutes avec ses rapprochements pitoyables pour sauver son royaume de Naples pendant la débâcle. Murat trahit Napoléon mais François Garde lui accorde des circonstances atténuantes : volonté d'émancipation et instinct de survie comme mots d'excuse.
Autre réussite du roman, la découverte pour moi de Caroline Bonaparte. Plus stratège et intelligente que son mari, s'autorisant quelques liaisons plus ou moins diplomatiques, et capable de faire infléchir son empereur de frère, elle forçait l'admiration de son mari et mériterait une plus grande postérité.
Sans être un assidu des biographies de Jean Tulard ou un excentrique qui se déguise chaque année pour reconstituer les batailles Napoléoniennes dans des uniformes d'époques plus résistants aux baïonnettes qu'à l'embonpoint des participants, j'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture.
Bicorne bas pour cet homme "qui eu une vie plus grande que ses rêves."
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Octobre 1815, quatre mois après Waterloo, Napoléon navigue (à l'insu de son plein gré) vers Sainte Hélène et Joachim Murat vogue vers Naples.

L'ex-Roi de Naples débarque le 8 octobre, est capturé par les forces de l'ordre fidèles aux Bourbons et emprisonné durant six journées qui sont propices à un examen de conscience.

Sans aucun remords, mais non sans regret, l'ex-séminariste passe en revue son existence extraordinaire qui en a fait un soldat, un officier, réprimant les royalistes révoltés de Vendémiaire puis participant à la campagne d'Egypte et d'Italie. Acteur déterminant du dix huit brumaire, il propulse le petit caporal aux plus hautes destinées sans que celui-ci se sente débiteur.

Époux de Caroline, soeur cadette de Napoléon, il contribue à toutes les victoires de l'Empereur jusqu'à Moscou et est nommé Roi de Naples.

Piètre politique il essaye de sauver son trône et trahit la France puis, lors des cent jours, trahit la sainte alliance et se rallie à Napoléon… de quoi perdre toute crédibilité et toute légitimité.

Du huit au treize octobre, jour et nuit Murat revit et revoit sa destinée, celle de son épouse et celle de l'empire. Pages magnifiques qui rappellent que Naples fut la cité dominante de l'Italie au XIX siècle, dans l'orbite britannique, et joua un rôle essentiel dans les mouvements qui forgèrent l'unité italienne.

Avec panache, Joachim Murat commande le peloton qui le fusille le treize octobre 1815.

Merci à François Garde de nous remémorer celui qui, à l'égal d'un du Guesclin ou d'un Bayard, incarne l'un de nos plus braves soldats !

Une biographie romancée incontournable en cette année où la France commémore la mort de Napoléon.
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Régulièrement, je me replonge dans l'épopée napoléonienne. Tout ça à cause de mon grand-père qui m'offrit un livre illustré sur Napoléon quand j'étais gamine. le vieil homme était un conteur hors pair. Il sut me transmettre sa nostalgie de l'Empire. La biographie romancée de François Grade est moins érudite que les ouvrages d'un Jean Tulard et moins épique que les romans d'un Patrick Rambaud, mais elle est sincère. Comme nombre de protagonistes de l'épopée napoléonienne, Murat n'est pas un aristocrate ou un « fils de ». C'est un autodidacte issu d'une famille du Quercy. L'auteur est fasciné par la capacité de l'Empire à faire grimper des hommes du peuple en haut de l'échelle sociale. Il y a quelque chose de romantique dans cette gloire obtenue par l'ambition et la bravoure. le livre est construit autour de trois personnages, l'Empereur, sa soeur Caroline et celui sur lequel elle jeta son dévolu dès l'âge de 15 ans, le beau et vaillant Murat. Ce dernier passera sa vie à quémander la reconnaissance de son beau-frère, toujours un peu dédaigneux à son égard (p156). L'assentiment ne viendra qu'une fois, sous la forme d'une boutade (p260). Murat était pourtant prévenu, « jamais Bonaparte de s'est considéré comme redevable de quoi que ce soit envers quiconque ». On peut reprocher à François Garde de s'étonner de l'ingratitude de Napoléon sans jamais vraiment l'expliquer. Ce mystère constitue le ressort dramatique de ce livre aux accents shakespeariens – l'émancipation du fils. Avec plaisir, on traverse le siècle et l'Italie. La famille Murat n'a pas seulement mené une « vie d'expat. » dans le Golfe de Naples. Elle s'est imprégnée de cette terre accueillante, jusqu'à la marquer durablement de son empreinte (p280) – à noter le savoureux passage sur la robe de corail de Caroline et ses effets collatéraux sur la mode et le commerce (p201). Un bon moment de lecture donc, malgré les hésitations de l'auteur (comme beaucoup d'autres, « fascinés » avant lui) : retranscrire les faits historiques ou magnifier la force de ce destin hors norme.
Bilan : 🌹
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François Garde est un romancier qui me réjouit toujours. Quel bonheur, si l'on est un peu amateur d'histoire, de se plonger dans ce joli roman qui explore la galaxie des maréchaux d'empire, ces soldats souvent sortis du rang que Janus Napoléon sut élever sur des trônes et renier tout aussi naturellement dans nombre de cas. Joachim Murat, roi de Naples, fut l'un des plus prestigieux. Modeste fils d'aubergiste du Sud-Ouest il devint le beau-frère de l'empereur en épousant Caroline Bonaparte.

Octobre 1815, quatre mois après Waterloo, Napoléon navigue vers un caillou perdu en plein Atlantique. Murat, désormais ex-roi, tente de revenir en grace auprès de ses anciens sujets. Dans la grande débandade qui suit la fin de l'empire chacun essaie de sauver sa fortune et sa peau. Fait prisonnier par les fidèles des Bourbons il va vivre six journées de réclusion, un procès bâclé, une exécution sans délai. le prince Joachim Murat se penche sur sa vie. Et c'est absolument passionnant. Roi par effraction, habilement bâti avec alternance du court emprisonnement du souverain de circonstance et des années de conquêtes, de victoires et de déboires, est une sacrée aventure, digne de Dumas, probablement sertie de quelques libertés avec la grande histoire. Peu importe, les Français qui aiment justement l'histoire, que je crains peu nombreux tant règne l'ignorance, se régaleront. Rares sont les époques où l'ascenseur social, certes assez guerrier, pouvait fonctionner. Sachant qu'un ascenseur peut parfois vous envoyer par le fond.

Murat, en quelques jours de geôle, réinterprète les étapes de sa vie exceptionnelle, de son enfance gasconne aux batailles impériales, de son mariage dans l'ombre de Napoléon au palais de l'Elysée qui fut sa résidence. Murat, une vie d'action, de hauts et de bas, des brutalités de sa répression en Espagne (Goya) aux rêves d'unité italienne. En quelques sorte un précurseur même si cela tourna court. Joachim Murat, roi de Naples périt sous les balles des Bourbon, jugement pour le moins expéditif.

Roi par effraction, à lire comme un feuilleton de cape et d'épée, chevauchées et intrigues, trahisons et ingratitudes, une Europe à feu et à sang, et l'extraordinaire destin d'un gamin d'un village du Quercy. L'Aigle déchu dans son île hors du monde avait au moins permis ceci. Il arrive que les aigles ressemblent aux vautours.
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François Garde livre ici un roman historique intéressant qui permet d'en savoir plus sur Joachim Murat, illustre militaire du Premier Empire.

J'ai quelques notions sur les évènements de cette période, sans être un expert, loin de là même, mais je ne connaissais pas bien Murat. Ce livre est franchement bien écrit, passionnant et éclairant. Un petit chapitre final intitulé "postérité" permet à l'auteur de poser la frontière entre le roman et l'histoire en indiquant les points inventés et ceux avérés.

La matière pour faire un bon roman était là puisque celui-ci se déroule à une période riche de l'histoire (mais y-a-t-il des périodes pauvres dans l'histoire ?). L'auteur couvre toute la vie de Murat, ce qui est un bon point puisque l'on cerne de mieux en mieux le personnage et ses motivations ainsi que le contexte de certaines de ces décisions.

Quelques périodes historiques auraient éventuellement être un peu plus développées avec plus de détails sur le contexte, mais ce n'est pas bien grave puisque le lecteur pourra aller chercher des informations dans les nombreux ouvrages concernant cette période.

Après tout, c'est un roman, et non un livre d'histoire, qui concerne un illustre personnage que l'on retrouve bien au centre du roman tout au long de l'histoire.

Un bon roman historique donc, à l'écriture bien agréable. C'est écrit par un passionné d'histoire, cela se sent et cela donne envie de découvrir les autres ouvrages de l'auteur.
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Biographie romancée de Joachim Murat dans l'ombre du Corse. La vie d'un trans classe est aussi difficile que la vie d'un transgenre.
Je retiendrai la dernière phrase du livre où une médiocre commission ad hoc a supprimé en 2015 le joli nom fleurant le terroir, — Labastide-Murat —, au profit d'un nom pasteurisé roté par un publicitaire, Coeur-de-Causse. Sic transit gloria mundi.
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François Garde nous emmène dans le Sud de l'Italie pour vivre les derniers jours de Joachim Murat. L'écriture est alerte. Nous sommes plongés rapidement dans le même cachot que l'éphémère roi de Naples. L'auteur a suffisamment de fantaisie pour créer et placer les pièces manquantes du puzzle. Roman ou récit… Réalité ou imagination? Qu'importe puisque seul nous importe le plaisir de la lecture.
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Très intéressant roman, très documenté, presque une biographie en fait. J'ai beaucoup aimé le style et la construction du roman. Tous ceux qui s'intéressent à cette époque y prendront du plaisir. Les autres découvriront un autre monde.
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