Trop souvent, les enfants ont tendance à vouloir donner les réponses qu’attendent les adultes au lieu de dire la vérité.
Ils doivent avoir l'habitude. Les associations de parents d'élèves sont les premières à ne jamais remettre en cause le rôle de la famille. Cest toujours la faute de l'école. A chaque fois quil y a un
problème, les gens poussent les hauts cris en se demandant ce que font les enseignants.
Rainie soupira avant de se souvenir que l'inconnu en costume bleu marine attendait toujours sur le pas de la porte.
- Je peux vous aider ? demanda-t-elle d'un ton brusque.
- Lorraine Conner ?
- Je ne sais pas. Qui la demande ?
L'homme eut un petit sourire en coin. Ses yeux se plissèrent et Rainie en profita pour le dévisager. Un visage de chasseur. Un regard bleu acéré. Elle ne savait pas qui était son interlocuteur, mais elle aurait préféré qu'il prenne ses cliques et ses claques.
Les yeux de Rainie se mirent à briller, ce qui fit sourire Quincy.
– L’emmerdeuse de service, tu dis?
– Je crois que tu as le physique de l’emploi.
– Agenquêteur, je crois que je pourrais vous embrasser.
– Des promesses, toujours des promesses... dit-il d'un air détaché.
Savoir qu’elle ne serait jamais qu’une poussière dans l’infini du temps et que les étoiles survivraient longtemps à ses souffrances…
Toujours garder sa voiture afin d’ être en mesure, quoi qu’il arrive, de rentrer chez soi.
Comme tout le monde aux Etats-Unis, il n'avait suivi que de loin la fusillade qui avait eu lieu en novembre 1995 à la Richard High School de Lynnville dans le Tennessee, faisant deux morts et un blessé. Ce village de 353 habitants était trop éloigné des préoccupations habituelles de Quincy, et tout semblait indiquer qu'il s'agissait d'un cas isolé. Trois mois plus tard, autre fusillade, cette fois à la Frontier Junior High de Moses Lake, dans l'Etat de Washington. Trois morts et un blessé, le responsable était un élève de quatorze ans. Un an plus tard, presque jour pour jour, nouvelle fusillade à Bethel en Alaska. Deux morts, deux blessés, le tueur de seize ans avait invité un groupe de copains à assister à la tuerie. Huit mois plus tard, Luke Woodham, âgé de seize ans lui aussi, avait assassiné trois personnes et en avait blessé sept autres à Pearl dans le Mississipi. Deux mois plus tard, trois élèves trouvaient la mort à la Heath High School de West Paducah, Kentucky. C'était à chaque fois la même chose, et la liste s'était allongée depuis avec Jonesboro en Arkansas, Springfield dans l'Oregon, Littleton au Colorado, Fort Gibson en Oklahoma. Autant d'établissement scolaires, autant de tragédies qui avaient frappé les consciences.
La société n’est pas faite de monstres, mais de gens fragiles et instables qui travaillent trop , mangent trop et vivent dans des villes surpeuplées. C’est un mélange détonnant, particulièrement quand ils ne sont pas très malins et plutôt caractériels. On en a la preuve avec cette flambée d’actes agressifs et haineux, et je parle aussi bien de la violence routière que de celle qui s’exprime à travers une fusillade comme celle-ci.
Il existe à l'intérieur de chaque être des barrières à ne pas franchir, et que le respect de la vie humaine en était une.
J'étais une gamine, je ne connaissais rien à la justice. En revanche, je savais très bien ce qui s'était passé dans ma tête, et ça n'avait rien à voir avec de la légitime défense. Il m'avait humiliée, il m'avait enlevé ma mère et j'avais envie de le tuer. Je voulais le rayer définitivement de la surface de la Terre et c'est pour ça que j'avais repris le fusil de ma mère.