De l'enfance il ne nous reste qu'un vertige indéfinissable, juste de quoi retenir le regret.
Il n'était pas incapable de vivre seul, il ne concevait la solitude qu'accompagné.
Fabien ne trouvait aucun intérêt au paysage qui défilait devant ses yeux, jaune colza, vert pomme, bleu con.
Il y a quelques années, le sirocco avait soufflé sur Paris. Il faisait très chaud. Une fine couche de sable rose recouvrait les voitures. Fabien était au même endroit sur un balcon. Il aurait voulu qu’il en tombe un mètre, comme la neige quand il était petit. Mais rien ne tenait ici, tout tournait en boue. Ça venait sans doute de la mauvaise qualité des rêves.
Il fallait laisser faire la vie, elle se chargeait de tout et réalisait les souhaits au-delà de toute espérance.
Combien sommes-nous, accoudés à nos fenêtres, une canette de bière à la main, à nous demander si ça peut encore nous arriver. Nous ne savons même plus ce que c'est que ça. La gloire ? La fortune ? L'amour ?
"IL faut laisser faire la vie, elle se chargeait de tout et réalisait les souhaits au- delà de toute espérance ."
Il était toujours d'accord avec les chauffeurs de taxi, les coiffeurs, les bouchers, les autres en général, et c'était sans doute pourquoi il était encore en vie.
Elle faisait penser à une photo surexposée, à peine un contour, à se demander si elle pouvait projeter une ombre.
Ça ne l'empêchait pas d'être persuadé que la télé était la meilleure amie de l'homme, loin devant le chien, le cheval et même Sylvie. (p. 20)