Un premier verre :
Un ancien nazi est hanté par un dibbuk : un juif exécuté sous son ordre et qui s'est indignement fait remarquer au moment de mourir.
C'est l'occasion de situations qui font sourire : imaginer l'ancien nazi utiliser des termes yiddish, respecter les fêtes juives…
Un deuxième verre :
L'ancien nazi est devenu commissaire de police et il enquête sur une série de meurtres. Les morts sont des hommes déculottés, avec un sourire inimaginable figé au moment de leur mort… Il y en a déjà 22, non 24…
Un troisième verre :
Osons des blagues sur les juifs (mais pas que) que personne d'autre ne pourrait se permettre.
« Lorsque Hitler avait ordonné l'extermination des romanichels, on dit que de très nombreux tzigoïner avaient eux-mêmes tué leurs femmes et leurs enfants, volant ainsi le SS de l'unique satisfaction qu'ils pouvaient puiser de leur contact avec une race inférieure. Les tziganes volent tout, c'est bien connu. »
Je ne mets qu'un exemple ici pour ne pas me laisser aller à la citationnite aigüe que provoque invariablement chez moi Gary, mais il y a d'autres « perles » de ce genre, bien que certaines aient des airs de déjà vu…
Un quatrième verre :
Laissons-nous aller à nos thèmes de prédilections à travers quelques réflexions récurrentes :
« Au fond, la plus noble conquête de l'homme, c'est son vestiaire. Ça le couvre admirablement. » (Encore une citation, tant pis.) Cette idée, que l'on retrouve évidemment dans
le grand vestiaire, mais aussi dans
Lady L, dans
Europa (et sûrement d'autres encore) que dans les sociétés cultivées, les gens commettent les mêmes actes primitifs, ont les mêmes instincts primitifs, mais habillent ceux-ci de culture.
Des réflexions sur Dieu, la fraternité, l'assimilation… l'humanité bien sûr.
Un cinquième verre :
Un petit délire supplémentaire : quelle conscience est allée hanter l'autre ? Ne serait-ce pas le nazi qui serait prisonnier du juif. Lequel juif, alors, serait même un écrivain. Tiens, tiens !
Un sixième verre :
Notre plus grande angoisse commence à prendre toute la place ici : satisfaire une femme difficile. Est-ce la femme qui est frigide ou l'homme qui est impuissant.
Un septième verre :
Lili, il faut tout lui donner, en masse s'il le faut. Elle désespère presque mais Florian est là pour lui rappeler qu'elle n'a pas épuisé toutes les possibilités des hommes.
Un huitième verre :
Romain, écrivain, s'est trouvé mal, en visitant le musée de l'insurrection à Varsovie. Ce qui a donné ce livre.
Romain Gary a toujours dit avoir la phobie de l'alcool. Il faut donc chercher ailleurs l'explication d'un tel délire : des verres de lucidité ?
Les obsessions de
Romain Gary viennent-elles réellement de la guerre ? On peut en douter lorsqu'on lit dans
le vin des morts (écrit en 1937) « […] de cette ignoble petite putain toujours si crasseuse et malodorante qu'on appelle l'âme humaine. » Il s'agit bien là déjà de Lili !