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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Heureuse période de lecture : cette "Danse de Gengis Cohn" de Romain Gary est un livre inclassable où Gary laisse libre cours à sa fantaisie et à ses obsessions dans une sorte de plaidoirie illuminée pour l'humanité éternellement en butte à la bêtise et à la cruauté de sa propre part d'ombre. Mais fort heureusement, un dibbouk, démon échappé de la culture juive d'Europe centrale peut à tout moment surgir et venir hanter le plus insensible des nazis, jusqu'à le rendre fou, et là, avec Romain, qu'est-ce qu'on rigole !
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Un premier verre :
Un ancien nazi est hanté par un dibbuk : un juif exécuté sous son ordre et qui s'est indignement fait remarquer au moment de mourir.
C'est l'occasion de situations qui font sourire : imaginer l'ancien nazi utiliser des termes yiddish, respecter les fêtes juives…

Un deuxième verre :
L'ancien nazi est devenu commissaire de police et il enquête sur une série de meurtres. Les morts sont des hommes déculottés, avec un sourire inimaginable figé au moment de leur mort… Il y en a déjà 22, non 24…

Un troisième verre :
Osons des blagues sur les juifs (mais pas que) que personne d'autre ne pourrait se permettre.
« Lorsque Hitler avait ordonné l'extermination des romanichels, on dit que de très nombreux tzigoïner avaient eux-mêmes tué leurs femmes et leurs enfants, volant ainsi le SS de l'unique satisfaction qu'ils pouvaient puiser de leur contact avec une race inférieure. Les tziganes volent tout, c'est bien connu. »
Je ne mets qu'un exemple ici pour ne pas me laisser aller à la citationnite aigüe que provoque invariablement chez moi Gary, mais il y a d'autres « perles » de ce genre, bien que certaines aient des airs de déjà vu…

Un quatrième verre :
Laissons-nous aller à nos thèmes de prédilections à travers quelques réflexions récurrentes :
« Au fond, la plus noble conquête de l'homme, c'est son vestiaire. Ça le couvre admirablement. » (Encore une citation, tant pis.) Cette idée, que l'on retrouve évidemment dans le grand vestiaire, mais aussi dans Lady L, dans Europa (et sûrement d'autres encore) que dans les sociétés cultivées, les gens commettent les mêmes actes primitifs, ont les mêmes instincts primitifs, mais habillent ceux-ci de culture.
Des réflexions sur Dieu, la fraternité, l'assimilation… l'humanité bien sûr.

Un cinquième verre :
Un petit délire supplémentaire : quelle conscience est allée hanter l'autre ? Ne serait-ce pas le nazi qui serait prisonnier du juif. Lequel juif, alors, serait même un écrivain. Tiens, tiens !

Un sixième verre :
Notre plus grande angoisse commence à prendre toute la place ici : satisfaire une femme difficile. Est-ce la femme qui est frigide ou l'homme qui est impuissant.

Un septième verre :
Lili, il faut tout lui donner, en masse s'il le faut. Elle désespère presque mais Florian est là pour lui rappeler qu'elle n'a pas épuisé toutes les possibilités des hommes.

Un huitième verre :
Romain, écrivain, s'est trouvé mal, en visitant le musée de l'insurrection à Varsovie. Ce qui a donné ce livre.

Romain Gary a toujours dit avoir la phobie de l'alcool. Il faut donc chercher ailleurs l'explication d'un tel délire : des verres de lucidité ?

Les obsessions de Romain Gary viennent-elles réellement de la guerre ? On peut en douter lorsqu'on lit dans le vin des morts (écrit en 1937) « […] de cette ignoble petite putain toujours si crasseuse et malodorante qu'on appelle l'âme humaine. » Il s'agit bien là déjà de Lili !



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LA DANSE DE GENGIS COHN de ROMAIN GARY
C'est la deuxième partie de Frère Océan, il n'y a pas de continuité d'histoire, c'est plutôt le thème qui est exploré sous un autre angle. Gary questionne encore un monde aux tentations totalitaires et les valeurs véhiculées par l'Europe. Gengis Cohn est l'émanation de Moiché Cohn, juif polonais devenu comique qui se produisait dans des cabarets yiddishs. Il a connu Auschwitz, s'est évadé puis repris par des SS commandés par Schatz. Depuis, Schatz vit avec lui, dans sa tête, c'est un dibbuk, sorte de démon, il est devenu commissaire de police et il enquête sur des meurtres, 22 d'abord, qui ont une particularité, les victimes sont sans Culottes et ont un sourire béat sur leur visage. A partir de là, Gary va laisser libre cours à son délire, avec un humour noir voire macabre, faire des blagues que seul un juif peut se permettre de faire, car comme dans l'éducation européenne, la barbarie des chambres à gaz est au centre du roman. La culture est elle seulement le vestiaire dont on couvre l'horreur, analogie qu'il reprendra dans le GRAND VESTIAIRE?
C'est un livre totalement déjanté, bourré d'humour, hilarant par moment, grave par les sujets abordés, désespérant par les réponses suggérées. C' est un des plus denses aussi, car si le dibbuk juif infecte le cerveau nazi, il y a Lily et Florian, Lily qui contribue à la danse, la hora qu'exécute Cohn Lily la tentatrice, et Florian qui représente l'eunuque, contrepoint du corps aryen.
Un des meilleurs Gary pour moi, à relire en raison de sa richesse et de sa complexité.
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