Comment faire le bilan de sa vie, sans se vautrer dans un catalogue de poncifs souverains, de bien-pensance et d'éloge de soi-même?
Romain Gary évite l'écueil et les cueille même bien mûrs pour les jeter à la tronche de son interlocuteur qui n'est autre que ...lui-même.
Toutefois, il a emprunté le patronyme de son ami
François Bondy pour la forme et agrémenter le propos.
Autant les questions sont incisives, autant Roman Gary "Cooper" n'évite aucune question et défouraille sur tous les sujets et les personnalités qu'il a rencontrées.
Si ses propos sur
Hemingway, Mendès France et l'ONU sonnent le glas de leur relation. Il affirme son admiration pour sa mère,
De Gaulle,
John Ford et Gary Cooper.
Ces propos tenus sur le ton d'une conversation tiennent du galop verbal et l'on passe roidement d'un sujet à l'autre.
Mais parfois cette lecture est suspendue quand il parle de la déchéance humaine à Hollywood, dans les hôtels-bordels de l'île Maurice ou de sa propre condition à 60 ans.
Une vie aux multiples rebondissements: enfance à Vilnius puis à Nice sans père- mais avec quelle mère!-, aviateur au sein de la RAF en 1940, compagnon de la Libération, diplomate pendant 15 ans, voyageur, cinéaste et écrivain.
L'insatiable
Romain Gary ne sait pas comment s'arrêter, pourtant, en 1974, 6 ans avant sa mort, il n'y a pas que son "je" littéraire qui lui pèse.
Ouvrage indispensable pour comprendre sa vie et son oeuvre.