29 avril - 4 mai 1992.
Ces dates ne vous rappellent rien ?
Mais si, bien sûr… les 6 jours d'émeutes, qui ont plongé Los Angeles dans le chaos. Un chaos fait de violences : des pillages, des centaines d'incendies, des règlements de comptes entre gangs. Un chaos qui a fait des victimes : plusieurs dizaines de morts et plus de 2000 blessés.
L'origine de ce chaos : un verdict jugé inique à l'encontre de quatre policiers… acquittés après avoir passé à tabac un Afro-américain du nom de Rodney King.
L'auteur nous plonge au coeur de ces émeutes à travers 17 personnages, qui tour à tour et de manière chronologique nous font vivre cet embrasement historique de la ville des anges devenue le Pandémonium.
Ces 17 personnages, pompiers, infirmières mais surtout pour la plupart membres de gangs, appartiennent à la communauté "latino" et jargonnent dans une langue épicée de beaucoup de mots et d'expressions mexicaines, salvadoriennes… (il y a un glossaire pratique en fin d'ouvrage).
Le style est donc un langage oral, direct ; chacun des protagonistes s'adressant au lecteur dans un tutoiement qui, forcément "implique" ce dernier.
Leurs noms sont des surnoms, des "blazes", qu'il est recommandé de bien identifier pour ne pas se perdre dans ce roman choral.
Leurs vies sont des rémissions dont la devise est : "tu joues, tu payes"
Beaucoup de dope, énormément de violence (dans un tel contexte… c'est presque normal), la mort est omniprésente… on s'y habitue presque. La vie, c'est l'instant… Si tu es toujours vivant à 25 ans, c'est en soi un exploit, une anomalie qui déroge aux statistiques.
Les amours ne s'installent jamais dans la durée. le rêve est un luxe qui leur est à jamais inaccessible et ce en dépit de tous les trafics auxquels ils se livrent.
Ces
six jours d'émeutes, c'est une sorte d'acmé infernale pour ces despérados dont les destins vont fusionner avec les brasiers qui vont noircir le visage angélique d'une ville dont
James Ellroy nous a appris qu'elle avait la "perfide beauté d'un dahlia noir."
Un extrait :
" de telles situations se produisent parce que cette ville est en réalité balkanisée. Ce qu'il y a, à Los Angeles, c'est un mélange particulièrement toxique de citoyens aux histoires culturelles et aux systèmes de croyances singulièrement disparates, mais ce qu'il y a par-dessus tout c'est une population affiliée à des gangs hautement fragmentés, dont le nombre est évalué à cent deux mille individus (nous sommes en 1992 !!!)… La première fois que j'ai eu connaissance de ce chiffre, j'ai dit à mon supérieur : " Ce n'est pas une statistique, c'est une armée."
Rien qu'en 1991, on a pu imputer à cette frange de la population sept cent soixante et onze meurtres… plus de deux par jour.
Prêts pour un voyage à L.A ?