Après avoir boutonné son imperméable, il poussa la porte de l’immeuble. C’est là qu’ils se trouvèrent à nouveau face à face. Salvatore Piracci se figea. Elle était là. Dans la même immobilité que la dernière fois. Le même visage têtu et les mêmes yeux grands ouverts qui semblaient vouloir happer le ciel.
Il se demanda ,un temps ,où aller.Il voulait une solitude pleine et reposante.Il prit alors la direction du petit cimetière de Lampedusa. La fatigue de sa propre existence lui collait à la peau.Il la sentait peser sur son dos avec la moiteur d'un soir d'été.Il était vide et plein de silence. ( page 110).
Il repoussait des hommes qu'il enviait chaque jour un peu plus. Sa frégate le dégoûtait. Elle lui semblait une horrible chienne des mers qui aboie avec rage sur les flots. Par habitude. Par fatigue. Par méchanceté.
Dans une seconde, nous serons comme des animaux craintifs qui sursautent à chaque éclat de voix. Je suis heureux qu'en ce dernier instant de paix tu m'aies regardé, mon frère.
Nous sommes deux. Et je comprends que tu es comme moi. Tu as besoin de me savoir sur tes pas. Tu as besoin de ma voix pour ne pas défaillir. Je te suis, mon frère.
C'est vers toi que j'irai. Toi seul seras d'accord avec moi. Ces évocations lointaines, comme à moi, te feront du bien. Nous goûterons le doux soulagement des exilés qui parlent de meur manque pour tenter de combler. Nous vieillirons ensemble, mon frère. Promets-le moi. Ou je ne vieillirai pas.