Que la côte des Pouilles est triste !
Notons tout d'abord la cohérence de l'attribution du Prix Goncourt à un auteur qui rend si bien hommage à la maxime des deux frères : « Un auteur doit être dans un livre comme la police dans la ville : partout et nulle part. »
Car
Laurent Gaudé est bien partout -en m'as-tu vu quand j'é
cris, avec mes successions de phrases de trois mots* ? - et nulle part.
Cette saga familiale sur ces terres des Pouilles écrasées de chaleur, nécessitait de la passion, de la violence, des fulgurances tragiques…
Rien de tout ça ici où le récit se contente de dérouler nonchalamment l'idée de départ, s'enfonçant dans un tourisme littéraire de bazar, alignant les spécialités culinaires du sud italien pour masquer l'inanité du propos. Par rapport à ce « Soleil des Scorta », « Plus belle la vie », c'est Hamlet.
Quelques points positifs toutefois : c'est un livre très rapide à lire, léger, il se tient bien à bout de bras sur la plage. (pendant que je le subissais sur le sable, des méduses sont apparues dans la mer. Coïncidence ?)
Et puis, ce roman contient de vrais passages comiques : « La pierre gémissait de chaleur », « les hommes, comme les olives, sous le soleil de Montepuccio, étaient éternels »…
* "Nous avons essayé. C'est tout. de toutes nos forces, nous avons essayé. Chaque génération essaie. Construire quelque chose. Consolider ce que l'on possède. Ou l'agrandir. Prendre soin des siens. Chacun essaie de faire au mieux. Il n'y a rien à faire d'autre qu'essayer…".
Finalement, ce roman est peut-être un essai...